Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2022 (Éditions Pierre Tisseyre)
Genres : Enquête, thriller
Personnage principal : Sophie Comtois, sergente-détective
Le cadavre de Noah Brisson, un policier, est découvert dans le coffre d’une vieille voiture abandonnée dans le stationnement d’un Walmart de Gatineau. Il s’agit de l’ancien amoureux de la sergente-détective Sophie Comtois, qui s’est séparée de lui il y a plus d’un an. Comme par hasard, le veilleur de nuit de ce Walmart est Bénison Toussaint, et l’automobile appartenait à Martin Dembelle, deux Noirs récidivistes qui ont fait partie de la gang de Tucker Moon. Ils seront bientôt soupçonnés, puis accusés du meurtre de Brisson. À première vue, le mobile n’est pas évident; il semble, cependant, que ces accusations font partie d’un projet de vengeance du policier Pascal Lemire, qui a été humilié dans une enquête précédente par Sophie Comtois, et dont la réputation de misogyne et de raciste est bien connue : l’idée serait de relier Dembelle à sa cousine Krystel, qui lui aurait remis l’argent promis par Comtois pour assassiner son ex. En même temps, on tente d’intimider et même d’assassiner Sophie, qui ferait partie d’une liste de policiers dont on envisage de se débarrasser, particulièrement des femmes « qui n’ont rien à faire dans ce métier ».
Sophie est chamboulée par tous ces événements et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle est dure de comprenure[1]. Heureusement, elle est aidée par la journaliste Marie-Lune Beaupré et les policières Krystel, Agnès et Thouria, chacune ayant des connexions fort utiles. L’enquête est difficile parce qu’on doit faire face à un affrontement à la Sureté du Québec et à la police de Gatineau entre les policiers formés à la vieille école « Tu tires d’abord et tu poses les questions après! » et les jeunes policiers sensibles à la discrimination raciale, à la violence familiale et aux cas de maladies mentales. D’autant plus qu’une relation paraît établie entre certains policiers, qui profiteraient du trafic de la drogue, et la gang de Tucker Moon.
On se doute bien que Sophie va finir par s’en sortir, mais certains dommages collatéraux, comme on dit, risquent de frapper ses amies et son ami Félix et sa fille Ariane. Malgré les apparences, je ne parierais pas d’ailleurs sur l’avenir de Sophie et Félix.
Dans Péril sur le fleuve (dont le commentaire a été publié ici le 12 janvier 2017), Lessard se livrait à une sorte de plaidoyer écologique; dans Crime parfait, Lessard plaide pour la nouvelle formation des policiers et pourfend les tendances racistes et misogyniques de la vieille garde. Ça n’enlève rien à l’intrigue principale et le lecteur se soucie vraiment de savoir comment Sophie et ses amies parviendront à retourner la situation en leur faveur.
[1] Expression québécoise signifiant lente à comprendre.
Extrait :
« Mes amis, maintenant que les trois que vous savez nous ont quittés, nous sommes au nombre de 20, tous tatoués, qui avons tous juré de nous consacrer à exécuter le plan qui va permettre de nettoyer le bois mort dans nos rangs et de remplacer tous les wokes empêcheurs et empêcheuses de tourner en rond par des hommes, des vrais, dévoués corps et âme à faire régner la loi et l’ordre, qui ne plieront pas devant ces supposées femmes fortes qui aspirent à nous remplacer, mais qui n’ont pas la trempe nécessaire pour occuper des postes aussi importants. Il faut continuer le recrutement jusqu’à ce qu’on puisse forcer la main du gouvernement et l’obliger à nommer les nôtres aux postes où se prennent les vraies décisions. Nous avons déjà des membres très fiables à Gatineau, Laval, Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke. Avec Marc Landry, nous allons consolider nos rangs et en purger tous les sans couilles comme Brisson, Laliberté et Sylvain. Policelifematters ! »
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)