Les Folles Enquêtes de Magritte et Georgette – Nom d’une pipe! – Nadine Monfils

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2021
(Robert Laffont)
Genres :
historique, enquête
Personnages principaux :
Magritte, Georgette (son épouse)

Je ne connaissais pas Nadine Monfils et j’ai lu très peu de romans belges (Simenon excepté). Je garde pourtant le souvenir d’un flânage agréable sur la Grande Place de Bruxelles et d’un souper mémorable dans un restaurant de Bruges qui a les pieds dans le canal, le Duc de Bourgogne. C’est cette atmosphère détendue, malgré les meurtres, qu’on retrouve avec plaisir dans le roman de Monfils. Et, au centre de l’enquête, le peintre énigmatique René Magritte qui, avec son épouse, s’efforce de résoudre l’assassinat de quelques jeunes femmes.

La première jeune femme assassinée aurait été aperçue par Magritte, qui l’avait peut-être plus imaginée que clairement vue. D’où l’intérêt qu’il porte à l’enquête. Le policier Jefke lui dévoile les indices matériels, Georgette les interprète, et Magritte effectue les visites qui s’imposent auprès de personnages déroutants.

La description de la vie quotidienne à Bruxelles au milieu du XXe siècle est attachante, mais ça n’empêche pas Magritte d’enquêter pour vrai, d’interroger des suspects, de passer par des fenêtres et de fouiller des appartements (activités qui lui rappellent son adolescence turbulente). Il finit ainsi par reconstituer et comprendre les événements qui ont mené à ces tragédies.

Ceci dit, même si l’enquête n’est pas négligée, l’auteure ne cache pas son plaisir de faire revivre la jeunesse du peintre, son caractère, ses frasques, l’origine de plusieurs de ses toiles et la conception de son art. Monfils a toujours été une passionnée de l’étrange univers de Magritte; elle a rencontré sa femme, Georgette, et a même été invitée dans leur demeure de Schaerbeek. C’est aussi une grande admiratrice de Jacques Brel, et la rencontre qu’elle imagine entre Brel et Magritte est particulièrement émouvante.

Bref, ce roman est une belle occasion de revoir des sites pittoresques de la Belgique et de Bruxelles, ses bars à frites et ses habitants souvent pittoresques. C’est un roman qui m’a donné beaucoup de plaisir mais, comme je l’évalue en tant que roman policier, la note attribuée doit tenir compte de ce contexte particulier.

Extrait :
– Voici mon dernier tableau, la Chambre d’écoute, fit-il, en lui présentant sa toile sur laquelle figurait une énorme pomme verte qui envahissait tout l’espace.
Pourquoi ce titre ?
Nous refuserons en toutes circonstances d’expliquer ce que précisément l’on ne comprend pas.
Martha fixa Magritte de ses yeux de grenouille agrandis par les verres épais de ses lunettes. Visiblement, ça lui passait au-dessus des pâquerettes.
C’est surréaliste, lâcha-t-elle.
Ce mot ne signifie rien pour moi. Je n’ai ni le temps ni le goût de jouer à l’art surréaliste. J’ai une tâche énorme devant moi : imaginer des objets charmants qui réveilleront ce qui nous reste de l’instinct de plaisir (…). Il ne s’agit pas d’étonner par quelque chose, mais que l’on soit étonné d’être étonné
.

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

 

 

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