Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2022 – Éditions Lajouanie
Genre : Roman noir
Personnages principaux : Quelques habitants du village de Montcalme
La petite agglomération de Montcalme portait bien son nom jusqu’à ce qu’une série d’incidents exceptionnels ne vienne perturber la routine quotidienne. Pourtant le Comité de vigilance citoyenne veille à la sécurité de la communauté en organisant des patrouilles et en traquant les vagabonds tandis que les épouses, quand elles ne sont pas parties, sont maintenues à la maison pour s’occuper des enfants et des tâches ménagères. Ce comité rassemble l’élite du village : employé de mairie, médecin, instituteur et gros agriculteur. Ce sont des chasseurs, armés et au fort taux d’alcoolémie qu’ils entretiennent régulièrement au seul bistrot de la commune. Mais un jour tout dérape : une femme disjoncte, un vagabond chaparde des épis de maïs pour se nourrir, une épouse se réfugie dans le bois de la Fauve où rôde un félin femelle mangeur d’hommes. Les évènements se précipitent, il y a des morts, sauvagement assassinés.
L’auteur s’en donne à cœur joie, il met en scène un formidable jeu de massacre dans lequel ceux ou celles qui étaient sous la domination d’un mari ou d’un patron se rebiffent violemment. Les hommes qui étaient dominants, les mâles brutaux, misogynes et xénophobes, finissent mal alors que les femmes en souffrance se libèrent et commencent à apprécier la vie.
C’est souvent cru et violent, l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère dans ses descriptions de tête explosée, de crâne éclaté, de corps bouffé tout cru. Mais on sent qu’il y a aussi une sorte de jubilation à infliger une punition aux gros butors, bas de front, et à voir réapparaître l’espoir et la joie chez celles qui étaient opprimées.
Dans ce roman, la morale n’est pas sauve. La libération n’est pas acquise dans le calme et le respect de la loi, c’est plutôt par décharge de chevrotines en pleine tête ou à coup de cric sur la tronche. Malgré cela, ou grâce à cela, ce livre décapant est réjouissant pour ceux qui ne sont pas trop bégueules.
Extrait :
Lionel Lagarde avait deux L, comme un oiseau de proie. C’est ainsi qu’il se présentait aux inconnus. De quoi atteindre le ciel en un rien de temps. Il visait la fonction suprême. Élu du peuple. Maire de Montcalme, le village qui l’avait vu prendre son envol. Son physique d’enfant mal proportionné tenait plus du handicap que de la simple imperfection. Dégarni avant l’heure, il portait sa casquette de chasse en tous lieux, par tous temps. Il compensait son absence de charisme par une sorte d’agressivité préventive. La peur, entretenue grâce à une perfusion télévisuelle constante, orientait chacune de ses décisions. La peur de l’autre. La peur de manquer. La peur de l’abandon. De la maladie. De la mort. Du mauvais sort. Du mauvais coup.
Niveau de satisfaction :
(4,2 / 5)