Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2013 (Channel Blue)
Date de publication française : 2015 chez Super 8 Éditions
Genres : Humoristique, Science-fiction
Personnage principal : Perry Bunt professeur de scénario
Nous, terriens, sommes observés par les extraterrestres ! Et même filmés ! Si, si ! Une civilisation avancée filme les événements qui se produisent sur terre et les diffuse à travers toute la galaxie. C’est Channel Blue, une émission de télé-réalité interplanétaire qui a connu un grand succès. La bêtise, l’agressivité, le comportement irrationnel et destructeur des Terricules, les habitants de la terre, ont longtemps amusé les Édenistes, habitants d’Éden. Mais petit à petit l’audience a baissé, les téléspectateurs se sont lassés. Devant cette désaffection, les producteurs programment l’arrêt des émissions. L’arrêt définitif sera grandiose : les extraterrestres vont tout faire sauter. La terre va disparaître ! Un seul homme peut la sauver, Perry Bunt, un obscur professeur de scénario de Los Angeles. Pour ça Perry doit pondre le scénario qui va relancer Channel Blue. Le succès retrouvé, l’anéantissement terrestre sera remis à plus tard. C’est le carton à l’audimat ou la fin du monde, du moins de notre monde.
On aura vite compris que ce n’est pas sur le sérieux et la rigueur que s’appuie l’intrigue du roman. Le scénario se résume à une succession de péripéties loufoques et burlesques sans le moindre souci de vraisemblance, ni de cohérence. Le but est de faire rire. Le problème est que l’outrance des procédés utilisés n’atteint son but que si l’on est amateur de la grosse farce bien lourde. Partant de la même idée saugrenue que les terriens ne sont que les acteurs involontaires d’une télé-réalité interplanétaire, l’auteur aurait pu en profiter développer une critique d’un comportement humain autodestructeur, montrer le ridicule des agissements irrationnels des terriens ou faire une critique sociale. Mais non, rien de cela, ou si peu. On reste dans les canulars bien pesants : on rencontre Elvis Presley, Dieu et Satan, dans l’ordre d’apparition et peut être ordre d’importance pour l’auteur. Tous sont accros aux émissions de télé-réalité. Pour eux les terriens sont des Américains. Ce doit être le seul peuple digne d’intérêt. Il est donc confirmé par les extraterrestres eux-mêmes que les États-Unis sont bien le centre du monde, comme le pensent bon nombre d’Américains. Cela vous étonnera si je précise que l’auteur est un vrai Yankee ?
Quelques bonnes trouvailles comme par exemple le stylo de la destruction : dans un sens il montre une femme en burqa, quand on le retourne on voit la même femme totalement à poil. Et pour corser le tout on peut y lire Made in Israel. L’envoi de ce stylo à dix leaders islamiques provoquerait l’autodestruction de la terre en moins de trois semaines ! Mais l’empilage de situations délirantes et farfelues ne m’a fait que rarement sourire et encore moins rire. D’autant plus que tout ça se prolonge sur plus de 470 pages qui m’ont parues bien longues. Il faut aimer les gags lourdingues et totalement débridés pour apprécier complètement le livre. Ne cherchez pas ici la subtilité et la finesse.
Pour terminer je me demande pourquoi avoir remplacé le titre anglais original Channel Blue par un autre titre anglais Prime Time, beaucoup moins évocateur. Peut être que l’éditeur français pense que les lecteurs ne savent pas qu’on appelle la terre la planète bleue ?
Extrait :
— Au début du programme, les gens voulaient toujours plus de Terre. Ils vous adoraient parce que vous étiez naïfs, stupides et égoïstes, parce que vous vous entretuiez, parce que vous mangiez vos congénères mammifères, parce que vous vous faisiez la guerre pour des cailloux que vous trouviez dans le sol. Chaque année, c’était comme si vous deveniez de plus en plus amusants, en imaginant des moyens encore plus fous et plus efficaces de tuer les autres ou de vous tuer vous-mêmes : des bombes capables d’anéantir le monde entier ou des supervirus biologiques créés en laboratoire, sans oublier, bien sûr, le moteur à combustion interne qui est en soi, et sous une foule d’aspects, un sommet en matière d’autodestruction.
Ma note : (2,5 / 5)
Voilà une critique grinçante qui tranche avec les autres que j’ai pu lire mais vous faites bien comprendre quel genre d’humour utilise l’auteur. Cela ne donne pas trop envie mais ça peut être utile. En tout cas bravo pour cette critique sans concession.
J’espère bien que ma chronique sera utile à celui ou celle qui va choisir un livre. Si vous aimez la grosse rigolade bien grasse vous pouvez opter pour ce Prime Time. Par contre si vous préférez l’ironie, l’humour caustique, la subtilité, choisissez autre chose. C’est exact que je ne suis pas sur ce coup là dans le même sens du courant que les autres chroniqueurs. Ça nous arrive assez souvent à mon collègue québécois et à moi-même.