Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2020 (Death with a Double Edge)
Date de publication française : 2021 (10/18)
Traduction (anglais) : Florence Bertrand
Genre : Enquête
Personnage principal : Daniel Pitt, avocat
Daniel Pitt est requis pour identifier un cadavre sauvagement assassiné, parce que sa carte de visite avait été trouvée dans la poche du manteau de la victime : il s’agit de Jonah Drake, avocat principal chez fford Croft et Gibson, un collègue de Daniel, mais qui a trente ans d’expérience. Il est parvenu il y a quelque temps à faire innocenter le jeune Evan Faber, fils du millionnaire Erasmus Faber, magnat de la construction navale, qui était accusé d’avoir assassiné Marie Wesley, une courtisane dont il était l’amant. Daniel, assisté de son collègue et ami Toby Kitteridge, se livre à une sorte d’enquête pour savoir ce que le très distingué Drake faisait en pleine nuit dans cet endroit malfamé du Mile End. La réputation du bureau d’avocat est en jeu, et on ne peut pas trop compter sur le patron Marcus fford Croft, qui semble sur son déclin, manque de concentration et manifeste quelques trous de mémoire. La police ne semble plus intéressée à dénicher le véritable coupable et l’enquête doit demeurer discrète afin d’éviter que le bureau ne soit compromis. Puis, le jeune Faber est à son tour assassiné et son cadavre est découvert dans le même quartier. On s’est moins acharné sur son corps mais la même arme semble avoir servi. Survient un troisième meurtre.
Jusque là, Thomas Pitt, père de Daniel et directeur de la Special Branch, ne s’est pas trop impliqué, mais l’enlèvement de Charlotte, son épouse, lui force un peu la main. Daniel et Kitteridge tentent de déchiffrer les notes de Drake, pendant que Thomas Pitt puise dans ses informations et utilise quelques contacts. On parvient au même résultat. On part à la recherche de Charlotte et du criminel qui se cache derrière tous ces meurtres.
Au départ, le problème est intéressant parce que mystérieux : qu’est-ce que Drake allait faire dans ce quartier malfamé ? Pourquoi s’est-on acharné sur lui ? Est-ce que Marcus est impliqué ? Y a-t-il un rapport avec le procès qu’il a gagné en innocentant Evan Faber ? Et pourquoi Faber est-il tué à son tour ? Mais, pendant plus de la moitié du roman, Daniel n’arrête pas de se poser les mêmes questions sans qu’on avance d’un pas. Et lui-même est plus hésitant que jamais. Ça devient franchement irritant, d’autant plus que les personnages sont peu nombreux; donc, on retrouve toujours les mêmes qui se posent toujours les mêmes questions. On s’ennuie du « vrai » Pitt, de Monk et même d’Elena. Sauf que, à partir du chapitre 11, où Charlotte se fait enlever et où William décide d’intervenir, il devient difficile de lâcher le roman. Le rythme s’accélère, le suspense s’intensifie, l’affrontement décisif se prépare et les comptes se règlent. On vient de retrouver l’indestructible Anne Perry, alors que les 200 premières pages pouvaient laisser croire que c’était foutu. Ce qui est certain, c’est que Daniel a encore besoin de son père !
Extrait :
Il faisait encore grand jour quand Thomas Pitt arriva chez lui, bien qu’il fût six heures du soir. Le lendemain serait le premier jour de juin.
Il remonta la courte allée qui menait à la porte d’entrée, remarquant à peine les fleurs épanouies. Les jaunes et bleus du printemps avaient cédé la place aux couleurs éclatantes des freesias.
Il glissa sa clé dans la serrure et ouvrit la porte.
Charlotte l’entendrait et viendrait l’accueillir, comme toujours. Peut-être était-ce cela que « rentrer à la maison » voulait dire. Non pas le retour dans le logis familier, mais Charlotte qui venait à sa rencontre.
– Hou, hou ! appela-t-il.
Un silence lui répondit, suivi de bruits de pas dans l’entrée. Des pas rapides, différents de ceux de Charlotte. Minnie Maude accourait, la consternation sur ses traits.
– C’est vous, monsieur… s’écria-t-elle.
– Qu’y a-t-il ? demanda Pitt, saisi d’une crainte soudaine, absurde. Il est arrivé quelque chose ?
La servante était agitée, visiblement inquiète.
– Je ne sais pas, monsieur. Lady Pitt est allée se promener ce matin et je ne l’ai pas vue depuis. Cela m’ennuie d’appeler Mrs Emily pour lui demander si elle est là-bas. Ce n’est pas à moi de le faire, mais ce n’est pas dans les habitudes de Madame de sortir sans nous prévenir, la cuisinière et moi…
Elle se tut, redoutant d’avoir outrepassé son rôle.
– Ce matin ? répéta-t-il, perplexe. Et elle ne vous a pas dit à quelle heure elle reviendrait?
– Non, monsieur…
– Elle ne vous a rien dit ?
Minnie Maude secoua la tête.
– Non, monsieur…
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)