La lionne blanche – Henning Mankell

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 1993
(Den vita lejoninnen)
Date de publication française : 2004 (Seuil, Poche)
Traduction (suédois) :
Anna Gibson
Genres :
Enquête, thriller
Personnage principal :
Kurt Wallander, inspecteur de police (Ystad)

J’ai retrouvé ce vieux Mankell en cherchant quelque chose d’autre dans des boîtes remisées depuis longtemps dans un garde-robe. Avant Stieg Larsson et sa trilogie percutante Millénium, c’est Mankell qui avait donné un souffle nouveau au polar suédois. L’inspecteur de police Kurt Wallander s’est fait connaître aussi bien en Europe qu’en Amérique; Kenneth Branagh l’a même incarné dans une série télévisée de douze épisodes de 2008 à 2016.

En Scanie, l’agente immobilière Louise Akerblom visite une maison et elle est reçue par une balle en plein front. Au même moment, en Afrique du Sud, le tueur professionnel Victor Mabasha accepte la mission d’éliminer un homme politique de premier plan. Il sera formé en Suède par l’ex-agent du KGB, Konovalenko.

Peu après, on retrouve le corps de Louise, puis un doigt ayant appartenu à un homme noir. De sorte que, en enquêtant sur la mort de Louise, Wallander se retrouve mêlé à un complot ourdi par les nationalistes blancs d’Afrique du Sud. Il s’en faudra de peu pour que Mandela échappe à une tentative d’assassinat.

La construction de cette histoire est complexe et réalisée de façon impeccable. Les informations historiques sur les relations entre les Boers, les Anglais et les Noirs d’Afrique du Sud nous rafraîchissent la mémoire. Et le plaidoyer contre l’apartheid ne manque pas de vigueur. On retrouve l’intelligence de la construction, la sensibilité de la compréhension et l’art du suspense propres à Mankell.

Ce qui m’a tenu un peu à l’écart, c’est le personnage de Wallander. Je ne tiens pas à ce que les policiers ou les détectives apparaissent comme des super-héros, mais ici la déchéance du policier d’Ystad m’a considérablement gêné. On savait déjà qu’il était rongé par la culpabilité, mais maintenant il ne mange plus, ne dort plus, boit beaucoup et est devenu pratiquement incapable d’entretenir des rapports humains avec son père, sa fille et ses collègues. On savait que Mankell voulait se débarrasser de Wallander, peut-être parce qu’il reconnaissait en lui des tendances personnelles qu’il se reprochait. Ou simplement parce qu’il souhaitait qu’on ne le regrette pas trop une fois qu’il aurait disparu.

Extrait :
De Klerk scruta Scheepers du regard.
─ Je suppose que tout ce que vous venez de m’apprendre est exact.
─ Oui. Il n’y a aucun doute.
─ Aucun ?
─ Aucun.
De Klerk resta un moment silencieux.
─ Je comprends leur raisonnement, dit-il. Les conséquences seraient encore plus effroyables. Une immense révolte chez les Noirs, avec les conséquences qu’on peut imaginer… et un groupe de Boers influents attendant à l’arrière-plan le moment d’intervenir pour mettre fin à la guerre civile. La Constitution est balayée, les instances du pouvoir sont mises hors jeu. Un régime corporatiste prend sa place, composé à parts égales de militaires, de policiers et de civils. L’avenir devient un état d’exception permanent.

Niveau de satisfaction :
4.2 out of 5 stars (4,2 / 5)

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