Nos meilleurs amis sont les morts – Jean Lemieux

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2023 (Québec Amérique)
Genre :
Enquête
Personnage principal :
André Surprenant, sergent-détective au SPVM

Montréal, 12 mai 2012 : les manifestations des Carrés rouges contre la hausse des frais de scolarité se multiplient. Ça n’empêche pas les crimes ordinaires de se commettre : ainsi, Maître Jean-Claude Ladouceur, notaire, est retrouvé égorgé dans le sous-sol de sa maison d’Ahuntsic. Saigné comme un porc. On retrouve à ses côtés un petit carré rouge. Le sergent-détective André Surprenant est chargé de l’enquête. Par principe, on soupçonne sa jolie veuve, Mireille McLean, d’autant plus qu’elle avait un amant et que l’argent de son mari est disparu. Il faut attendre l’assassinat de Vincent Liggio, probablement lié au clan Rizzuto, pour qu’une piste se dégage : Liggio a été égorgé comme le notaire. Même modus operandi. L’argent semble au centre de l’affaire et Mireille McLean est de plus en plus suspecte. Sauf qu’elle se fait tuer à son tour.

L’enquête sur ces trois morts ne permet pas aux policiers de se faire une idée. Mais ces événements semblent liés à une noyade suspecte en septembre 95 : la jeune Ariane Bellemarre, 17 ans, est retrouvée noyée au lac Nitagan. Or, les principales personnes qui sont liées aux morts sur lesquelles enquêtent Surprenant et son équipe étaient au lac à cette époque : le notaire Ladouceur et sa femme Mireille, le banquier millionnaire Pierre Mélanson, qui aimait s’entourer de jeunes hommes et filles, Léonard McLean, le père de Mireille, et Amélie Charron, l’amie d’Ariane. Il semble que Surprenant (déjà légèrement blessé par une balle) et sa famille soient menacés par le tueur; l’affaire reste obscure; et ça n’empêchera pas le sergent-détective de creuser une nouvelle piste. En espérant que cette noyade soit un meurtre, en réalité, et que la solution éventuelle de ce meurtre jette quelque lumière sur l’assassinat de Ladouceur, Liggio et Mireille McLean.

C’est un roman d’enquête et, pour neutraliser l’ennui qui risque de frapper le lecteur à cause des redondances liées à des séries d’entrevues, l’auteur insiste sur des parenthèses comme la famille de Surprenant, les relations entre policiers et journalistes, les problèmes de Surprenant avec certains de ses confrères (dont son grand patron Bob Coupal), l’apprentissage de la jeune Alice Verreau, la mafia montréalaise… De sorte que, à défaut d’être ennuyé par les multiples entrevues qui n’apprennent pas grand-chose d’utile aux policiers, le lecteur finit par être étourdi par le grand nombre de parenthèses, la profusion des personnages, et la multiplication des hypothèses. Par ailleurs, Surprenant n’est pas facile à suivre, procédant plus par intuitions que par déductions. Par souci de réalisme, sans doute, et pour échapper à la figure du détective héroïque, Lemieux décrit un Surprenant bien ordinaire et peu attachant.

Bref, ce n’est pas facile d’entrer dans ce roman.

Extrait :
Surprenant déjeuna en vitesse, tira son Walter de son coffre-fort et se rendit en taxi chez le concessionnaire BMW près de l’autoroute Décarie. L’ami Frank Santini avait tenu parole : une vieille 328 top shape l’y attendait, 120 000 kilomètres au compteur, d’un vert bouteille douteux et sentant Un jardin sur le Nil, sans doute le parfum de sa dernière propriétaire. C’était aussi le préféré de Maria Chiodini, l’ex-épouse de Surprenant qui avait refait sa vie en Toscane comme dans les films. Sommet du G14, odeur de Maria, il prit Décarie vers le nord, puis la Métropolitaine vers l’est, envahi par Maude et Félix, ses enfants. Il avait parfois le sentiment de les négliger. Inséparables dans leur jeunesse, ils semblaient emprunter, adultes, des chemins divergents. Maude la littéraire vivait avec son chum horticulteur et leur fils Paul dans un 5 et demie de la rue Saint-Dominique, mais ne voyait pas comment agrandir sa famille et acquérir une maison sans s’exiler en banlieue. Félix l’informaticien-boursicoteur et sa Bouba branchée venaient de troquer avec profit leur loft de Griffintown  pour un duplex malade, plus près du centre-ville.

Manifestation des Carrés rouges

Niveau de satisfaction :
3 out of 5 stars (3 / 5)

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2 réponses à Nos meilleurs amis sont les morts – Jean Lemieux

  1. michel dufour dit :

    Lemieux a été médecin aux Iles-de-la-Madeleine. C’est dans ce paysage inspirant que se sont déroulés ses premiers romans. Il faut lire On finit toujours par payer, dont on a tiré un assez bon film: La peur de l’eau.

  2. Carole dit :

    Bonjour,

    J’ai passé un bon moment de lecture.

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