Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2023 (Hachette, Marabout)
Genres : Introspection, psychologique
Personnage principal : Diane Choinière, photographe licenciée
C’est le premier roman de Louise Oligny, née au Québec en 1963 et déménagée en France depuis 1989, où elle travaille comme photoreporter.
Son personnage principal, Diane Choinière, travaille comme photographe pour le magazine La Chronique Hebdo, à Alfortville. Par souci économique, on lui propose une diminution de salaire et elle refuse. 55 ans, divorcée, sans enfant, et maintenant ni travailleuse ni chômeuse. Diane n’avait pas imaginé la difficulté à se retrouver un emploi. Passer par les avocats pour obtenir un dédommagement prend du temps et de l’argent; elle n’a ni l’un ni l’autre.
Dans une bonne partie du livre, Diane nous confie sa dégringolade : elle sombre dans la rage et la rancune, maudissant la direction du magazine. Abrutie par l’alcool et les anxiolytiques, elle menace le directeur et ses larbins et elle les assassine fantasmatiquement, mais publiquement. Ce qui était imprévu, c’est que les directeurs successifs du magazine se font tuer ou pousser au suicide. Diane devient suspecte et, comme elle ne se souvient pas de ses faits et gestes au moment des meurtres, engourdie et endormie par l’alcool et les drogues, il lui est impossible de se défendre.
C’est bien écrit, ça se lit tout seul, mais ce n’est pas parce que des personnes sont assassinées qu’il s’agit d’un polar. C’est plutôt la description minutieuse d’une descente aux enfers. On finira par comprendre la signification de ces meurtres, et Diane semblera retomber sur ses pieds, mais pour combien de temps ?
Extrait :
Merde ! La panique commence à me gagner. Ma main tâtonne sur la table de chevet ─ je n’ai pas encore mis mes lunettes ─ jusqu’à trouver la boîte d’anxiolytiques. J’en avale trois, cul sec. Il faut que je vérifie mes appels. Je dois bien admettre qu’il m’arrive de plus en plus souvent de ne plus trop me remémorer ce que j’ai fait la veille, de me réveiller nauséeuse sur mon canapé, portant des vêtements que je ne me souviens plus avoir enfilés.
Chancelante, je me lève et me dirige vers le salon pour récupérer mon téléphone entre deux bouteilles vides. Je regarde les coups de fil des derniers jours : ouf, c’est bon ! N’apparaissent dans ceux émis que les quatre ou cinq numéros favoris de mon répertoire, les bonnes copines que j’appelle en larmes au milieu de la nuit. Ce n’est pas trop grave, ça ne les dérange plus car, Jeanne mises à part, il y a longtemps qu’elles mettent leur portable sur silencieux dès 23 heures. Avant, elles prenaient le temps de m’écouter, de me réconforter, mais quand elles ont réalisé que neuf fois sur dix j’étais trop soule pour m’en souvenir le lendemain, elles ont mis fin à leur compassion nocturne.
Niveau de satisfaction :
(3 / 5)