Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2020 (The Tally Stick)
Date de publication française : 2021 – Éditions de l’Aube
Traduction anglais (Nouvelle-Zélande): Benoîte Dauvergne
Genre : Roman noir
Personnages principaux : Katherine, adolescente – Suzanne, tante des enfants Chamberlain
Sur une petite route de l’Île du sud de la Nouvelle-Zélande et sous une pluie torrentielle, une voiture quitte la route et bascule dans un précipice. Ainsi disparaît la famille Chamberlain, les deux parents et quatre enfants, dont un bébé. Les trois grands enfants survivent à l’accident en se réfugiant dans un trou sur la berge de la rivière dans laquelle a sombré la voiture. Quelques jours plus tard survient un homme qui les amène dans sa ferme où ils sont nourris et soignés. Une nouvelle vie commence pour eux.
En Angleterre, Suzanne, la sœur de la mère de la famille Chamberlain, s’inquiète de leur disparition. Elle fait des recherches lors de plusieurs voyages en Nouvelle-Zélande. Sans succès. Trente-deux ans après, elle reçoit un appel lui signalant qu’on a retrouvé les restes humains d’un de ses neveux. Chose étonnante, l’analyse des ossements indique qu’il aurait vécu quatre années après la disparition de la famille. Où ? Comment ? D’autres membres de la famille seraient-ils toujours vivants ? Suzanne reprend les recherches.
L’intrigue se déroule dans deux lieux éloignés l’un de l’autre. D’une part, au fond d’une vallée perdue de Nouvelle-Zélande où les enfants ont été recueillis et, d’autre part, à Londres où la tante des enfants ne se résout pas à accepter la disparition subite et inexpliquée de toute la famille de sa sœur. Par des allers-retours incessants entre ces deux endroits l’auteur nous montre ce que vivent les enfants et les investigations de la tante. C’est avec subtilité et une certaine malice que l’auteur nous révèle des pans entiers de l’histoire tout en laissant dans l’ombre d’autres éléments importants. Ainsi il attise la curiosité du lecteur et crée une attente. Les pièces du puzzle s’assemblent progressivement et ce n’est qu’à la fin que nous avons une vision globale et complète de l’histoire.
Ce que montre aussi Carl Nixon, c’est l’adaptation ou le refus des enfants pour cette nouvelle façon de vivre en autarcie à laquelle ils sont contraints. L’une va s’épanouir dans ce nouvel environnement austère au plus proche de la nature alors qu’un autre ne pensera qu’à retrouver la civilisation. Recommencer une nouvelle vie, totalement différente de la précédente, n’est pas donné à tout le monde. Certains sont prêts pour ça et d’autres non.
En définitive, Une falaise au bout du monde est un bon roman noir, assez original, avec une intrigue efficace, des personnages crédibles et la présence d’une nature sauvage et exigeante.
Extrait :
Maurice hocha solennellement la tête puis il pivota presque gracieusement sur l’herbe grâce à sa béquille et s’éloigna, le bâton à encoches dans sa main libre. Kate éprouva l’envie irrépressible de le rappeler, de le supplier, de le menacer et même de le faire chanter pour qu’il reste. Il lui en coûtait de l’admettre, mais sa plus grande peur n’était pas que Maurice se perde dans le bush ni qu’il soit roué de coups par Peters, une fois que celui-ci l’aurait rattrapé. Non, ce qui la terrifiait, c’était qu’il réussisse vraiment à trouver une ville parce qu’ensuite, des inconnus viendraient la chercher. Ils la forceraient à quitter la vallée. Et elle aurait beau insister pour rester chez Martha, personne ne l’écouterait.
La peur au ventre, Kate suivit son frère du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse en boitant au loin.
Niveau de satisfaction :
(4,1 / 5)