Le mort de l’île aux Chèvres – Benoît Gignac

Par Michel Dufour

le mort de l'ile aux chevresDate de publication originale : 2015 ( À Temps Perdu – Coup d’œil)Gignac
Genre : Enquête
Personnage principal : Sergent-détective Leblanc (SPVM)

Gignac avait déjà publié quelques romans en format numérique. Il est passé au format traditionnel l’an passé avec Le mort de l’île aux Chèvres. Son objectif est de fournir un bon divertissement populaire ancré dans le milieu québécois. Spécialiste en communication organisationnelle, en planification stratégique et en marketing culturel, il a œuvré comme conseiller dans le milieu politique. Tous connaissent son père, Fernand Gignac, qui a monopolisé la scène québécoise de la chanson pendant de nombreuses années.

L’île aux Chèvres se situe au large de la municipalité de Verdun; on y a accès par zodiac ou bateau à moteur habituel. Peu de gens y habitent, et presque seulement pour la belle saison (de juin à septembre). En mai 82, on découvre un cadavre dans un vieux caveau à légumes. Le mort, quasi momifié (il a été enfermé là avant l’hiver), n’est pas jeune et il a été brutalisé : chevilles et poignets brisés.

Le sergent-détective Maurice Leblanc est envoyé sur les lieux : c’est sa première enquête pour le SPVM. Si on laisse de côté l’hypothèse d’un meurtre commis par hasard par un vagabond qui ne faisait que passer, le nombre de suspects est très limité : les voisins et amis du mort, son fils, en plus de Lulu, la femme d’âge moyen chargée de convoyer les clients de la marina de Verdun à l’île. Motifs peu évidents : argent ? Quoi d’autre ?

Après une dizaine d’années au Service des enquêtes spécialisées, Leblanc est promu sergent-détective en 1980. Né à Montréal en 1943, il est d’ascendance acadienne et a encore de la famille aux Îles-de-la-Madeleine. Il s’est marié en 72 et est devenu père de deux enfants, Isabelle en 74 et Claude en 78. Réputé compétent, il n’est pas plus impressionné qu’il faut par son nouveau patron, le Marseillais Henri Lugaz, empêtré surtout dans des considérations d’ordre administratif et politique. Féru de botanique, portant souvent une fleur à la boutonnière tout en traquant des criminels, Leblanc prend le temps de découvrir de nouvelles espèces de plantes qui enrichiraient son jardin.

L’enquête qu’il mène est très classique : entrevue des témoins et suspects, croisement des informations, investigation du passé de chacun. C’est insuffisant pour déterminer le coupable. Un suspect finit par se livrer sans convaincre Leblanc : qu’est-ce que c’est que cette nouvelle histoire ?

Peu de personnages, le détective est au centre de l’histoire, facile à suivre. Rien de très compliqué : inutile de s’armer d’un crayon. L’auteur visait un simple et sain divertissement : c’est le cas. Quelques faiblesses : sans être assez vieux pour être un polar historique, ça se passe en 1982 : donc, beaucoup de choses ont l’air démodé : pas de cellulaire, ordinateur primaire, par exemple. Le langage du patron marseillais de Leblanc n’est pas toujours adéquat; même stressé, le chef Lugaz ne peut pas dire à Leblanc : « Alors, tu le ramènes ton petit cul de Canadien français ? »

Malgré tout, avec un bon éditeur, cet auteur pourrait nous surprendre, et sûrement continuer à nous désennuyer.

Extrait : 
Le sergent Lalancette entra dans le bureau du sergent-détective à 8 h 30. Il avait passé tout l’après-midi précédent à obtenir toutes sortes d’informations sur Alphonse Gingras, l’homme dans le caveau. Le monsieur de quatre-vingt-huit ans avait fait une longue carrière au gouvernement canadien, œuvrant comme fonctionnaire dans différents ministères. On pouvait d’ailleurs suivre tous ses déplacements professionnels à même le dossier que Lalancette avait obtenu du service des renseignements du gouvernement canadien. Il possédait le chalet de l’île aux Chèvres depuis plus de vingt ans. Visiblement, il l’avait acheté au moment de sa retraite. Son dossier bancaire révélait qu’il était financièrement à l’aise. En plus de recevoir une pension appréciable, il avait placé plus de cent mille dollars dans un compte d’épargne. Sa femme était décédée en 1971 et outre son fils Alain, il n’avait plus de famille.
Qui pouvait connaître l’existence de ce petit pactole, excepté son fils, qui possédait un solide alibi, et les gens de sa succursale bancaire ? Dancoste ou Gaudette, à qui il s’en serait ouvert ? Lulu ? C’était peu probable. De toute façon, comment auraient-ils pu avoir accès à cet argent ? Mis à part l’argent accumulé, quel pouvait bien être la raison d’assassiner si violemment un pauvre vieillard à la retraite ?

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L’Île aux Chèvres

Ma note : 3.3 out of 5 stars (3,3 / 5)

 

 

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