Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2015 (Les Nouveaux Auteurs)
Genres : fantastique, horreur
Personnages principaux : Luc Biéron, gendarme – Julie Lecorre, sa petite amie – Jean-Marie Lorey, commercial
Jean-Pierre Lorey est commercial chez Agro World, un requin de l’industrie agroalimentaire. Il se rend dans les Alpes, dans la vallée du Champsaur, pour conclure le contrat de vente d’une source qui doit rapporter gros. Pendant ce temps Luc Biéron, jeune gendarme dans cette région, s’ennuie par manque d’activité. Par curiosité et pour occuper son temps il va s’intéresser aux disparitions que tous les habitants de la région connaissent mais dont personne n’ose parler franchement. Racontars ou faits réels ? Luc va se rendre au crêt des Dix Mendiants où seraient localisées les disparitions pour en avoir le cœur net. Julie Lecorre, fiancée de Luc, décide de le rejoindre quand on lui signale qu’il a besoin d’elle. Ces trois personnages vont se retrouver dans le Champsaur, confrontés à d’étranges femmes de la forêt vivant en autarcie. Et ils ne sont pas au bout de leur surprise, ni de leurs malheurs.
L’intrigue nous plonge dans un monde hallucinant où l’on rencontre des personnages insolites. Une communauté de femmes est en guerre. Pour se perpétuer ces femmes ont besoin d’hommes, qu’elles vont capturer comme du gibier, à qui on ne demandera pas leur avis pour les séances d’accouplements. Il y a des enfants poissons-chats très dangereux. Et enfin il y une armée dénuée de scrupules qui joue les apprentis sorciers.
Il en résulte une ambiance cauchemardesque exacerbée par la folie et la démesure des personnages. Le décor de forêts sombres et de galeries souterraines accentue le climat oppressant. L’atmosphère du livre tient à la fois du fantastique et de l’horreur. Quelques scènes gores viennent compléter le tableau.
L’alternance des chapitres consacrés à chacun des principaux personnages donne du rythme du récit. L’écriture est fluide et rend bien le côté surréaliste du roman. On remarque cependant le curieux procédé utilisé par l’auteur : des mots entre parenthèses, comme si le narrateur hésitait sur le choix de plusieurs mots ou que le premier mot qui lui vient à l’esprit n’était pas le bon. L’auteur a cherché à innover mais ça n’apporte pas grand chose à mon avis.
Le village des ténèbres est un roman sombre faisant une part belle à l’imagination. Un tel roman ne peut pas plaire à tout le monde. Par son sujet et la façon dont il est traité il plaira à ceux qui affectionnent les ambiances fantastiques ou glauques des films d’horreur mais il risque de heurter les âmes sensibles qui ont du mal à supporter les scènes sanglantes.
Extrait :
Un sanctuaire en hommage à la Résistance… En hommage à ce village bâti pour les femmes… Car à Sombre, il n’y a toujours eu que des femmes. Seules. Célibataires, veuves de guerre, petites filles. En 1942, au moment où l’armée allemande semblait avoir gagné, un résistant du coin trouva une vieille carte, avec des tas de galeries, des mines, des lacs, ou des souterrains. Et la Résistance eut cette idée. Des femmes. Des femmes pouvaient se cacher dans les sous-sols de ce petit village en cas de passage de l’armée allemande. Des femmes pour perpétuer l’espèce.
Niveau de satisfaction :
(3,8 / 5)