Monteperdido – Augustín Martínez

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2015 (Monteperdido)
Date de publication française :
2017 (Actes Sud)
Genres :
Roman noir, enquête
Personnage principal : Sara Campos de la Brigade de Protection de la famille

Monteperdido est un village au fond d’une vallée entourée de montagnes et de forêts au cœur des Pyrénées. Là, deux fillettes de onze ans ont disparues à la sortie de l’école. Elles n’ont pas été retrouvées. Mais voilà que cinq ans après une voiture bascule au fond d’un ravin, le conducteur est tué sur le coup mais il y a quelqu’un d’autre dans la voiture qui n’est que blessé, c’est Ana une des jeunes disparues. Santiago Baín et Sara Campos, agents de la Brigade de protection de la famille de la police nationale, arrivent sur place pour mener l’enquête. Cet événement va raviver les craintes et les tensions chez les habitants du village, d’autant plus que le ravisseur semble bien être un des leurs.

L’auteur place l’intrigue dans une petite communauté fermée vivant quasiment en autarcie une bonne partie de l’année. En été il y a bien quelques touristes qui viennent admirer la nature sauvage et les paysages magnifiques mais la plupart du temps, surtout l’hiver, les gens sont entre eux. Ils se connaissent tous et n’apprécient guère les étrangers, sauf ceux qui sont de passage et laissent un peu d’argent. À Monteperdido, on parle une langue étrange, typique de ce village. Dans ce cadre, la réapparition d’une des filles perdues va soulever beaucoup de questions. L’inquiétude et la suspicion aussi. Surtout quand Ana commence à parler. Mais ses souvenirs semblent flous, à moins que ce soit une excuse pour ne pas tout dire. Pourquoi une telle attitude ? Que craint-elle ? Qui protège-t-elle ? Qu’est devenue Lucía sa copine ?

L’auteur observe avec acuité les réactions des habitants. L’événement a un impact sur tous, chacun réagit à sa façon. C’est la diversité des comportements que montre l’auteur. Monteperdido un village tranquille ? Pas si tranquille que ça finalement. Les vieilles rancunes, les secrets enfouis refont surface. Et les démons de chacun aussi. Les policiers eux-mêmes ont leur propre fragilité. Sara a des blessures qui datent de son enfance et qui l’affaiblissent encore. Son supérieur Santiago Baín est une sorte de père pour elle, il la protège et lui redonne souvent confiance. Augustín Martínez joue habilement sur le nombre et la complexité des personnages pour nous mener sur plusieurs fausses pistes. Les suspects se succèdent. Le suspense est ainsi entretenu jusqu’à la fin du roman qui reste surprenante.

Monteperdido est aussi un drame de l’amour, plus exactement du manque d’amour. C’est la misère affective et la solitude qui poussent les personnages à commettre des actes funestes.

Monteperdido est un roman noir, bien écrit (et bien traduit par Claude Bleton), sombre, dense et complexe. Un premier roman tout à fait remarquable.

Extrait :
Dans ce village, si on ignore comment s’appelle votre putain de grand-père et comment il prenait son café, vous êtes un étranger. On adore les gens qui vont et viennent et qui, au passage, laissent leurs billets de banque à Monteperdido. Mais ceux qui viennent et restent, on les trouve beaucoup moins marrants !

Gaizka se rappelait ces propos d’Álvaro, un soir où il était resté avec son ami et une bouteille de gin
— Parce qu’ils n’ont foutrement aucune idée de qui peut être ton grand-père.
— Pardi ! Ils ne peuvent pas dire par exemple “Tiens, voilà Gaizka, le petit à Sebastián”, ou des trucs dans ce genre…

Niveau de satisfaction : 
4.2 out of 5 stars (4,2 / 5)

 

 

Ce contenu a été publié dans Enquête, Espagnol, Remarquable, Roman noir, avec comme mot(s)-clé(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.