Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2016 chez les Éditions du Rouergue
Genre : Thriller psychologique
Personnage principal : Estelle Drillon, jeune mère
Pour Estelle c’est le bonheur. Peu de temps après sa venue en Savoie, à la station de Val Plaisir, elle rencontre Jérémy, un homme séduisant qui vient d’ouvrir un bowling. Il est beau, charmeur, tout le monde l’apprécie à la station, bien qu’il ne soit pas du pays. C’est un Lyonnais, c’est quand même moins grave qu’un Parisien. Estelle qui s’estime être une fille banale est étonnée d’être courtisée par ce don Juan local. Deux mois après ils se marient. Un peu plus tard naissance d’une petite fille, Lilas. Estelle a ce à quoi elle avait aspiré toute sa vie : une famille. Elle qui est une enfant de la DDASS est comblée. Voilà qu’un jour son mari lui annonce la venue de sa sœur. Une sœur jumelle dont elle n’avait jamais entendu parler. Estelle accueille chaleureusement Nadia, une femme très belle qui a une allure folle. Mais Nadia reste distante avec elle et même avec la petite Lilas. Seul son frère Jérémy l’intéresse. Elle entretient avec son frère une relation fusionnelle. Ce sont des jumeaux en miroir. C’est comme si l’un était le reflet de l’autre. Estelle finit par admettre la profondeur de cette relation. Mais arrivent les incidents : une marche d’escalier rendue glissante par une couche de cire, un couteau laissé volontairement à portée du bébé, la fenêtre de la chambre de l’enfant ouverte en pleine nuit, une dangereuse promenade en luge, et la purée du bébé empoisonnée. Estelle est maintenant persuadée que Nadia veut tuer sa petite fille. Mais personne ne la suit dans cette idée qu’on juge extravagante. Son mari moins que tout autre, il pense qu’elle devient folle. Elle se sent seule et exclue. Estelle est-elle en train de devenir paranoïaque ou Nadia est-elle vraiment une dangereuse psychopathe ?
L’intrigue est élaborée en deux partie. La première partie décrit la vie à Val Plaisir et l’arrivée perturbatrice d’une sœur tombée du ciel d’un mari qui va être complètement subjugué par cette femme. La deuxième partie décrit le changement qui s’opère chez Estelle : elle ne veut plus être une agnelle, elle va se transformer en louve. L’auteure installe ainsi un suspense d’excellente facture qui va crescendo jusqu’à la conclusion.
Par ailleurs l’auteure a habilement maintenu le doute sur la folie dont l’un des deux personnages féminins semble atteint. Nadia est-elle réellement cette femme malfaisante et dangereuse ? Estelle est-elle psychologiquement perturbée imaginant un danger qu’elle seule perçoit ?
La Savoie couverte de neige constitue le cadre magnifique et dangereux de cette histoire. La montagne avec ses deux versants représente l’image symbolique des personnalités des jumeaux. L’adret est le côté ensoleillé, lumineux de la montagne tout comme le caractère enthousiaste et jovial de l’un des jumeaux, Jérémy, le mari d’Estelle. L’ubac est le versant ombragé de la montagne, il correspond au tempérament sombre de l’autre jumeau, Nadia. Pour Estelle, dans sa vie c’est comme en montagne, on peut passer d’un versant à l’autre.
Ubac est en excellent thriller psychologique qui capte l’attention dès le début et provoque une forte envie de le lire entièrement d’un seul trait.
Extrait :
Le soir, dans la solitude de ma chambre, je réfléchis longuement à la situation. Peu après minuit, j’entendis un loup hurler sur l’ubac.
Fabien avait raison, ils étaient revenus.
Alors que la bête cruelle saluait la lune et que Lilas respirait doucement derrière les barreaux de son lit, je sentais une résolution nouvelle monter en moi. Un souffle inconnu qui s’insinuait dans mon être comme une langue de feu. Toute ma vie, j’avais subi, mais cette fois, je me battrais.
Je ne voulais plus être celle qui s’efface. Je ne voulais plus être une agnelle.
Comme une louve, je défendrais mon petit jusqu’à mon ultime goutte de sang.
Ma note : (4,3 / 5)