Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2018 (Albin Michel)
Genres : Roman noir, Thriller
Personnage principal : Pasdeloup Meunier, ancien militaire
Pasdeloup Meunier est un vétéran de l’armée. À 67 ans il entretient toujours sa forme. Il a fait du village fantôme de Goussainville son royaume. Et ce n’est pas la racaille ou les dealers qui vont venir faire la loi ou leurs affaires dans ce qu’il considère comme son domaine. Il est réputé être un type un peu dingue à qui il faut mieux ne pas casser les pieds. Pasdeloup va ensuite quitter le Vieux Pays pour un séjour en Israël afin d’assister à l’enterrement de son parrain. À son retour, il devra faire face à un autre danger qu’il connaît bien pour l’avoir déjà affronté.
L’auteur nous présente d’abord le décor : ce lieu étrange qu’est devenu Goussainville. C’est un village situé au bout des pistes de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, que les autorités ont décidé d’évacuer en rachetant les maisons. L’accident du Tupolev 144 qui s’écrasa sur le centre ville ne fit qu’accélérer l’exil programmé. Mais un grain de sable grippa toute la procédure bien huilée : l’église Saint-Pierre-Saint-Paul est classée. Interdiction de démolir à 500 mètres à la ronde. Les démolitions furent stoppées, le Vieux Pays est resté figé dans l’état de délabrement. C’est là que s’installe Pasdeloup et qu’il devient Monsieur Meunier, le maître des lieux. Ce cadre est intéressant et original mais l’auteur ne s’est pas cantonné à ce lieu exceptionnel. Il a envoyé son héros en Israël. Et là commence un autre roman dans d’autres lieux, avec d’autres personnages que peu de choses rattachent à la situation de départ. L’amour que montre alors l’auteur pour Israël est immodéré et l’image qu’il en donne très positive et sans nuances.
Le personnage de Pasdeloup est lui-même étrange. D’abord à cause de son prénom qui est une traduction française du prénom allemand Wolfgang. Son regard met mal à l’aise ses adversaires mais fascine les femmes avec ses yeux vairons, l’un noir et l’autre gris. C’est un séducteur ! À 67 ans, il pète encore les flammes et il est capable d’en remontrer aux petits jeunes. C’est un dur, un vrai ! Il a vécu des choses terribles : la perte d’êtres chers. Ça l’a endurci et même rendu insensible, il n’en est que plus redoutable. C’est un homme blessé et dangereux ! Il était aussi un soldat hors pair et un démineur sans peur. C’est un grand combattant ! Ce n’est pas un Juif de naissance mais c’est un Juif de cœur. Il aime beaucoup Israël ! Ce qu’il n’aime pas, c’est les terroristes, arabes, bien sûr. C’est un champion de la lutte anti-terroriste ! Bref, Pasdeloup est un papy coriace et inoxydable qui en remontrerait encore à James Bond. Ce vieux dur à cuire me paraît quand même un peu surfait et très caricatural.
Le Vieux Pays est un roman qui se présentait bien, avec comme décor un lieu désolé et insolite, mais la suite gâche le début prometteur en s’égarant en Israël dans un amour qui confine à l’adoration pour ce pays et ses habitants, en contradiction avec l’atmosphère austère de la première partie.
Extrait
Les deux femmes ont vu Pasdeloup garer sa moto devant sa porte. Il a pris son gros sac kaki sur le porte-bagages et est entré chez lui.
Deux minutes après, un des jeunes est sorti pour aller pisser sur la moto. Pasdeloup est sorti à son tour et s’est approché tranquillement de lui, alors qu’il s’esclaffait les mains encore dans sa braguette. Un petit coup de pied dans les parties génitales, un coup de tête en plein visage suivi immédiatement d’un coup de poing, et le jeune homme est tombé comme une masse. Pasdeloup l’a frappé encore une fois à terre, d’un coup de pied dans la tête. Les autres jeunes sont apparus, fous de rage. Pasdeloup a sorti un pistolet de sa poche et l’a pointé sur eux. Seule la fille, camée à mort, s’est jetée sur lui. Il l’a saisie par les cheveux, l’a fait tomber à plat ventre et lui a cogné la tête contre un pot de fleurs. Elle est restée allongée à côté du premier garçon. Pasdeloup a ensuite fait rentrer les autres dans la maison. Tout le monde a disparu. On a entendu deux ou trois détonations. Et exactement vingt minutes plus tard, la bande ressortait en désordre avec ses bagages. Ils ont récupéré leurs deux congénères sanguinolents, sont passés en zigzaguant sous les fenêtres de Jeanine Maro et ont dévalé la rue du Bassin pour ne plus jamais réapparaître.
Niveau de satisfaction :
(3 / 5)