Douce, douce vengeance – Jonas Jonasson

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale :
2021 (HÄMNDEN ÄR LJUV)
Date de publication française :
2021 – Presses de la Cité
Traduction (suédois) :
Laurence Mennerich
Genre :
Humour
Personnages principaux :
Jenny, jeune femme blanche – Kevin, jeune homme noir – Hugo, patron de la société La vengeance est douce SA – Victor, marchand d’art arriviste – Ole Mbatian, homme-médecine dans un village africain

En Suède, Victor, homme aux idées fascistes, arriviste à tous crins, trouve le moyen de se faire embaucher dans une grande galerie d’art à Stockholm. Il réussit même à épouser Jenny, la fille du propriétaire, plus jeune que lui de vingt ans. Mais Victor a deux problèmes : sa jeune épouse d’abord, c’est elle l’héritière de la galerie, elle possède le capital. Il y a aussi un fils qu’une prostituée noire, fréquentée régulièrement, lui assure être la conséquence de leurs rapports tarifés. Victor a des ressources : il manœuvre si bien qu’il réussit à s’attribuer la propriété de la galerie tout en reléguant son épouse dans un petit appartement de banlieue. Premier problème réglé ! Quant au fils, Kevin, fraîchement découvert, il tentera d’en faire le repas des lions, en l’abandonnant complètement démuni en pleine savane après un long voyage au Kenya. Deuxième problème réglé ! Mais parfois la vie réserve des surprises et finalement Victor ne pourra pas profiter tranquillement des biens si malhonnêtement acquis.

L’auteur met en place une galerie de personnages pas piquée des vers – Victor bien que travaillant dans le domaine des arts est inculte et grossier. Issu d’un milieu modeste, il a une obsession : s’enrichir et grimper socialement. Complètement dénué de scrupules, tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins – Jenny, sa jeune épouse, n’est pas la nunuche simpliste qu’on pourrait croire. Elle laisse Victor à ses magouilles pour être tranquille. Elle est érudite et cultivée, contrairement à son vieux mari – Kevin est le fils dont le père a voulu se débarrasser en l’abandonnant aux lions. Il va trouver en Afrique un père d’adoption qui lui donnera l’affection qui lui a manqué – Hugo est un homme d’affaires qui a eu la riche idée de créer une boîte qui offre aux gens le service d’une vengeance par procuration. Il est toujours à l’affût d’un nouveau business – Ole Mbatian, homme-médecine dans un village reculé de la savane africaine, a deux femmes et huit filles, alors quand un garçon comme Kevin tombe du ciel à ses pieds, pour lui c’est un cadeau des dieux ! En fait Kevin est simplement tombé de l’arbre en haut duquel il s’était réfugié pour échapper aux lions. Ole Mbatian fera de ce fils adoptif un véritable guerrier massaï … enfin presque, à une circoncision près, car Kevin n’a pas voulu se soumettre à ce dernier rite de passage.

L’intrigue est aussi farfelue que les personnages. Elle est aussi complexe que tortueuse. Elle nous permet de voyager de la savane kenyane à la Suède. Le choc des cultures nous offre toute une gamme de situations comiques. C’est souvent extravagant et loufoque, pas toujours dans la légèreté et la subtilité mais ça fait rire.

Jonas Jonasson fait partie des rares auteurs scandinaves à écrire des fictions humoristiques dont le but est de procurer une franche rigolade. C’est appréciable par les temps qui courent. Douce, douce vengeance est un roman pas vraiment sérieux, un brin potache, divertissant et récréatif.

Extrait :
Grâce aux échanges avec ses premiers clients et ceux inscrits sur sa liste d’attente, Hugo comprit que rester dans la légalité n’intéressait pas son public. C’était l’intention de départ d’Hugo, mais elle limitait les possibilités et exigeait plus de réflexion. Or le temps, c’est de l’argent.

Pour faire court, « légal » était synonyme de plus cher et moins efficace.
En conséquence, Hugo ajusta sa boussole morale. Il envisagerait des méthodes illégales, tant qu’elles restaient raisonnables, en gros. Qui causait des emmerdes récolterait des emmerdes équivalentes.
Cependant, même l’idée d’une vengeance proportionnelle aux torts subis n’encourageait pas le client à sortir son chéquier. En revanche, les gens étaient disposés à payer à hauteur des dégâts qu’Hugo leur promettait, sans se soucier de la loi ni de la nature de la provocation. Ils appliquaient le principe librement interprété de la Bible : yeux pour œil, dents pour dent. Les humains étaient des êtres profondément misérables. Hugo n’était pas certain de faire exception.

Homme massaï

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

 

 

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