Un carrosse nommé désir – Frédéric Lenormand

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2018 (JC Lattès)
Genres : Enquête, historique
Personnage principal :
Voltaire

La série Voltaire enquête existe depuis 2011 (La baronne meurt à 5 heures). Ce Carrosse nommé désir est le huitième de la série. La marquise préférée de Voltaire, Émilie du Châtelet, est sur le point de faire un bon héritage. Voltaire espère qu’elle achètera le superbe hôtel Lambert  la pointe de l’Île Saint-Louis. Mais le banquier qui devait leur avancer la somme, Charles Michel de Roissy, disparaît. On craint qu’il n’ait été enlevé.

Voltaire se lance à sa recherche dans un Paris en ébullition : on se prépare pour les noces de la fille aînée de Louis XV, qui vient d’avoir douze ans. Pour éviter la circulation, l’intendant Béranger avait accompagné le banquier Michel de Roissy dans une barque pour franchir la Seine jusqu’au quai du port Saint-Paul, avant de le pousser dans un fiacre en direction de sa garçonnière. Arrivé à destination, le fiacre était vide, le banquier était disparu.

Quelques indices mènent Voltaire à La Sphynge, genre de pâtisserie qui abrite une sorte de bordel sophistiqué pour initiés. Son titre de philosophe attire au moins la curiosité des jeunes filles, mais laisse indifférent le molosse Bertin, qui s’apprête à rosser le philosophe, sauvé, in extremis, par le soulier de Béranger qui assomme le crâne du géant. Puis, il livre un duel à l’astrologue Onésimus. Enfin, pour approcher une suspecte, Voltaire va jusqu’à se déguiser en religieuse. Il risque sa peau plus d’une fois en passant d’un suspect à une autre. Toujours sans savoir si l’épouse du banquier préférerait qu’on  retrouve son mari mort plutôt que vif.

En fait, même si l’intrigue est cohérente, elle multiplie les rebondissements comme dans les romans d’aventures de la fin du XIXe siècle, ce qui étourdit le lecteur autant que Voltaire. Mais là n’est pas l’essentiel. On lit Lenormand pour jouir des répliques de Voltaire et pour apprécier la dérision dont il est victime, mais avec tellement de sympathie. Bref, un roman de vacances qu’on parcourt avec un sourire.

Extrait :
– Au début, dit Justine, mon père espérait que maître
Onésimus lui prédirait le sort de ses navires partis sur l’océan. Le naufrage d’un vaisseau et de sa cargaison lui coûte une fortune (…) Maître Onésimus lui a promis chaque fois une heureuse traversée, aussi mon père le voit-il comme un démiurge.
Depuis lors, le prophète écoutait les vents, observait les planètes, les éléments lui révélaient les bonnes dates pour les semis, pour les fumures et pour la récolte.
C’est un savoir légué par les Grecs, précisa-t-il.
− Ah, oui, dit Voltaire. Ça et la salade de fromage de brebis à l’huile d’olive.
Onésimus était satisfait de se voir enfin reconnu par un penseur.
− Vous êtes adepte de la philosophie, vous et moi sommes frères en grécitude.
− Toutes les grandes familles ont leur faible d’esprit, dit Voltaire.

L’Île Saint-Louis

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

Ce contenu a été publié dans Enquête, Français, Historique, Remarquable. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.