Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2020 – Éditions Michel Lafon
Genre : Thriller écologiste
Personnage principal : Commandant Virgil Solal, leader écolo-terroriste
Après une mission dans le delta du Niger, un des endroits les plus pollués du mode à cause de l’extraction du pétrole, le commandant Virgil Solal rentre en France pour assister à la naissance de son premier enfant, une fille. Hélas, le bébé meurt juste après sa naissance d’une infection respiratoire due à la pollution de l’air. Désespéré, Solal disparaît.
Deux ans plus tard une vidéo arrive au siège de la Police Judiciaire de Paris montrant un homme dans une cage de verre dans laquelle entre un tuyau relié à un moteur de voiture. Le prisonnier est le PDG de Total. Le chef des ravisseurs, représente le groupe Greenwar. Il demande, à visage découvert, une rançon de 20 milliards d’euros. Cette rançon est accompagnée de conditions très spéciales : à chaque action en faveur de la préservation de la planète, une déduction de 5 milliards d’euros sera accordée. L’homme donne une liste de quatre actions écologiques significatives permettant de récupérer l’intégralité de la rançon et de sauver le PDG. La négociation a été suivie en direct sur les réseaux sociaux. Internet s’enflamme sur ce sujet. Le leader de Greenwar est vite identifié : c’est l’ex-commandant Solal. Greenwar fait de nombreux adeptes. Un mouvement mondial s’enclenche. Mais peut-on contraindre les grandes entreprises à une transition écologique forcée ?
L’intrigue met en scène un militaire qui a accompli avec succès des missions dangereuses, il a été récompensé par la croix de la Valeur militaire pour acte de bravoure. Un militaire parfait ! Jusqu’à la mort de son enfant. Alors il lâche tout, disparaît et réapparaît deux ans plus tard en écolo-terroriste déterminé à faire payer ceux qui ont provoqué la mort de sa fille et de millions d’autres personnes.
À travers la démarche de Virgil Solal, l’auteur pose la question de la violence légitime quand l’inaction des gouvernements et la recherche du profit des géants de l’industrie et des finances provoquent des millions de morts. Les manifestations et défilés pacifiques en faveur d’une transition écologique ne pèsent pas lourd face aux profits des multinationales et des banques. Ne reste que l’action violente pour se faire entendre. Norek, à travers l’avocat de Solal, invoque même la légitime défense en comparant l’action des pollueurs à un meurtre en réunion : la planète serait la scène du crime, les grandes entreprises pollueuses seraient coupables d’homicides répétés et l’humanité serait une seule et même victime.
Ce livre est une fiction, les personnages sont imaginaires, mais les faits sur lesquels l’intrigue s’appuie sont, eux, on ne peut plus réels. L’auteur le prouve en citant, à la fin du roman, ses références : il y a des médias, des associations, des organisations internationales, des organismes scientifiques, des revues scientifiques, des sites Internet … Tout est parfaitement étayé par un gros travail de documentation.
Impact est une œuvre militante. C’est un homme en colère qui a écrit ce livre. Il y a des écrivains qui n’hésitent pas à s’engager personnellement pour défendre une cause. Rendons-leur hommage. Après Fred Vargas dans L’humanité en péril – Virons de bord, toute ! Olivier Norek adopte la même démarche : lancer un cri d’alerte pour toucher un public différent de celui qui est déjà sensible aux problèmes de l’écologie. Et en plus son bouquin est captivant, il y a du suspense et de l’action. C’est un bon thriller écologiste.
Extrait :
À la limite de l’incident d’audience, Attal accéléra son débit et se tourna vers les journalistes pour les prendre à témoin de cette situation aberrante.
– Autant vous dire que l’inquiétude ne règne pas au Cac 40, dont personne n’ignore que 1450 filiales parfaitement identifiées s’évadent dans des édens à la fiscalité accommodante. Et c’est bien parce que ces grandes entreprises craignent de perdre leur bel argent, leurs actions, leurs dividendes et leurs monopoles que la transition écologique ne se fait pas. Tout le monde le sait, mais ni l’État ni les tribunaux ne les punissent. Économie et écologie sont étroitement liées, leur avenir est le nôtre, mais pour la première, vous êtes sans effet, et pour la seconde, vous êtes en sommeil. C’est un déni de justice, puisque jamais aucun des patrons de ces grandes firmes ne sera inquiété pour les dommages écologiques collatéraux de ses activités. Et je répète ici mon étonnement : ce serait à vous, qui laissez faire depuis si longtemps, que l’on accorderait le pouvoir de juger cette affaire ?
Niveau de satisfaction :
(4,3 / 5)