La marque du père – Emelie Schepp

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2017 (Pappas Pojke)
Date de publication française : 2020 – HarperCollins
Traduction : Rémi Cassaigne
Genres : Enquête policière, thriller
Personnage principal : Jana Berzelius, procureur

Il n’y a plus de crème. Je ne peux pas faire de ragoût de viande sans crème. C’est ainsi que Sam Witell se retrouve au supermarché pour acheter de la crème et qu’il assiste en direct, depuis son téléphone, au meurtre de sa femme et l’enlèvement de son fils. Les policiers Henrik Levin et Mia Bolander sont chargés de l’enquête sous la direction de la procureur Jana Berzelius. Le père, Sam Witell, est d’abord soupçonné, puis, au fil de leurs investigations, les policiers découvrent que la mère était dépressive et qu’elle ne manifestait aucune affection envers son fils. L’affaire se révèle complexe. Le temps presse pour retrouver vivant le jeune kidnappé. Le père s’impatiente. En parallèle Jana Berzelius revoit surgir un passé violent qu’elle voudrait oublier.

L’intrigue est d’abord constituée d’une enquête policière classique sur un meurtre et un enlèvement. Une enquête méticuleuse qui avance pas-à-pas. Ce qui est beaucoup moins classique, c’est la personnalité de la procureur Jana Berzelius qui dirige cette affaire. Jeune, elle a vu ses parents se faire abattre, avant d’être enlevée avec d’autres enfants. On les avait alors conduits sur une île et dressés à devenir des enfants soldats. Des tueurs à gages, dont la mort était l’unique mission. On leur a donné des nouveaux noms qu’on a gravés sur leur nuque. Pour Jana c’était KER : la déesse de la mort. De ce passé, Jana a conservé une violence et l’art de se battre qui la rend redoutable. Elle a deux vies : celle de procureur, civilisée et tranquille, et celle de la combattante qui n’hésite pas à tuer.

L’histoire est divisée en courts chapitres qui montrent alternativement les agissements des divers personnages. C’est avec une certaine malice que l’auteure installe un suspense à la fin ce chaque chapitre. Ce procédé fonctionne bien, il maintient le lecteur sous tension, même s’il s’avère un peu répétitif à la longue.

C’est le quatrième tome de la série Jana Berzelius. Il se lit en autonome, indépendamment des précédents. Cependant j’ai regretté que l’histoire, menée simultanément à l’enquête, celle qui oppose Jana et un des ses anciens compagnons de combat, n’aboutisse pas dans ce livre. Elle sera probablement reprise dans un prochain volume. Je n’aime pas du tout cette méthode : j’estime qu’une histoire qui commence dans un fascicule doit finir dans le même. On n’est pas dans un roman feuilleton.

Si vous avez aimé Millénium, vous succomberez, proclame le bandeau. Le seul point commun entre ce roman et Millénium, c’est que tous les deux sont l’œuvre d’auteurs suédois. À part ça, je ne vois pas d’autre rapport.

L’auteure réussit à installer et maintenir un bon suspense, ce qui fait de ce livre un agréable divertissement. Il se distingue par son personnage principal, Jana Berzelius, un procureur comme on en voit peu !

 Extrait :
Sam sursauta en percevant un cri aigu mais étouffé. Troublé, il regarda autour de lui, vers l’intérieur du magasin, avant de comprendre que ça sortait du téléphone.
— Qu’est-ce qui se passe, Jonathan ? demanda-t-il, sans obtenir de réponse. Allô ? Jonathan ?
— Papa…
La voix de Jonathan tremblait.
— Papa, il y a quelqu’un chez nous.
— Quoi ? fit-il, sentant son sang se glacer. Qui ça ?
— Maman, elle…
— Quoi, maman ? s’inquiéta Sam en traversant le parking. Jonathan ?
— Maman ? entendit-il Jonathan appeler.
Sa voix tremblait de plus en plus.
— Elle ne répond pas. Elle est juste couchée là, par terre, dit Jonathan.
— Couchée par terre ? Mais où ?
— Dans l’entrée. Il l’a tapée.
— Qu’est-ce que tu racontes ? éclata Sam. Quelqu’un a tapé maman ? Mais qui ? Qui l’a tapée ?
Il ouvrit la portière d’un coup et jeta le pack de crème sur le siège passager.

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

 

 

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2 réponses à La marque du père – Emelie Schepp

  1. Jacquet dit :

    Bonjour,je souhaitais vous parler d’un roman noir d’une auteure Charlie Clarck roman :Si seulement.Il m’a boulversé,ce livre est addictif j’ai eu beaucoup de mal à m’en détacher.Il pose beaucoup de questionnement,et parle des pires angoisses que peuvent avoir les parents d’adolescents.Vous l’avez peut-être déjà lu, si ce n’est pas le cas ne passez pas à côté.Dans l’attente de vous lire,bonne journée

    • Ray dit :

      Bonjour,
      Je vous remercie de nous signaler ce roman que nous n’avons pas lu. Je le note. Votre commentaire élogieux ne peut que susciter notre intérêt pour ce livre, même si d’en l’immédiat nous avons une bonne pile d’autres livres à chroniquer.

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