Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2017 (Earthly Remains)
Date de publication française : 2018 (Calmann-Lévy)
Traduction : Gabriella Zimmermann
Genre : Enquête
Personnage principal : Commissaire Brunetti (Venise)
Pas facile de combattre une addiction, surtout quand une série télévisée rehausse les couleurs et les ambiances d’une série de romans. Les Disparus de la lagune a été accueilli comme un bon roman par plusieurs commentateurs; pour ma part, je crois que ce dernier roman de Donna Leon m’a enfin guéri.
Le premier tiers du roman nous initie à l’art de la rame et nous fournit quelques notions élémentaires d’apiculture. Et, comme Brunetti est allé se reposer à l’île de Sant’Erasmo, il a apporté dans ses bagages un livre de Pline, ce qui nous vaudra quelques réflexions de l’auteur latin sur les animaux.
Puis, le gardien de la villa où demeure Brunetti disparaît au cours d’une tempête : meurtre, suicide ou accident ?, telle est la question !
Pour rompre la monotonie des tâtonnements de Brunetti, on fait un tour avec le sympathique Vianello et l’élégante commissaire Griffoni, on utilise les talents informatiques de la jolie Elettra et on accorde quelques paragraphes à Patta.
L’observateur moyen aura remarqué avec Brunetti que le gardien de la villa, Davide Casati, avait ramassé quelques éprouvettes de terre et d’eau, que l’amie de Davide a déjà enquêté sur la mort de la mer d’Aral, et que l’engagement social de Leon, en général, se concentre sur l’immigration et l’écologie. Reliant cela au fait que Casati et ses collègues travaillaient dans une grosse compagnie qui devait exporter une masse imposante de déchets, et sachant que ce genre d’exportation coûte cher, le lecteur devinera, bien avant Brunetti, quelle hypothèse il faut privilégier, surtout s’il a lu au préalable la quatrième de couverture.
Bien sûr, c’est bien écrit et la cause à défendre est louable, mais cela est insuffisant pour faire un bon polar.
Extrait :
« Que se passe-t-il ? » demanda instamment son supérieur. Brunetti trouva intéressant que Patta ne fasse pas allusion à son absence prolongée de la questure, ni à sa santé supposée fragile.
« Si vous parlez de l’homme qui est mort à Sant’Erasmo pendant que j’étais là-bas, je n’en sais pas plus que les habitants de l’île : il a été pris dans une tempête, est tombé de son bateau et s’est noyé. » (…)
« En vérité, je parlais des problèmes qu’a eus l’avocat Ruggieri. »
« Ha ha, se dit Brunetti. Mais bien sûr, bête que je suis. Comment Patta pourrait-il s’intéresser à la mort d’un homme, alors que le fils d’un notaire bien nanti traverse un moment difficile ? »
« Je suis désolé, vice-questor, répliqua-t-il, mais j’ignore tout de cette affaire. »
« Alors pourquoi êtes-vous ici ? »
« Comme j’ai trouvé le corps de l’homme qui s’est noyé, dottore, je pensais qu’il serait correct d’établir un rapport, avec l’espoir que cela accélère les démarches. »
« Brunetti vit passer une telle vague de méfiance dans les yeux mi-clos de Patta qu’il craignit de subir sur l’heure une séance de torture.
« Est-ce la vérité ? », s’informa le vice-questeur d’une voix suffisamment grave pour contenir toute la menace qu’il y injectait.
« Oui, signore. Je n’ai plus songé à cet entretien depuis qu’il a été suspendu », confirma Brunetti, réendossant son rôle de victime d’un évanouissement provoqué par un cœur affaibli.
Niveau de satisfaction :
(3 / 5)