Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2014
(La Martinière)
Genre : Biographie illustrée
Personnages principaux : Sherlock Holmes
C’est un livre que j’avais reçu en cadeau et que j’avais pris surtout pour un livre d’images. C’est, en réalité, bien plus que ça. Bien sûr, les illustrations (près de 150) sont choisies avec soin, dont plusieurs de Sidney Paget pour le Strand, et beaucoup d’autres rappelant les films anciens et nouveaux, de même que les plus récentes séries télévisées. Mais le choix des sujets sur lesquels nous informe l’auteur est très pertinent et ses exposés sont clairs et vont chercher l’essentiel. Pour un néophyte comme pour un vieil amateur dans mon genre, ce livre est précieux, intelligent et agréable.
Neuf chapitres composent le livre : une courte histoire sur la fin du XIXe siècle, en particulier la révolution industrielle (qui entraîne la séparation radicale entre les pauvres et les riches) et l’avènement des sciences humaines et expérimentales, comme la biologie et la chimie; ce que Holmes a emprunté à Scotland Yard et la réciproque; les précurseurs Gaboriau et Poe, et le mentor de Conan Doyle, le docteur Joseph Bell; autour de Holmes, les femmes, Watson, Mycroft, Moriarty, le colonel Moran; Conan Doyle esclave de Holmes et le Grand Hiatus; la multiplication des figures de Holmes, un succès hallucinant international.
À part les illustrations de Paget, les amateurs seront heureux de retrouver les photographies des deux représentants immortels de Holmes : Basil Rathbone et Jeremy Brett. Et celles de nos jeunes héros des séries télévisées, Sherlock (Cumberbatch) et Elementary (Johnny Lee Miller et Lucy Liu en Watson). Ces belles images à elles seules enrichissent notre mémoire et émeuvent notre sensibilité.
La Société Sherlock Holmes de France a reproché au livre de Bastardi Daumont plusieurs erreurs de date et d’orthographe (je n’ai pas eu accès directement à cette critique et je me réfère à quelques résumés). Je n’ai pas vu de fautes d’orthographe comme telles, et mettre des accents aux noms propres dans une version française ne m’apparaît pas comme un péché mortel. Pour les dates, c’est possible, mais c’est souvent un travail de bénédictin qui s’impose pour retracer les dates véritables. Bastardi Daumont a préféré employer son temps à recueillir des illustrations pertinentes et à écrire un texte clair et agréable; ce n’est pas une thèse de doctorat. Qu’un spécialiste se plaise à rechercher les chiures de mouches dans un bel ouvrage plutôt qu’à en écrire un lui-même, je veux bien. Chacun son métier. Et ça n’empêche pas cette Société de publier, par ailleurs, un excellent magazine (https://www.sherlockians.com/sshf.). Pour ma part, une seule ambiguïté mériterait d’être corrigée dans une éventuelle réédition, c’est le texte de la note de la page 117 : « Andrew Scott a donné de Sherlock Holmes une interprétation remarquable… ». Un lapsus a ici substitué au nom de Moriarty le nom de Sherlock Holmes.
Il en aurait fallu plus que ça pour m’empêcher de jouir de cet inestimable livre-cadeau.
Extrait :
Agressions, vols, meurtres : pour le passionné de crime, à la fin du XIXe siècle, aucune ville d’Europe n’est aussi attirante que Londres… Grâce à la révolution industrielle, sa population est passée de 850 000 habitants en 1810 à plus de six millions au début du XXe siècle. Cette explosion démographique pousse les classes défavorisées à pratiquer toutes sortes de petits métiers afin de subsister : les rues sont pleines d’aiguiseurs de couteaux, de fleuristes, de chanteurs, marchands de journaux, diseuses de bonne aventure… À Londres apparaissent aussi des tueurs en série tel Jack l’Éventreur, ou des as de la manipulation comme Adam Worth. Cette situation inédite place Holmes dans un vivier de criminels en perpétuel renouvellement. Le crime est partout : les guides mettent en garde les touristes étrangers contre les pickpockets, spécialité londonienne; on retrouve chaque semaine des corps découpés dans la Tamise ou ailleurs, et jusque dans le chantier de construction des nouveaux bâtiments de Scotland Yard…
Niveau de satisfaction :
(4,4 / 5)