Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2021 (Godspeed)
Date de publication française : 2023 – Stock
Traduction (américain) : Mirelle Vignol
Genre : Roman noir
Personnages principaux : Cole, Bart et Teddy, associés d’une petite entreprise de construction
Cole, Bart et Teddy sont associés dans une petite entreprise de construction à Jackson dans le Wyoming. Leur quotidien est fait de petits travaux sans envergure qui leur permettent à peine de vivre. Mais voilà qu’une riche propriétaire fait appel à eux pour un projet colossal : il s’agit de construire une splendide maison en pleine montagne dans un cadre magnifique. Pour eux, c’est une opportunité unique, celle qui leur permettrait de changer d’existence et de statut social. Mais il y a un obstacle majeur : la maison doit être finie avant Noël, c’est-à-dire dans quatre mois. En plus la commanditaire est très exigeante sur la qualité, il ne s’agit pas de bâcler les travaux. D’abord réticents devant l’immensité de la tâche, les trois entrepreneurs finissent par accepter. Faut dire que Gretchen, la propriétaire, sait convaincre : elle paie très bien et promet un bonus faramineux en cas de réussite. Pour relever un tel challenge, le trio va devoir travailler jour et nuit. Cette somptueuse maison à construire est-elle la chance de leur vie ou une malédiction ?
Les trois amis, fondateurs de la société True Triangle Construction, sont des hommes très différents. Bien qu’à égalité dans leur association, Cole se présente comme le leader : c’est lui qui prend contact avec la propriétaire et qui négocie. Il est en instance de divorce et n’a pas d’enfant, il peut dorénavant se consacrer entièrement au boulot. Contrairement à Teddy qui a une vie familiale bien remplie avec son épouse et ses quatre filles. Teddy et sa femme rêvent de pouvoir acheter une grande maison. Bart est un colosse capable d’abattre une quantité de travail énorme. Il s’est fait plaquer par sa compagne à cause de son addiction à la méthamphétamine. Lui aussi est maintenant totalement disponible pour le grand projet. Pour la propriétaire Gretchen le temps est plus important que l’argent dont elle dispose en grande quantité. Malgré son âge, elle impressionne beaucoup Cole par sa beauté et sa classe.
La construction d’une maison dans un délai restreint peut paraître une intrigue trop légère pour être vraiment captivante. C’est pourtant bien le tour de force qu’a réussi Nickolas Butler dans ce roman : y mettre du suspense, de la tension et des péripéties. Mais pas que ça, il y a aussi une fine description psychologique des personnages et une bonne dose d’humanité.
On peut aussi voir dans ce livre une critique du capitalisme : avec l’argent on peut presque tout acheter, mais pas le temps, celui qu’il nous reste à vivre. Ce roman questionne également sur les rêves de réussite et de gloire : valent-ils vraiment les sacrifices qu’ils imposent pour les assouvir ? La morale de cette histoire est assez amère, tout en évitant de dévoiler la finale du récit, on pourrait conclure en disant : tout ça pour ça ?
La maison dans les nuages est un magnifique roman noir et mine de rien, sans discours pompeux, c’est aussi une belle leçon de vie.
Extrait :
Puis des profondeurs de la vallée en direction de la route s’éleva un chœur de coyotes : aboiements, jappements et hurlements qui n’en finissaient pas.
« Putain, ce coin est maudit, dit Cole en séchant ses larmes. Je me fous que cette maison soit belle. Elle est hantée et elle le restera à tout jamais. Trois hommes sont morts ici, et toi… toi, t’as perdu ta main. » Ils se turent quelques instants. « Elle porte la poisse, enchaîna-t-il. C’est un putain de monument à la cupidité, et c’est nous qui l’avons bâti. Trois ploucs qui se bousculaient pour ramasser la menue monnaie que Gretchen nous balançait.
Dans le froid et les tourbillons de neige, sur la chanson de Led Zeppelin When the Levee Breaks, il posa le morceau de bois sur la table de sciage en se trémoussant sur les notes de basse et fit tourner la lame.
Niveau de satisfaction :
(4,5 / 5)
Coup de cœur
Bonjour Ray,
Oui, ce titre rentre bien dans le cadre de la future activité relative au monde du travail, je vais l’ajouter à la liste des suggestions.
Merci !