Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2012 (Presses de la Cité)
Genres : Enquête, suspense
Personnages principaux : Crédule Grand-Duc, détective – Émilie Vitrac ou Lyse-Rose de Carville, miraculée d’un crash d’avion – Marc Vitrac frère supposé d’Émilie
Prix : Prix Maison de la Presse 2012
Site de l’auteur : Michel Bussi
En 1980, l’Airbus Istanbul-Paris se crashe sur le mont Terrible dans le Jura, à la frontière franco-suisse. 168 passagers meurent brûlés. Seul un bébé de 3 mois en réchappe. En examinant la liste des passagers ayant embarqué à Istanbul, on constate que deux bébés avaient embarqué. Quelle est l’identité de la petite fille survivante ? Émilie Vitrac ou Lyse-Rose de Carville ? Deux familles affirment être les parents la fillette, l’une est riche, les de Carville l’autre modeste, les Vitrac. Un juge est nommé pour établir à quelle famille appartient l’enfant. Un procès va trancher en faveur de l’une des deux familles, sans que le doute ne soit complètement levé. La grand-mère Mathilde de Carville mandate le détective privé, Crédule Grand-Duc, pour lever ce doute. Elle y met les moyens : un contrat de 18 ans à temps complet ! À sa majorité, celle que les médias ont baptisé Libellule devra connaître de façon certaine son origine. Pour le détective Grand-Duc, ce qui lui parut être un contrat faramineux et une rente à vie, devient une obsession qui va le détruire. Constatant son échec, il envisage de se suicider. Il laisse à l’intention de la rescapée un cahier dans lequel tous les éléments de son enquête sont rassemblés. Mais au dernier moment : un flash ! La solution est devant ses yeux, dans le journal l’Est Républicain, l’édition du lendemain du crash. Son suicide est reporté.
18 ans plus tard, Émilie et Marc Vitrac, qui ont été élevés comme frère et sœur, entretiennent une relation ambiguë : à la fois fraternelle et amoureuse. Mais un jour, après avoir lu le cahier de Grand-Duc, Émilie disparaît laissant à Marc un petit cadeau et un message affirmant qu’elle doit partir pour un motif qui paraît mystérieux. Pour tenter de la comprendre Marc reprend l’enquête de Grand-Duc.
Ce roman s’appuie sur une intrigue remarquable et astucieuse. Bussi situe son histoire de 1980 à 1998. Un accident d’avion, un seul bébé survivant, deux familles qui le réclament et impossibilité de savoir de façon certaine à qui appartient le nourrisson car les tests ADN qui l’auraient permis n’existaient pas en 1980. Mais ils seront utilisés par la suite et le résultat sera surprenant ! Je n’en dirai pas plus pour préserver un suspense de grande intensité.
La construction narrative est également bien réalisée : alternance des passages du journal de Grand-Duc qui reconstituent toute l’histoire sur 18 ans, et des évènements qui se déroulent en1998, en quelques jours. Le suspense est très bien distillé, dès qu’un élément du puzzle se met en place, un nouvel évènement entretien le mystère et le lecteur a beaucoup de mal à lâcher le bouquin.
Autre point fort du livre : la qualité des personnages. Il y a les personnages principaux dont le détective au prénom ridicule Crédule Grand-Duc, devenu dépressif après une si longue enquête non aboutie. Au moment de se suicider, il voit la solution dans le journal l’Est Républicain du lendemain du crash. La vérité sautait aux yeux à condition de lire ce journal 18 ans plus tard ! Il y a la rescapée Émilie (ou Lyse-Rose), brillante, artiste, sportive, la grande classe ! Une princesse dans un milieu des plus modeste. Et enfin Marc Vitrac. En adoration devant Émilie, protecteur, un peu rêveur mais qui sait prendre des initiatives et être efficace quand il le faut. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants avec notamment des portraits savoureux de femmes fortes comme les grand-mères Mathilde de Carville, la riche, et Nicole Vitrac, la modeste. La petite-fille Malvina de Carville, perturbée, à la fois dangereuse et fragile, complète le tableau.
Ce livre a toutes les qualités qui font un excellent roman : une belle intrigue, des personnages typés et crédibles, un suspense bien élaboré, une écriture limpide et claire. Il a obtenu le Prix Maison de la Presse 2012.
Extrait :Il n’arrivait toujours pas à croire ce qu’il voyait. Ses mains tremblaient. Un immense frisson le parcourait de la nuque au bas du dos.
Il avait réussi !
La solution se trouvait là, dans ce journal, à la une, depuis le début. Elle attendait patiemment : il était rigoureusement impossible de découvrir cette solution à l’époque, dix-huit ans auparavant. Tout le monde l’avait lu, ce journal, détaillé, analysé, mille fois, et pourtant personne ne pouvait deviner, en 1980, et pendant toutes les années qui avaient suivi.
