Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2017 (Fleuve noir)
Genre : Thriller
Personnages principaux : La famille Moreau
La famille Moreau est une famille CSP+1. Le père Chris est le créateur directeur d’un magazine spécialisé dans le tourisme sportif, la mère Béa est architecte, leurs rejetons : Bastien, 22 ans et Marion, 17 ans, sont brillants et sportifs. Tous les quatre ont loué une maison sur une île en Bretagne peuplée en tout et pour tout de quinze familles. Le week-end de rêve prévu tourne rapidement au cauchemar : la tempête se lève, le téléphone ne fonctionne plus et la fille, Marion, disparaît. La famille s’organise pour la retrouver avec la coopération apparente des habitants. Mais les événements vont se précipiter et les choses empirer pour la famille Moreau qui conserve dans l’adversité un moral d’acier et une confiance inoxydable en leur supériorité. Ce sont de winners. Ils n’ont pas l’habitude d’échouer. Dans cet environnement hostile vont-ils s’en sortir comme d’habitude ?
L’intrigue est astucieusement construite pour donner au lecteur une impression qui sera totalement modifiée par la suite grâce à un retournement de situation spectaculaire que seulement quelques lecteurs perspicaces auront vu venir. Une île, balayée par les vents et les tempêtes, dont les rares habitants se connaissent tous, fournit le cadre oppressant pour une chasse dont on ne sait pas qui sont les prédateurs, ni quelles sont leurs motivations. Il faudra atteindre la dernière partie du roman pour réellement comprendre les intentions des uns et des autres. La construction du scénario est habile et permet de maintenir un suspense permanent.
Côté personnages, ce sont les membres de la famille Moreau qui retiennent l’attention. Tous sont confiants en leurs qualités, ils affichent un grand optimisme quant à leur possibilité de surmonter tous les obstacles. Cependant celle qui domine dans la famille, la femelle alpha, c’est la mère Béa. En toutes circonstances elle maîtrise les situations et sert de référence aux autres membres de la famille. Au début du roman on est un peu mitigé sur les membres de cette famille extrêmement soudée : on admire leur bon goût, leur confiance et leur combativité mais leur sentiment de supériorité, leur esprit de domination, leur mépris des autres, agacent aussi. Une famille parfaite mais un brin exaspérante ! Là aussi, la partie finale donne l’explication à ce comportement étrange. Et c’est une sacrée surprise !
Embruns est un bon thriller, habilement construit pour nous amener au point où tout bascule brutalement. Un suspense bien maîtrisé et une belle ambiance oppressante contribuent à l’efficacité de l’histoire. Le livre accroche bien le lecteur, certains auront du mal à le lâcher avant la fin. Un choix que les amateurs du genre devraient fortement apprécier.
1CSP+ : Les CSP+ regroupent les chefs d’entreprises, les artisans et commerçants, les cadres, les professions intellectuelles supérieures et les professions intermédiaires.
Extrait :
Ils couraient, tendus dans une fuite qui leur était nouvelle, eux qu’on avait dressés à l’affrontement et à la victoire ; ils couraient, eux les enfants qui n’avaient peur de rien et soudain devaient se cacher de tout. Ils couraient, leurs souffles chauds lançant des nuages de buée dans ce week-end d’été absurde aux relents d’automne, bientôt les arbres, là, tout près, les gouttes de sang sur les jambes de Marion, perdue dans son sweat trop grand, et quand le hurlement de rage de Patricia parcourut la lande pour venir écorcher leurs oreilles de souris, ils surent que les chats s’étaient remis en chasse.
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)