La cité des rêves – Don Winslow

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2022 (City of Dreams)
Date de publication française : 2023 (HarperCollins, France)
Traduction (américain) :
Jean Esch
Genres :
Noir, thriller, historique
Personnage principal :
Danny Ryan, gang des Irlandais

On ne prend pas Don Winslow à la légère : sa réputation impressionne; sa production aussi. Mon collègue Ray a déjà commenté quelques-uns de ses romans. C’est mon premier.

Rhode Island, fin des années 80. Danny Ryan et ce qu’il reste du gang des Irlandais doivent fuir le Rhode Island, poursuivis qu’ils sont par la mafia italienne (la famille Moretti), les flics, les policiers et les fédéraux. Ils sont soupçonnés de trafic d’héroïne et de meurtre. Dans une véritable épopée américaine (Winslow se réfère souvent à Virgile), les Irlandais gagnent l’Ouest sans trop de dommage et, à travers l’industrie cinématographique de Hollywood, se retrouveront aux prises avec le gang de Los Angeles.

Auparavant, cependant, le policier Harris propose à Danny de faire disparaître son dossier et celui de ses hommes et de lui donner suffisamment d’argent pour qu’ils n’aient plus besoin de travailler. En échange de quoi, ils n’auraient qu’à réussir un dernier coup : démanteler le gang des Mexicains. Mais, même après coup, ça n’est pas facile pour Danny et les siens de mener une existence paisible. Leur tranquillité et leurs amours semblent perdues d’avance. En plein désert, dans un petit groupe de néo-hippies qui cultivent leur pot et se gavent de champignons magiques, Danny s’égare dans un bad trip et tombe sur Neto Valdez et quelques Mexicains du cartel de Baja, qui menacent de le tuer à petit feu.

La  ruée vers l’Ouest est un peu longue, mais ça se lit bien parce que Winslow décrit des actes plutôt que des sentiments. Même si un certain suspense entoure la destinée de Danny, j’ai lu ça plutôt comme un récit historique, une tranche de vie de certains groupes criminalisés de la fin du XXe siècle. J’ai souvent pensé au film Le Parrain. Les milieux sont décrits avec compétence et les personnages sans ménagement mais avec sympathie, et parfois humour. Depuis les années 50, et même un peu avant (je pense à Hammett et Chandler), le roman et le cinéma américains nous en ont mis plein la vue de cette thématique. D’où une attitude quelque peu nostalgique qui m’a accompagné au cours de cette lecture.

Extrait :
Le Pacifique est une côte de coucher de soleil.
Le soleil ne se lève pas sur cet océan, mais Danny Ryan, lui, se lève à l’aube malgré tout pour assister aux transformations du ciel et de l’eau à mesure que les nuages se forment : la mer devient visible, et l’horizon apparaît.
C’est son moment préféré de la journée.
Les petits matins de Danny ressemblent à un rite. Il sort du lit, allume la bouilloire électrique et se brosse les dents pendant que l’eau chauffe. Puis il retourne dans la kitchenette se faire une tasse de café instantané, qu’il boit à petites gorgées en enfilant un jean et un sweet-shirt à capuche. Il glisse une arme dans la poche kangourou de son sweet, sort de son mobile home et traverse la Pacific Coast Highway pour atteindre Capistrano Beach, d’où il regarde poindre l’aurore.

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

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