Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2023 (Michel Lafon)
Genre : Enquête
Personnages principaux : Commissaire Victor Venturi – Olivia Montalvert, psychologue
D’abord, quelques mises en garde : ne vous laissez pas influencer par l’image de la couverture, ni par le titre; c’est vrai qu’on a affaire à un méchant sadique qui découpe quelques femmes en morceaux, mais le lecteur n’assiste pas à ces scènes. Les amateurs de littérature gore n’auront pas de quoi se réjouir ici. Deuxio, le problème posé par cette intrigue n’est pas de découvrir le but du tueur : on le connaît déjà puisque le meurtrier lance officiellement un défi au commissaire Venturi en lui confessant les cinq enlèvements de femmes qu’il fera souffrir lentement avant de les tuer. Il s’agira donc de découvrir ce qui relie ces cinq femmes, puis l’identité de l’assassin.
Le commissaire Venturi, alias le Cow-boy, a la réputation d’être agressif, violent, chauvin, démodé selon les plus jeunes, qui veulent moins se salir les mains. Sa coéquipière est la jeune psychologue et criminologue Olivia Montalvert; poignardée dès le début par le psychopathe, elle se remet rapidement, et s’efforce d’empêcher les assassinats promis. Sensible mais entêtée, elle est la seule qui n’hésite pas à rembarrer le commissaire. L’interaction de cet étrange binôme est un atout majeur de cette histoire.
En même temps que Venturi charge ses hommes de monter un dossier sur les femmes récemment portées disparues, le lieutenant Justin Dastray trouve une des victimes affreusement mutilée dans une cage sur la scène d’un théâtre. Au lieu de collaborer avec les autres policiers, il se jette dans une traque personnelle, alors qu’il est déjà rudement amoché : peinant à se relever d’un coup dur, il ne s’est pas lavé et n’a pas dormi depuis des lustres. Devenu suspect, il échappe à Venturi tout en croyant savoir où se cache le Monstre.
Montalvert est parvenue également à découvrir son identité mais, se sachant découvert, le Monstre la capture et s’apprête à lui crever un œil. Dastray aimerait bien venir à son secours mais il traîne la patte. Les forces policières arriveront-elles à temps pour empêcher le pire ?
Bon sens du suspense allié à une discrète touche d’humour. Les principaux personnages frisent un peu la parodie, pourraient penser certains, mais on aime croire qu’ils sont réels. La composition est habile : l’auteur s’amuse à déjouer le lecteur.
Extrait :
Il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Pour la troisième fois ce matin, Olivia Montalvert tentait de le joindre (…).
Il décrocha.
─ Quelle obstination ! Vous avez quelque chose d’important à m’annoncer ? Vous n’êtes plus végétarienne ?
Discuter avec Menthe-à-l’eau[1] lui ferait du bien. Il appréciait cette jeune femme à l’intelligence vive et à l’humour cinglant (…).
Mais elle ne répondit pas.
─ Montalvert ? relança-t-il.
─ Bonjour, commissaire.
C’était une voix d’homme. L’intonation était étrange. Le son avait probablement était trafiqué.
─ Qui êtes-vous ?
─ La partie vient de commencer.
Venturi fronça les sourcils. Cela ne ressemblait pas à Menthe-à-l’eau de faire ce genre de plaisanterie.
La voix reprit :
─ J’ai enlevé cinq femmes, commissaire. Je les fais souffrir. Lentement. Avec une savante cruauté. Et ce n’est que le début.
[1] Surnom de Montalvert.
Niveau de satisfaction :
(4,2 / 5)