Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2014 (Drobnenland)
Date de publication française : 2017 chez Piranha
Genres : Enquête, thriller, Science-fiction
Personnage principal : Aart van der Westerhuizen, inspecteur-chef d’Europol
Westerhuizen est inspecteur-chef d’Europol. Il est chargé d’enquêter sur le meurtre d’un député du parlement européen. Avec l’aide de Terry, le super-ordinateur omniscient de la police, la résolution de cette affaire ne devrait pas traîner. Cependant les implications politiques rendent l’affaire plus complexe que prévue. Un suspect finit par être identifié, c’est un anarchiste qui prône le refus d’intégration européenne. Ce suspect est accidentellement tué par un drone hors de contrôle. L’enquête semble terminée mais Westerhuizen n’est pas satisfait, il soupçonne l’intervention de groupes beaucoup plus puissants qu’un petit activiste, d’autant plus qu’il va découvrir qu’il y a eu manipulation des données utilisées par le super-ordinateur. Son entêtement à vouloir comprendre tous les tenants et aboutissants de l’affaire va le mettre en danger.
L’intrigue se déroule dans un futur proche. Si la façon dont se déroule une enquête n’a pas beaucoup évoluée, la technologie au service des policiers s’est considérablement développée. Le chef est toujours irascible et exigeant, il y a encore les pressions de la hiérarchie qui, elle-même, subit les contraintes politiques. Mais maintenant notre inspecteur-chef est assisté d’une analyste chargée du dialogue avec Terry, le super-ordinateur capable de répondre à toutes les questions, de faire des prévisions, des historiques, le tout instantanément … Bref, Terry l’ordinateur sait tout ! Par contre il ne comprend pas l’humour et les sarcasmes, là il demande de reformuler la question. Autre grand progrès, mis à part la prolifération des drones, de toutes tailles et de toutes fonction, c’est la possibilité d’entrer dans un monde virtuel qui recrée exactement les scènes de crime passées. Et ce n’est pas tout : on peut aussi, pour les gens accrédités, se dédoubler dans un mirrorspace, un espace virtuel parallèle à notre univers physique. Tout ce déploiement technologique rend les opérations policières beaucoup plus efficaces, d’autant plus que la surveillance est omniprésente et les données récoltées en nombre considérable. De puissants ordinateurs les exploitent. On connaît tout sur tous … enfin presque ! L’ambiance futuriste s’accompagne d’un vocabulaire spécifique : reflets, specs, colibris, mollys, mirrorspace. Je n’insisterai pas sur la théorie du rasoir d’Ockham ou sur l’anomalie de Markov aussi évoquées dans le livre.
Le cadre est celui des environs de Bruxelles mais de grands changements climatiques se sont produits : outre qu’il ne cesse de pleuvoir, une partie de la Hollande a disparue sous les eaux et la montée des eaux continue.
Hillenbrand ne s’en tient à cet aspect futuriste, il montre aussi ce qui reste immuable : le jeu politique et la soif du pouvoir. Dans le contexte d’un vote pour une nouvelle constitution européenne, il y a ceux qui veulent conserver leurs prérogatives qui s’opposent à ceux qui souhaitent une redistribution des cartes. Les indécis, dont on ne connaît pas les intentions, représentent une incertitude que certains vont s’efforcer de lever de façon définitive.
Drone Land est à la fois une enquête traditionnelle par son déroulement mais aussi une investigation futuriste par l’utilisation de nouvelles technologies. C’est un roman dense et captivant qui aborde avec bonheur de nombreux domaines : les évolutions technologiques, la surveillance généralisée, la géopolitique, les changements climatiques.
Extrait :
Bien. Il y a une bonne dizaine d’années, lorsque le programme Tares a été mis en œuvre dans les territoires occupés par l’Union, certains programmeurs ont compris qu’avec les impressionnants volumes de données en temps réel que nos capteurs relevaient dans les recoins les plus obscurs et qu’on enregistrait sur des espaces de stockage, on pouvait concevoir une copie du monde, un monde virtuel. Ces programmeurs, et surtout un type génial du nom de Peter McDoyle, travaillaient pour Tallan Consolidated. Ils ont construit les premiers prototypes. Lorsqu’ils les ont présentés aux chefs d’états-majors de l’Union ainsi qu’aux responsables de la RR, ils n’en sont pas revenus. La perspective de pouvoir envoyer des espions invisibles dans presque tous les endroits du monde laissait entrevoir un pouvoir immense. Les militaires voulaient ces fantômes, et le plus vite possible. On leur a accordé un budget considérable et les équipes de McDoyle se sont mises au travail. Deux ans plus tard, les premiers esprits ont commencé à se déplacer dans le mirrorspace. Comme je le vois à votre regard impatient, vous connaissez déjà cette partie de l’histoire. Un sourire narquois s’affiche sur son visage.
Niveau de satisfaction :
(4,3 / 5)