Debout dans la tombe d’un autre – Ian Rankin

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2012 (Standing in another man’s grave)
Date de publication française : 2014 (Lattès et Masque)
Genre : Enquête
Personnage principal : Rebus, inspecteur à la retraite

Rankin est un écrivain écossais bien connu.
Son site (https://www.ianrankin.net/) et son infolettre entretiennent l’intérêt des lecteurs. Ses romans aussi, évidemment, même si une certaine baisse de régime s’est produite depuis la mise entre parenthèses de l’inspecteur Rebus, qui a fini d’ailleurs par ressusciter, comme bien d’autres.

Plus ou moins retraité, Rebus est toléré dans le département des cold cases, des cas non résolus depuis des lustres, et où il ne se passe pas grand-chose. D’où le peu de moyens de ce département. Cercle vicieux bien connu.

Une jeune femme, Annette McKie, disparaît dans des conditions qui, selon la mère d’une autre femme disparue il y a quelques années, présentent plusieurs ressemblances avec plusieurs disparitions de jeunes filles au cours des dernières années. Mais des ressemblances ne sont ni des preuves, ni des évidences; pour l’ensemble des forces de l’ordre, Nina Hazlitt, la mère de Sally qui est disparue à la Saint-Sylvestre de 1999, est une harceleuse troublée et inconsolable. Rebus accepte pourtant de la rencontrer et elle plaide sa cause en citant les cas auxquels elle avait fait allusion : Brigid Young en mai 2002, et Zoe Beddows en 2008. Un lien : l’autoroute A-9, par où elles sont passées et une photo d’un paysage envoyée à un ami le jour de leur disparition.

Rebus se rend au poste de police de Gayfield Square pour rencontrer sa vieille copine et assistante Siobhan Clarke, qui lui donne des précisions sur la disparition d’Annette, mais demeure sceptique sur un lien éventuel entre tous les cas évoqués par Nina Hazlitt. Plutôt que de passer ses journées à classer des papiers, Rebus décide d’étudier les cas de plus près. Ses supérieurs Cowan, puis Page, puis Dempsey sont loin de l’aider, sans parler de l’obsédé Malcolm Fox du Service des Plaintes qui s’est juré d’avoir la tête de Rebus. Faut dire que Rebus n’est pas devenu plus diplomate en prenant de l’âge. C’est une sorte d’électron libre qui ne s’entend à peu près qu’avec Siobhan, avec qui il ne joue d’ailleurs pas toujours franc jeu.

Rankin multiplie les tensions : entre Rebus et ses collègues, entre les vieux chefs mafieux Cafferty (à qui Rebus aurait sauvé la vie) et Hammell (autre vieux chef de gang) qui est l’amant-ami de la mère de la dernière disparue, entre la police et les media (bien sûr). Le procédé vise entre autre à maintenir l’intérêt, parce qu’on risque de se lasser assez vite des analyses microscopiques des tracasseries de bureau et que, si la Saab de Rebus en roule un coup sur l’autoroute A-9, on ne peut pas dire que l’enquête brille par son dynamisme ou ses rebondissements. Les paysages écossais ne nous charment pas davantage : surtout des problèmes de circulation, bien connus chez nous aussi, et des villages qui ressemblent à des milliers de villages. Et c’est long. Beaucoup de bruit pour presque rien. Reste que Rebus a un certain charme pour plusieurs, un certain esprit d’indépendance nourri au scotch; pour moi, toutefois, il vieillit mal.

Extrait :
Unité de police canine de Grampian.

Un agent ouvrit l’arrière et déverrouilla une cage. Un épagneul à la robe tachetée en sortit et commença à examiner avec soin la surface de la route.
− Ça vous fait loin de la maison, dit Rebus.
− La Northern n’a pas l’équivalent de Ruby, expliqua l’agent.
− Vous êtes venu d’Aberdeen ?
L’homme acquiesça, concentrant son attention sur le chien.
− Vous êtes parti un peu tard, dit Rebus en étudiant le ciel.
− Ruby n’utilise pas ses yeux. Ce qui signifie qu’elle peut travailler tard. C’est vous qui êtes responsable ?
Rebus fit non de la tête.
− C’est la superintendante-chef que vous devez voir, mais elle a dû retourner à Inverness.
− Dans ce cas, je crois que je vais me mettre au boulot.
Le maître-chien avait l’air d’un gars de la campagne, belle bedaine et visage rougeaud avec des cheveux noirs coiffés en arrière. La barrière d’accès au champ étant ouverte, Ruby était impatiente de commencer ses explorations mais elle ne bougerait pas tant qu’elle n’en aurait pas reçu la permission.
− Vous n’avez pas besoin…
− De quoi ?
− D’un bout de vêtement ou d’un objet appartenant à la disparue ?
− Ce n’est pas la spécialité de Ruby, répondit le gars.
− Et c’est quoi, sa spécialité ?
− Elle trouve les cadavres.

Les boisés d’Edderton

Ma note : 3.5 out of 5 stars (3,5 / 5)

 

 

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