Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2016 (Revenge in a cold river)
Date de publication française : 2016 (10/18)
Genres : Enquête, historique
Personnage principal : Commissaire Monk
Depuis bien des années, j’ai du plaisir à lire les romans d’Anne Perry et à les faire connaître. Les enquêtes de Monk se situent aux alentours des années 1870 à Londres, près des quais et le long de la Tamise, puisque Monk dirige la police fluviale.
Dans Vengeance en eau froide, un premier cadavre, un dénommé Blount, est découvert dans la Tamise, noyé, mais victime aussi, post mortem, d’une balle dans le dos. C’est un détenu qui a échappé aux douaniers qui l’interrogeaient et qu’on soupçonnait d’être un faussaire réputé. Le chef des douaniers, McNab, refile l’enquête à Monk. Les relations entre McNab et Monk sont franchement inamicales, pour ne pas dire haineuses, et Monk, victime d’une absence de mémoire de son passé, suite à un accident de 1856, en ignore totalement la cause.
La situation ne s’améliore pas quand un deuxième prisonnier échappe aux douaniers et aux policiers qui le poursuivent; Monk cherche alors à sortir de l’eau le douanier Pettifer qui finit par se noyer, et dont la mort est attribuée à Monk par McNab.
Monk imagine d’abord qu’un gros coup se prépare contre le millionnaire Aaron Clive, qui a fait fortune en Californie au temps de la ruée vers l’or au milieu du siècle. Puis, il a plutôt l’impression, au moment où il est officiellement accusé du meurtre, que c’est lui-même qui est victime d’un complot visant à le discréditer et à le faire moisir en prison. D’où le recours à son ami, l’avocat Rathbone, qui a déjà accompli des miracles.
J’avoue d’emblée que ce roman m’a semblé écrit par quelqu’un d’autre qu’Anne Perry : ça prend beaucoup de temps à décoller; l’animosité entre Monk et McNab semble l’enjeu véritable de cette aventure; donc, une grande partie de la solution se trouve dans le passé, où tous les personnages principaux se retrouvent en Californie; dans tous les romans, Monk est handicapé par son amnésie, mais ici elle prend toute la place. Si ce peut être utile de revenir sur quelques événements passés, ne serait-ce que pour éclairer le lecteur, ici on revient longtemps sur le roman précédent et le personnage de Beata est longuement résumé; et sa relation avec Rathbone occupe une très grande place. Le procès lui-même, dont le motif est très mince, n’a rien de brillant. Et bien que les méchants finissent par être dénoncés, on ne connaît vraiment pas leur sort. Sauf celui d’un personnage secondaire qui avait commis un crime une quinzaine d’années auparavant. Enfin, notre pauvre Monk semble avoir pris un coup de vieux en un an : assommé par les circonstances, défaitiste, un peu perdu, vidé de son énergie.
Ou bien je traverse une mauvaise passe, ou bien c’est un roman qu’il vaudrait mieux oublier.
Extrait :
Monk était atterré. Il était parti dans l’intention de capturer Owen avant que McNab le trouve, peut-être pas cependant pour les meilleures raisons. Il avait espéré établir un lien entre les événements qui s’étaient déroulés récemment. D’abord, il y avait eu l’évasion et le meurtre de Blount, puis l’évasion d’Owen, le tout à quelques jours d’intervalle. Cela faisait-il partie d’un ensemble ? Au premier abord, on pouvait penser à une coïncidence, mais était-ce bien le cas ?
Les deux incidents étaient liés à l’administration des douanes. Monk avait toujours la certitude que les pirates qui avaient déclenché la fusillade où Orme avait trouvé la mort avaient été avertis de l’opération par McNab. Que c’eût été pour de l’argent, pour acquérir du prestige ou par simple inimitié à son égard, il l’ignorait. Tout comme il ignorait d’où venait cette inimitié. Il fallait qu’il le découvre et puis qu’il prouve cela, qu’il prouve tout. Il n’avait que trop attendu. McNab en avait-il conscience ? Monk avait-il sauté à pieds joints dans un piège que ce dernier lui avait tendu ? C’était une pensée glaçante.
Niveau de satisfaction :
(3 / 5)
Dommage. Je n’ai pas lu beaucoup de la série « Monk » mais je la préfère nettement à la « Pitt ».
A côté de Monk, Pitt peut avoir l’air un peu pépère. Mais l’amnésie de Monk le rend trop vulnérable et m’agace un peu. Ce doit être pire pour lui !