Oiseau de nuit – Robert Bryndza

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2016
(The Night Stalker)

Date de publication française : 2019 (Belfond)
Traduction : Chloé Royer
Genre : Enquête
Personnages principaux : Erika Foster, DCI Londres1

J’avais lu tout d’une traite son premier roman, La fille sous la glace, et ce n’était pas nécessairement bon signe. Il y a des romans si captivants qu’on ne peut pas les lâcher. Mais il y en a d’autres qu’on lit vite pour passer au suivant.

Des hommes sont retrouvés nus et attachés sur leur lit, étouffés par des sacs fabriqués exprès pour le suicide, drogués au préalable : un riche médecin, un animateur populaire d’un spectacle télévisuel, un écrivain qui met en scène des hommes qui brutalisent les femmes. Le groupe de policiers londoniens dirigés par Erica Foster enquête. Peu d’indices: une empreinte d’oreille sur une vitre, des traces d’ADN qui mènent sur de fausses pistes, absence de témoins. Ça piétine et l’enquête risque d’échapper à Erica, d’autant plus qu’elle connaît la troisième personne décédée et le suspect qu’on a arrêté. Envers et contre tous, elle s’acharne, désobéit à son patron et au bon sens, fonce en avant sans peur et sans reproche, et échappe à la mort de justesse.

Ce n’est pas l’action qui manque. Mais, à part Erica, les autres personnages sont peu développés. On peut difficilement se les représenter en encore moins s’attacher à eux, donc à leur histoire également. Quant à Erica, c’est difficile de sympathiser avec elle : égoïste, ambitieuse, malheureuse rongée par la culpabilité et obsédée par son travail, irrespectueuse eu égard à ses supérieurs et désagréable avec presque tous les autres, elle cultive un me-myself-and-I, tout en comprenant mal qu’on ne l’apprécie pas. Parfois, la personnalité de l’enquêteur ou de l’enquêtrice passe au second plan, parce que l’intrigue est géniale, mystérieuse, déroutante, parsemée d’ingénieux rebondissements; ou parce que le milieu ou le paysage où l’action se déroule est décrit avec la précision d’un sociologue-historien ou le charme d’un conteur-poète. Pas de ça ici, où les invraisemblances et les raccourcis se multiplient.

Une dernière remarque plus personnelle : il est normal que, dans un roman policier, se glisse une opinion favorable à une cause sociale, l’homosexualité, par exemple. Inutile, pour ce faire, d’introduire plusieurs personnages; dans la série télévisée Instinct, le couple Dylan/Andy, mine de rien, est un sérieux atout en faveur de l’homosexualité et du mariage gai.

En conclusion, ce polar me rappelle les romans de Julien Saurel (alias Pierre Daignault) que je dévorais quand j’étais ado; chaque roman de 32 pages se vendait à 30 000 exemplaires. Au total : 28 millions. C’est certain que le roman de Bryndza est plus développé. Il y a quelques années, à une époque pré-tablettes, on l’aurait probablement classé, avec tout le respect que je peux y mettre car je n’ai rien contre le divertissement, dans les romans de gare.

1 DCI = Detective Chief Inspector

Extrait :
La porte d’entrée, vitrée, jetait une flaque de lumière sur la moquette, mais, en avançant vers le salon, Erika se retrouva dans l’obscurité complète. La porte de la seconde chambre était entrouverte, la silhouette des deux énormes fauteuils à peine visible dans l’ombre, menaçante, silencieuse.
La musique s’interrompit un moment, et Erika s’efforça de guetter le moindre son en provenance du salon. Puis, la basse sourde, sans mélodie discernable, reprit sur le même rythme. La porte de la salle de bain, elle aussi, était grande ouverte, et la pollution lumineuse de la côte s’infiltrait par une petite fenêtre au-dessus de l’évier. Les yeux d’Erika commençaient à s’habituer à la pénombre.
Elle surprit un froissement, puis un reniflement, et s’arrêta net, tendue comme un arc. Reprenant lentement sa progression, elle tira son téléphone de sa poche, et en activa la lampe au moment précis où elle franchissait la porte. (…)
Sans comprendre ce qui lui arrivait, elle se retrouva violemment plaquée contre le mur, un couteau sous la gorge
.

Prison de Belmarsh

Niveau de satisfaction :
3.1 out of 5 stars (3,1 / 5)

 

 

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