Haute voltige – Ingrid Astier

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2017 (Gallimard)
Genres :
Aventures, Enquête
Personnages principaux : Ranko Lukovic, alias le Gecko, cambrioleur escaladeur de façades – Stéphan Suarez, commandant à la brigade de répression du banditisme (BRB)

Le convoi de voitures d’un riche saoudien est attaqué sous le tunnel de Saint-Cloud par un commando très organisé. Les brigands emportent plusieurs millions d’euros en bijoux, liquidités, vêtements de luxe et involontairement une jeune fille qui s’est glissée subrepticement dans une des voiture des assaillants. L’enquête est confiée au commandant Stéphan Suarez de la BRB. Celui-ci prend en charge les investigations en même temps qu’il continue son enquête sur le Gecko, un cambrioleur de génie, sorte d’Arsène Lupin moderne, qui réussit les vols les plus audacieux en passant par les voies aériennes. Quand Suarez est informé que le Gecko est impliqué dans « l’attaque de la diligence » du Pont de Saint-Cloud, il va lancer toutes ses forces et celles de son équipe dans la traque du Gecko.

L’intrigue est touffue et part un peu dans toutes les directions. Si la traque du Gecko est la branche principale, de multiples ramifications nous font faire des détours par le monde du luxe, de l’art, du chessboxing (art martial qui combine la boxe anglaise et le jeu d’échec). Deux histoires d’amour viennent se greffer sur l’ensemble, ce qui donne une impression de profusion de situations et de personnages.

Il y a effectivement une surabondance de personnages qu’il est parfois difficile de situer, surtout si la lecture du roman s’étale sur plusieurs jours. L’auteure en a eu conscience puisqu’elle offre une liste récapitulative des personnages à la fin de l’ouvrage. Les personnages ne sont pas des gens ordinaires : les hommes sont beaux, riches, excentriques et charismatiques ; les femmes sont superbes, fascinantes, insolentes et libérées. Pas de place pour le commun, le vulgaire ou le banal !

En voulant donner de l’ampleur et du volume à son roman, l’auteure en a parfois oublié de respecter la rigueur et la cohérence des personnages. Ainsi les membres du commando braqueur, dépeints comme des hommes durs et aguerris, des vrais gangsters professionnels, se montrent un peu légers sur leur propre sécurité : non seulement ils embarquent une passagère clandestine mais en plus ils se laissent braquer par la fille qui leur met tranquillement un gros flingue sous le nez. Et pire encore : ils l’offrent (la fille) à leur chef tout en lui laissant sa pétoire (un pistolet Caracal) dans son sac à main. Du travail de débutants! Le chef, le cerveau qui monte des opérations d’envergure, un homme intelligent et prudent, se conduit comme un adolescent boutonneux, en extase devant une paire de Louboutin surmontés du joli petit cul de la belle Ylana, qui elle, est parfaitement à l’aise et décontractée et peut faire impunément sa pimbêche devant ces hommes soi-disant redoutables, sensés être dangereux dont elle n’a rien à craindre en définitive. Quant à Ranko, ce solitaire endurci, il a tout de l’amoureux transis dévoré par un amour platonique pour l’irrésistible Ylana. Finalement l’arme qui s’avère la plus redoutable c’est la séduction.

Haute voltige est avant tout un roman d’aventure moderne. Il y a de l’originalité, de la densité et du souffle mais aussi ce petit côté factice des films hollywoodiens d’aventure où tout est plus beau, plus grand que dans la vraie vie. Un bon roman pour ceux qui n’ont d’autre objectif que de se changer les idées. Un moyen aussi de sortir de la banalité du quotidien.

Extrait :
Iepe Rubingh était néerlandais mais avec sa barbe blond-roux, il aurait pu porter un casque à cornes et ramer sur un drakkar s’il n’avait été en costume cintré. Le mec qui devait cacher du sang viking rappela l’origine du chessboxing :

— Chers amis, vous le savez, Bilal, qui nous fait l’honneur d’être présent, a inventé cette discipline en 1992 dans Froid Équateur, l’un des albums de la Trilogie Nikopol. Le principe en est simple : six rounds d’échecs rapides alternés avec cinq rounds de boxe. Onze rounds et une fin par K.-O. ou échec et mat. Le combat se fait sur le ring, les guerres sont menées sur l’échiquier !
Des applaudissements saluèrent l’idée de génie. Cette réconciliation du corps et de l’esprit, c’était inédit. L’occasion de faire exploser des clichés tenaces où les deux se regardaient en chiens de faïence.

Il alluma la radio, zappa plusieurs chansons avant de tomber sur Marilyn Monroe, Diamonds are a girl’s best friend. Miko tapa des mains.

Marilyn Monroe – Diamonds are a Girl’s Friend

Ma note : 3.5 out of 5 stars (3,5 / 5) 

 

 

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