Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2023 – Seuil
Genre : Thriller
Personnage principal : Emma, 24 ans, aveugle et traductrice en braille – Ludivine, 17 ans, lycéenne – Zora, 34 ans, lieutenant de police
Emma est correctrice pour une maison d’édition. Elle travaille sur des livres en braille, elle est aveugle. Elle se sent souvent observée et épiée, elle est sur les nerfs. De son côté, Ludivine, lycéenne, est très intéressée par un nouvel élève de sa classe. Il est intrigant : il ne fait aucun effort pour s’intégrer et se tient à l’écart, mais son côté bad boy plaît à Ludivine. Ces deux filles vont tomber amoureuses et cela va modifier complètement leur vie. Zora appartient à l’unité parisienne de police des affaires non résolues. Elle s’intéresse à la disparition d’une jeune fille qui a eu lieu dans sa ville natale de Rennes, il y a sept ans de cela. Ces trois femmes vont se trouver réunies par un lien resté longtemps invisible.
Les trois personnages féminins qui dominent cette histoire ont en commun le lieu où se déroule l’action, la ville de Rennes, mais ils n’évoluent pas à la même époque : l’histoire de Ludivine se situe sept ans avant celles d’Emma et de Zora.
Ludivine est une adolescente, souvent en conflit avec ses parents, sa mère en particulier. C’est de son âge. Elle est mignonne, friquée, appréciée et jalousée. Tomber amoureuse d’un garçon rebelle, différent des autres, va changer radicalement sa vie.
Emma aussi va être amoureuse et ça changera son existence. Elle est aveugle, mais ses autres sens sont plus développés que la moyenne. Elle ressent les choses sans les voir, elle sait quand quelqu’un l’observe. Elle sera apaisée quand un homme bienveillant et protecteur entrera dans sa vie. Du fait de son handicap, Emma a les apparences de la fragilité, les apparences seulement.
Zora évolue à Paris dans une brigade chargée des affaires non résolues. Elle est originaire de Rennes et sa mère qui a travaillé dans une famille dont la fille a disparu, insiste pour qu’elle s’occupe de cette affaire dont l’enquête n’a pas abouti. Sur son temps personnel et en dehors de toute enquête officielle, Zora va mener ses propres investigations.
L’auteur nous a concocté une intrigue très bien ficelée. C’est une mécanique de précision dont les engrenages s’enclenchent parfaitement. Les indices apparaissent au fur et à mesure que se développe le récit. Ils sont d’abord suggérés, avant qu’ils ne soient définitivement révélés. On va progressivement de l’obscurité vers la lumière, c’est très efficace.
Dans mon obscurité est un roman bien réalisé. Il y a tous les ingrédients pour plaire à un large public : tension, suspense, faux-semblants, retournements de situations. Il n’est ni révolutionnaire ni novateur, mais il est construit avec astuce et précision. C’est la recette du best-seller. C’est une bonne lecture de distraction qui ne vous prend pas la tête, n’en attendez pas davantage.
Extrait :
Soudain, le bruit reprend. Paradoxalement, il est plus léger, plus ténu que lorsque j’étais dans la chambre. Des ongles égratignant le bois… Je tourne la tête vers l’entrée. Il y a quelqu’un derrière la porte, j’en suis certaine. Quelqu’un qui gratte sciemment le battant pour attirer mon attention. Ou plutôt pour me faire peur et m’obliger à ouvrir. C’est un piège : l’inconnu est revenu. Il sait que je ne peux rien voir à travers l’œilleton. Peut-on d’ailleurs voir quoi que ce soit quand la cage d’escalier est plongée dans l’obscurité ? Je ne m’en souviens pas, tout cela remonte trop loin. Les grattements en staccato sont plus rapprochés, comme si les doigts s’acharnaient à creuser un sillon dans le bois. Je suis folle – ou peut-être ne le suis-je pas. Pour en avoir le cœur net, je n’ai d’autre solution que d’aller ouvrir.
Niveau de satisfaction : 
(4,2 / 5)
