L’heure du chacal – Bernhart Jaumann

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2010 (Die Stunde des Schakals)
Date de publication française : 2013 (Éditions du Masque)
Traduction : Céline Maurice
Genres : Enquête policière, politique
Personnage principal : Clemencia Garises, inspectrice de police à Windhoek, Namibie

Windhoek, capitale de la Namibie. Dans la chaleur accablante de janvier, un homme se fait flinguer dans son jardin. L’inspecteur Clemencia Garises, une jeune débutante dans le poste, se charge de l’affaire, ses collègues plus âgés n’ayant pas la moindre envie de se rendre où que ce soit un dimanche soir pour ramasser le cadavre d’un Blanc. Un peu plus tard un homme est enlevé à la sortie de l’aéroport, son cadavre sera retrouvé dans une voiture calcinée. Quelques jours après, Clemencia assiste en direct au téléphone au meurtre d’un troisième homme. Toutes les victimes avaient en commun d’appartenir au CCB (Civil Cooperation Bureau), une organisation liée à l’armée sud-africaine qui s’en prenait aux activistes qui luttaient contre l’apartheid. Ces trois hommes avaient participé, vingt ans auparavant, à l’assassinat d’Anton Lubowski, un militant anti-apartheid. Vengeance tardive ou autre motif ? Clemencia se démène pour trouver le coupable et arrêter l’hécatombe.

Le cadre et les personnages de ce roman ne sont pas communs. La Namibie, auparavant protectorat sud-africain, a acquis son indépendance en 1990. L’enquête menée par l’inspectrice Clemencia Garises remonte à des événements qui se sont déroulés peu avant l’indépendance, notamment l’assassinat de l’avocat Lubowski, dirigeant blanc de la SWAPO (South-West Africa People’s Organisation), organisation de libération de la Namibie. Cette affaire remonte à la surface quand les assassins présumés, peu inquiétés jusqu’alors, ont commencé à se faire descendre. Quelqu’un sait ce qui s’est passé et n’a pas oublié.

Dans ce pays jeune, c’est une jeune policière de 31 ans qui enquête. Elle est noire, habite avec sa famille nombreuse et envahissante dans un quartier pauvre, elle a bénéficié d’une bourse pour faire ses études. Elle n’a pas d’expérience mais elle est tenace et persévérante. L’exécuteur des hautes œuvres est tout aussi atypique. D’abord il se signale par une toux intermittente. Il est impitoyable mais il n’est pas guidé par la soif de destruction, plutôt par le besoin de faire rendre des comptes aux assassins de Lubowski. Il sait qu’il court à sa perte, et cela lui est complètement égal. Il n’a pas d’avenir, uniquement une tâche à accomplir. Cela le rend d’autant plus redoutable.

L’auteur aborde aussi le thème de la difficulté de connaître toute la vérité dans certaines affaires politiques entraînant ainsi une incapacité à faire appliquer une justice équitable. Cela donne à ce roman une fin quelque peu frustrante pour les amateurs de polars bien ficelés.

L’heure du chacal est un roman inspiré de faits réels mais avec des acteurs imaginaires. Il est complexe, dépaysant par son cadre et étonnant par ses personnages singuliers.

Extrait :
« Angula, on enquête sur quoi, en ce moment ?
— Comment ça ?

— Notre enquête ! Trois meurtres ! Janvier 2009 !
— Janvier 2009 ! répéta Angula en hochant la tête. Et les vrais coupables de l’époque continuent à se frotter les mains. »
Il déraille complètement, pensa Clemencia. Ils étaient partis de la supposition que les membres du CCB avaient été abattus parce qu’ils avaient eux-mêmes tué Lubowski. S’ils n’étaient pas coupables, ce motif n’était plus valable, et il n’y avait donc plus de raison de se plonger dans des histoires datant du siècle précédent ; en tout cas pas maintenant, pas tant qu’un tueur se baladait dehors avec une kalachnikov. Plus tard, il serait toujours temps de…

Angula commença à fredonner la première mesure de l’hymne national namibien, Land of the Brave, « Le Pays des braves ».

Hymne national de la Namibie

Windhoek, capitale de la Namibie

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

 

 

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