Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2023
(The Last Highway)
Date de publication française : 2024 – Sonatine Éditions
Traduction (anglais) : Fabrice Pointeau, révisé par Pierre Delacolonge
Genres : Enquête, Thriller
Personnage principal : Victor Landis, shérif en Géorgie
Victor Landis, shérif dans le comté d’Union en Géorgie, apprend que son frère, également shérif dans un autre comté, est mort assassiné. Dans un premier temps, Victor est peu affecté par la mort d’un frère avec qui il était brouillé et qu’il n’avait plus revu depuis plusieurs années. Il n’avait pas l’intention de se mêler à l’enquête, mais sa nièce, la fille de son frère, une gamine de onze ans, vive et effrontée, le secoue et lui demande avec force de découvrir ce qui est arrivé à son papa. Finalement, Victor décide d’en savoir un peu plus, pensant, dans un premier temps, que son frère a été mêlé à une affaire illégale qui justifierait son meurtre. Son enquête va prendre une ampleur insoupçonnée avec la découverte d’une série de meurtres d’adolescentes qui avaient disparu. Ses investigations vont alors devenir dangereuses.
L’enquête de Landis concernant la mort de son frère commence lentement, c’est une série de consultations et de rencontres sans qu’il en ressorte de preuves évidentes ni de découverte importante. Landis en tire juste quelques suppositions et des intuitions, rien de bien concluant. Cette partie est un long et lent cheminement d’une enquête qui piétine. Tout change quand sa nièce à laquelle il s’est beaucoup attaché est menacée. Alors le shérif débonnaire se transforme alors en chasseur impitoyable n’hésitant pas à sortir des procédures légales pour obtenir les renseignements qui lui sont nécessaires.
Au niveau des personnages, le shérif Victor Landis tient le rôle principal. C’est quelqu’un de droit et juste, mais ce n’est pas un marrant. Il a 46 ans, veuf, sans enfant. C’est un solitaire et un taiseux. Sa secrétaire Barbara, pas du tout impressionnée par le bonhomme, l’asticote souvent amicalement car ils s’entendent parfaitement tous les deux, leurs dialogues sont souvent savoureux. On se demande longtemps ce qui s’est passé entre Victor et son frère Frank pour qu’il y ait une telle froideur devant l’annonce de la mort du frère. Il faudra atteindre la dernière partie du livre pour l’apprendre. Landis présente deux faces dans cette enquête : d’abord, celle d’un homme placide, respectueux, calme, et puis quand sa nièce est en danger, il devient implacable et même cruel. Victor s’est pris d’affection pour cette nièce dont il ignorait l’existence il y a seulement quelques jours. Il faut dire qu’elle est craquante la petite Jenna. Elle est très mature pour son âge et elle a une volonté féroce, elle n’arrêtera pas de cogner sur les choses tant qu’elles n’auront pas la forme qu’elle désire, dit d’elle sa mère. Elle a vite adopté Victor, cet oncle tombé du ciel, qui ressemble à son père de loin, moins de près, selon ses mots. Mais elle le bouscule ce tonton qui ne voulait pas s’occuper de l’enquête concernant son père : c’était mon papa et tu es mon oncle, et je veux que tu découvres ce qui lui est arrivé. Voilà, Victor n’a plus le choix ! Il fera finalement ce que sa nièce lui demande, mais ce sera périlleux.
Au nord de la frontière est un roman d’enquêtes (il y en a deux : l’assassinat du frère du shérif et les meurtres d’adolescentes) et c’est aussi un thriller haletant dans sa seconde partie. Un très bon cru dans la production déjà bien fournie de R.J. Ellory.
Extrait :
– Écoute, Jenna, je comprends que tu sois bouleversée, etc., mais je ne peux vraiment jouer aucun rôle dans ce…
– Si. Tu es son frère. C’était mon papa et tu es mon oncle, et je veux que tu découvres ce qui lui est arrivé.
– La police s’en chargera. Il y a un inspecteur nommé Mike Fredericksen, et il s’occupe de tout ça.
– Eh bien, je ne suis pas idiote. Je sais déjà deux choses. Mike Fredericksen n’est pas le frère de mon papa, et Mike Fredericksen n’est pas venu ici pour nous poser des questions.
– Je suis sûr qu’il va le faire. »
Jenna ne répliqua pas immédiatement. Elle se contenta de fixer Landis avec ces yeux comme des projecteurs. Il se retrouva à détourner le regard malgré lui. Il y avait chez elle un côté intrusif et direct. Comme l’avait dit Eleanor, elle était prête à cogner sur une chose jusqu’à obtenir la forme qu’elle voulait.
« Si c’était mon frère, déclara-t-elle finalement, les yeux bordés de larmes, et quoi qu’il se soit passé entre nous, je voudrais savoir pourquoi quelqu’un l’a écrasé avec une voiture et l’a mis dans cet état. »
Sa lèvre inférieure tremblait. Son corps était aussi tendu qu’un ressort d’horloge.
« Et si je ne voulais pas savoir, je me demanderais sérieusement pourquoi. »
Niveau de satisfaction :
(4,3 / 5)