Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2013 (Kobra1)
Date de publication française : 2014 (Seuil)
Traduction : Estelle Roudet
Genre : Enquête, thriller
Personnage principal : Benny Griessel, policier des Hawks
C’est mon premier roman de Deon Meyer. Besoin sans doute d’un peu d’exotisme. Et puis, les vins d’Afrique du Sud ne sont pas mauvais. À vrai dire, Meyer ne joue pas tellement sur l’exotisme : bien sûr, la population est tricolore : ceux qui vivaient là avant la conquête, les Zoulous, très noirs qui parlent zoulou (langue bantoue); les Néerlandais (appelés aussi Hollandais), ou Afrikaners qui parlent afrikaans langue germanique, qui sont souvent métis; et les Anglais en général Blancs. Parmi les officiers qui assurent l’ordre, la capitaine Mbali Kaleni est d’origine zoulou, Benny Griessel, inspecteur de police à Capetown et le colonel Nyathi, chef de l’unité de groupe contre les crimes violents, sont blancs. Mais tout cela est tellement mêlé qu’on oublie ces caractéristiques en cours de route. Et les problèmes de conflits entre les différents corps de police ressemblent tellement aux nôtres (canadiens, américains, français) qu’on ne se trouve pas du tout dépaysé.
Dans un domaine viticole de Franschhoek (Stellenbosch), trois hommes sont méthodiquement abattus, dont deux gardes du corps expérimentés engagés pour protéger un important scientifique anglais Paul Anthony Morris, qui est disparu. Lorsque Griessel essaye de fouiller un peu, il se heurte aux résistances du consulat britannique et de sa propre hiérarchie. Les agents des Hawks, brigade spéciale des enquêtes criminelles, s’aperçoivent que leurs ordis, leurs téléphones et même leurs bureaux sont sur écoute.
Pendant qu’ils se débattent avec ces problèmes internes, à la marina du Cap le pickpocket Tyrone Kleinbooi est surpris la main dans le sac et sur le point d’être interrogé; les agents de sécurité sont alors subitement abattus par un tueur cagoulé. Les douilles abandonnées sur les lieux sont gravées d’une tête de cobra, ce qui permet à Griessel d’établir un lien entre cet attentat et celui de Franschhoek. Tyrone s’enfuit avec son sac qui semble contenir ce que recherchent le ou les meurtrier(s), mais sa sœur est enlevée et va servir de monnaie d’échange. Cette tentative échoue, Tyrone se retrouve blessé et sa sœur à l’hôpital.
Tyrone élabore un plan plus complexe pour échanger la carte-mémoire si recherchée contre la santé de sa sœur et une bonne somme d’argent, mais la partie sera rude et son adversaire n’est pas seul.
D’un autre côté, les policiers tentent de le retracer en décodant les téléphones qu’il utilise. Et là, c’est une course folle où Griessel et Mbali seront mis à contribution. L’échange se fera à moitié parce que les policiers sont sur place. Reste à retrouver le savant enlevé et à protéger la sœur de Tyrone.
On finira pas comprendre le qui et le pourquoi de cette affaire mais, au moment où tout semble bien se terminer, une terrible catastrophe viendra rappeler que la lutte contre la corruption et la cupidité n’est jamais terminée.
Un roman, finalement, assez classique, plein de rebondissements, qui ferait un bon film d’action; les deux intrigues se croisent naturellement, les personnages sont assez typiques et ça prendrait un ou deux romans de plus pour se familiariser avec eux. Le policier principal est correct, il est en train de vaincre son intoxication à l’alcool et ses faiblesses personnelles ne nuiront pas à son travail si elles ne l’empêchent pas trop de dormir.
1Dans certaines éditions françaises, le tire anglais Kobra est resté !
Extrait :
– Je suis la directrice de BodyArmour, une société de sécurité privée basée au Cap Nous avions loué la guest-house, et notre contrat avec le domaine de Petit Margaux comporte une CC. Ils n’ont pas…
– Une quoi ? la coupa Cupido.
– Une clause de confidentialité, répondit-elle en gardant avec peine un ton calme.
– Pour quoi faire ? demanda Cupido.
– Si vous m’en laissez l’occasion, je vais vous expliquer…
– C’est une course contre la montre, madame.
– J’en suis consciente, mais…
– Nous sommes les Hawks. Nous n’avons pas de temps à gaspiller en parlottes et autres singeries.
– Parlottes ?
Griessel vit qu’elle commençait à perdre son sang-froid. Son visage exprimait un mélange de colère et de chagrin. Elle se pencha en avant et pointa un doigt accusateur vers Cupido.
– Vous croyez que j’ai envie de papoter pendant que mes hommes sont étendus raides morts dans cette guest-house ? Arrêtez votre numéro et asseyez-vous que je puisse vous donner les informations dont vous avez besoin. Ou je sors d’ici et vous pourrez toujours essayer de me joindre.
– Je n’ai pas d’ordres à recevoir d’une…
– S’il-vous-plaît, intervint Griessel d’un ton sec (…)
Jeannette Louw prit une minute pour se calmer puis elle s’adressa à Griessel.
– Tout d’abord, puis-je savoir combien il y avait de corps à l’intérieur ?
– Deux, répondit Griessel.
– Deux seulement ?
– Oui.
– Pourriez-vous me les décrire, s’il-vous-plaît ?
– Entre 35 et 40 ans, cheveux courts, minces, rasés de près, ils portaient apparemment tous les deux des Glock…
Jeannette Louw leva la main pour l’interrompre. Elle ferma les yeux, puis les rouvrit.
– Ce sont tous les deux mes hommes. B. J. Kikter et Barry Minnaar (…) Ils étaient gardes du corps
– Qui était la troisième personne dans la maison ? demanda Griessel.
– Mon client. Paul Anthony Morris.
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)