Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2018 (Absolute Proof)
Date de publication française : 2020 – Fleuve noir
Traduction : Raphaëlle Dedourge
Genre : Thriller mystico-religieux
Personnage principal : Ross Hunter, journaliste d’investigation
Ross Hunter, journaliste d’investigation, reçoit un appel téléphonique d’un ancien professeur de l’histoire de l’art lui assurant avoir la preuve de l’existence de Dieu. Cet homme a besoin d’un journaliste de réputation comme Ross pour l’aider à être pris au sérieux. Il est porteur d’un manuscrit qu’il prétend avoir écrit sous la dictée de Dieu lui-même. Le texte contient trois informations sous forme de coordonnées géographiques. Les premières désignent l’endroit où se trouve le Saint-Graal. Les deuxièmes, permettent de localiser un objet ayant appartenu à Jésus-Christ. Les troisièmes coordonnées ont à voir avec la Seconde Venue de Jésus sur terre. Ross se demande s’il a affaire à un fou, mais un détail de sa vie passée révélé par l’homme l’ébranle suffisamment pour qu’il se décide d’aller sur place faire une vérification aux endroits signalés par les coordonnées. Il met ainsi le doigt dans un terrible engrenage.
Je connaissais le Peter James créateur du commissaire Roy Grace, un policier aux méthodes peu conventionnelles, mais humain et attachant. Changement total de décor et de style dans cette Preuve ultime. On passe du polar classique au thriller mystico-religieux à grand spectacle. Peu importe la vraisemblance, là on fait dans le sensationnel, l’époustouflant, le truc à couper le souffle. Et donc l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère. Nous trouvons un manuscrit inspiré par Dieu lui-même (si ! si !). Le Saint-Graal ? Pas de problème on va le dénicher ! L’ADN de Jésus Christ ? On l’aura aussi, ce qui permettra de trouver ses descendants. Finalement le monde entier assistera stupéfait à un phénomène météorologique aussi spectaculaire qu’inexplicable, sauf pour le journaliste Ross Hunter. Lui, sait ce que tout cela signifie. Il a bien fait de me pas lâcher l’affaire, il tient le plus grand scoop de tous les temps !
Peter James ne manque pas d’ambition pour se lancer dans un tel roman. Les révélations sont si énormes que j’ai hésité entre admirer l’auteur pour son imagination ou éclater de rire tellement c’est incroyable. Ce livre est un mélange de naïveté et d’audace assez étonnant. Quant à la preuve ultime, sans dévoiler le fin mot de l’histoire, je dirai que je suis resté assez dubitatif quant à son caractère irréfutable.
L’éditeur proclame : « 19 millions d’exemplaires vendus dans le monde ». Un best-seller donc. Effectivement l’auteur a mis dans ce livre tous les ingrédients du best-seller moderne : – scénario travaillé – pédagogie sur la religion – beaucoup de dialogues – solitude et grande adversité pour le héros, mais soutien d’une femme intelligente, jeune et jolie, bien sûr ! – écriture cinématographique … L’éditeur s’est chargé de la publicité sur les réseaux sociaux. Est-ce une grande œuvre littéraire pour autant ? Je laisse aux lecteurs le soin de faire leur propre jugement. Pour ma part, je synthétise mon degré de satisfaction par la note au bas de l’article.
Pour goûter ce genre de bouquin il faut abandonner tout esprit rationnel et s’ouvrir sur l’existence du merveilleux. Ne pas se poser de questions sur la vraisemblance, accepter la présence d’une part de fantastique. Ne pas être gêné par l’utilisation des ficelles un peu grosses de la fabrication d’un best-seller. Si vous avez aimé le Da Vinci Code ou les films d’Indiana Jones, vous êtes probablement le genre de lecteur qui saura apprécier ce roman aussi spectaculaire qu’invraisemblable.
Extrait :
— Selon le professeur, Dieu pense que, si la foi était rétablie, nous repartirions sur le droit chemin. Mais, au Moyen Âge, quasiment tout le monde avait la foi, et cela n’a pas empêché des siècles de guerre, puis l’holocauste et les attaques nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki. Pourquoi en irait-il autrement aujourd’hui ?
Delaney esquissa un sourire empreint de sagesse et redevint momentanément une seule personne, un vieil homme à la peau fripée.
— Peut-être parce que les foules écoutent une poignée de personnages arrogants. Des scientifiques et des spécialistes imbus d’eux-mêmes, qui pensent qu’il ne peut rien y avoir de plus important dans l’univers que leur ego. Des gens persuadés de savoir comment le monde a commencé, mais qui ne peuvent pas l’expliquer. Ils parlent de façon convaincante du big-bang, mais ça ne va pas très loin. Des particules sont entrées en collision, et puis ? Qui les a placées là ? Ils évitent soigneusement d’aborder ce sujet. Tout comme ils évitent la question du pourquoi. Pourquoi quelqu’un a-t-il mis ces particules là ? Personne ne peut répondre à ça, parce que la seule réponse possible, c’est : quelqu’un de plus grand que l’homme.
Niveau de satisfaction :
(3,8 / 5)