Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2010 (Dutton)
Date de publication française : 2011 (Belfond, Pocket)
Genre : Enquête
Personnage principal : Wendy Tynes, journaliste
Ce roman de Coben a été reçu très inégalement par la critique. Alors qu’un journaliste de l’Express (Éric Libiot) suggérait carrément de le jeter à la poubelle, mon collègue Jacques Henry lui décernait un 4.5/5. Ce même Henry m’avait d’ailleurs conseillé quelques Coben, que j’ai bien aimés : Ne le dis à personne, Juste un regard et Dans les bois.
La journaliste Wendy Tines présente une émission de télévision où elle traque les prédateurs sexuels. Devant le grand public, Dan Mercer, entraîneur de basket ball pour les jeunes, est dénoncé comme pédophile : or, des jeunes de la région (alentours de New York) ont été approchés, d’autres sont disparus, on découvre bon nombre de vidéos pornographiques sur l’ordinateur de Dan, qui tombe d’ailleurs dans un piège tendu par Wendy, qui se fait passer pour une très jeune fille et l’attire chez elle. La jeune Haley est particulièrement recherchée. Dan n’est pas encore jugé officiellement, sauf qu’il ne peut plus se montrer en public. Il se fait tabasser et, au cours d’un entretien avec Wendy pour démontrer son innocence, il se fait tirer dessus par le père présumé d’une victime. Pas assez de preuves pour arrêter Ed Grayson, le père en question, d’autant moins que, dans la roulotte où Dan a été tiré, on retrouve peu de sang et aucun cadavre. Les policiers ont tendance à négliger l’enquête, et c’est Wendy qui, pour avoir la conscience en paix, décide de remuer ciel et terre. Elle remonte dans le temps où Dan et ses amis étudiaient à Princeton : une chasse au trésor qui a mal tourné. Et elle devient elle-même victime d’une campagne de dénigrement sur le net (réseaux sociaux) qui cherche à détruire sa vie personnelle et professionnelle. Elle commence à comprendre le sens de toute cette histoire. Un dernier rebondissement pourrait bien lui apporter la paix.
Bien sûr, ça bouge et c’est assez compliqué. Jacques Henry a souligné l’intérêt de l’intrigue, l’épaisseur psychologique des personnages et une réflexion morale pertinente sur la vengeance et le pardon. Peut-être bien, mais le style Coben reprend des recettes éprouvées (même le recours à Win), le personnage de Wendy est très développé, mais elle correspond justement au genre de journalistes-charognards que j’apprécie peu, et le monde social où se déroule l’action (petite bourgeoisie américaine de parvenus : enfants mal élevés, couples mal assortis, culpabilité stérile) m’intéresse très peu.
Bref, je n’ai pas embarqué. Mais, des commentateurs que je respecte ont aimé Faute de preuves. Comme je ne suis pas partisan du relativisme absolu, ça me perturbe un peu. Quant à vous, chers lecteurs, je vous suggère, donc, d’appliquer la dernière règle des Capucins : « Quand les nôtres seront embarrassés, ils feront ce qu’ils pourront! »
Extrait :
En voyant le lit vide de sa fille, Marcia McWaid ne s’était pas tout de suite affolée. Ce serait pour plus tard.
Elle s’était réveillée à six heures du matin, tôt pour un samedi, se sentant en pleine forme. Ted, son mari depuis vingt ans, dormait à côté d’elle. Sur le ventre, un bras autour de sa taille. Ted aimait dormir en veste de pyjama et sans slip. Rien. Entièrement nu au-dessous de la ceinture. « Comme ça, mon petit frère a de l’espace pour vagabonder », disait-il en rigolant. Et Marcia, imitant l’inflexion chantante de leur ado de fille, répondait : « Sans moi. »
J’aime beaucoup les histoires de Coben mais je ne trouve pas qu’il faille à ce point le porter aux nues. Il est à la « mode » ça c’est un fait. J’ai apprécié certains de ses bouquins mais pas tous. Pour celui-ci que je n’ai pas lu je peux m’imaginer que, victime de son succès il emploie les clichés purement étatsuniens ….
Je partage vraiment le même sentiment que vous, ce qui me rassure de temps en temps.