La solution sautait aux yeux… à une condition.
Une seule condition. Absolument délirante.
Ouvrir ce journal dix-huit ans plus tard ! Fin janvier 1981. A cette époque, vous vous en souvenez sûrement, une chanson de Charlélie Couture passait en boucle sur les radios, une chanson sinistrement de circonstance : « Comme un avion sans aile»…
Charlélie Couture - Comme un avion sans aile
Je viens de terminer les nymphéas noirs. Après avoir passé un week-end dans les environs de Giverny avec visite du musée et des jardins, j’ai eu envie de m’attaquer à ce bouquin de Bussi dont l’action se déroule à Guiverny avec Monet en toile de fond. Vous m’aviez fait découvrir « Un avion sans elle » que j’avais énormément apprécié. Bussi est est grand auteur de polars qui sait raconter une histoire avec des personnages très étudiés. Dans celui-ci il mêle le présent et le passé avec une maestria de grande volée. A découvrir sans modération!!!!
Bonjour,
Je n’ai pas lu Les Nymphéas noirs mais je vous fais confiance si vous dites que c’est très bon. Effectivement ce doit être particulièrement agréable de visiter les lieux décrits dans le livre qu’on est en train de lire. Je suis d’accord avec vous Michel Bussi sait parfaitement raconter une belle histoire en mettant en place des personnages crédibles.
Bonjour Raymond,
Grand amateur (lecteur et collectionneur) de polar et de roman noir, jamais je ne me serai arrêté sur cet auteur (M Bussi) et surtout sur la couverture ( en Pocket) de ce bouquin qui n’a rien d’attirant pour les amateurs de thrillers et qui ferait plutôt penser à un roman qualifié de « sentimental » , jusqu’à la découverte de ton commentaire en fidèle lecteur de ce blog .
OUFFTI !!!! comme on dit à Liège ! quelle découverte !! je l’ai littéralement dévoré .
Tout à fait en ligne avec ton appréciation il n’y a pour ce qui me concerne aucunes remarques supplémentaires à ajouter.
J’ai acheté également « Nymphéas Noirs » et mon appréhension avant de l’ouvrir ? qu’il soit moins passionnant que le précédent !
En tous cas MERCI pour le super boulot que vous réalisez à trois sur ce blog véritable source d’inspiration et d’appel à de passionnantes lectures
A bientôt,
R PONDANT
(Namur-Belgique)
Bonjour Robert,
Je suis tout à fait d’accord avec toi, la couverture du bouquin n’est pas attirante pour les amateurs de romans noirs et de thrillers. Je suis heureux que tu aies apprécié le livre et aussi ma chronique. Je pense qu’en effet l’intrigue est astucieuse et bien montée. Les personnages sont aussi intéressants, même les secondaires. Les Nymphéas noirs, je ne l’ai pas lu. Par contre j’ai aussi chroniqué sur ce blog « Ne lâche pas ma main » du même auteur. Bien aussi mais un ton en dessous d’Un avion sans elle, à mon avis.
Merci Robert pour cet encouragement enthousiaste. Ça nous fait plaisir.
À bientôt.
merci d’avoir permis que je rencontre ce roman
Belle construction et belle ecriture
cela m’a donné envie d’en lire d’autres
Avez-vous des suggestions à me proposer ?
Du même auteur ? Dans quelques jours je mettrai en ligne la chronique du nouveau roman de Michel Bussi « Ne lâche pas ma main ». C’est bien aussi, un peu en dessous d’Un avion sans elle, à mon avis. Sinon vous pouvez consulter sur notre blog nos coups de cœur ou tous les romans que nous avons noté 4,5 ou 5. La chronique du roman doit vous donner une bonne idée du livre et vous pourrez juger ainsi si c’est ce qui vous plait.
Heureux que vous ayez apprécié ce livre. Pour répondre à votre question sur l’intention d’Émilie, je dirai que dans une fiction on peut admettre que l’auteur torde un peu la réalité et qu’il y ait de petites invraisemblances, tant qu’elles ne sont pas outrancières, elles ne me dérangent pas.
Cordialement.
Un grand merci de m’avoir fait connaître ce roman. Sans vous je serais certainement passé à côté. Superbe intrigue qui vous prend aux tripes et qui fait que vous voulez absolument lire la page suivante pour connaître LA VERITE, des personnages fouillés tous très attachants même les méchants. Un trè très très léger bémol : comment le héros a t’il pu contacter en une heure l’héroîne pour qu’elle ne fasse pas ce qu’elle était sensée faire (les personnes ayant lu le livre comprendront) ?