Date de publication originale : 2006 (The Ethical assassin)
Date de publication française : 2012 (Jean-Claude Lattès)
Genre : Thriller
Personnages principaux : Lemeil Atlick étudiant – Melford Kean assasin éthique
Lemiel Atlick, jeune homme de 18 ans, vend des encyclopédies pour payer ses études, en Floride. Alors qu’il est sur le point de conclure une vente, ses clients se font descendre devant lui et l’assassin lui propose un marché : pas un mot sinon c’est lui qui sera accusé du crime. Lemiel, pris au piège, continue son petit commerce sans parler à personne des faits dont il a été témoin. Il rencontre des personnages inquiétants comme Jim Doe, le flic ripou de Meadowbrook Grove ou son propre directeur surnommé Le Joueur. Ces deux-là préfèrent faire disparaître les cadavres plutôt que de les signaler à la police (la vraie). Lemiel sent bien qu’il se passe des choses inquiétantes dans son secteur de commerce, d’autant plus qu’il y a toujours Melfort, l’assassin, décontracté et serein, qui a l’air d’en savoir beaucoup.
Les deux personnages principaux sont assez savoureux. Le jeune Lemiel, le narrateur, est un mélange de naïveté et de débrouillardise. Il se débat dans des évènements qu’il ne maîtrise pas du tout et qui s’avèrent dangereux. Il est timide et sert parfois de souffre-douleur à deux de ses collègues vendeurs, des types lourdingues et grossiers. Les épreuves qu’il traverse sont une sorte d’initiation pour lui, un passage à l’état d’adulte. Il est à la fois effrayé et attiré par Melford qui a butté deux personnes devant lui. Il faut dire que Melford est un drôle de numéro ! Il est capable de tirer une balle dans la tête des gens mais il est aussi philosophe, végétarien, défenseur des animaux et il essaie d’éviter la violence chaque fois qu’il le peut. Sa morale personnelle est fondée sur d’autres principes que la morale de la société. Il a des prises de positions argumentées, intelligentes et pertinentes, ce ne sont pas des élucubrations d’un psychopathe mais au contraire des observations pleines de bon sens et de sagesse. Melfort exerce un puissant charisme sur tous ceux qui le fréquentent … et sur le lecteur aussi ! On n’a pas souvent vu de personnage aussi sympathiquement ambigu dans les polars. Jusqu’au bout on s’interroge sur la personnalité déroutante de cet assassin éthique. A côté de ces deux personnages très réussis, les personnages secondaires sont aussi très bien campés :
– la sœur siamoise survivante, assistante d’un parrain de la drogue et qui, sous l’influence de Melford, deviendra un ardent défenseur de la cause animale,
– le parrain qui refoule de moins en moins ses instincts pédophiles,
– le flic ripou ou les vendeurs d’encyclopédies, tous ont quelque chose de spécial, ils sont très typés et parfaitement décrits.
Le scénario est bien élaboré et assez astucieusement monté pour dévoiler petit à petit les dessous de la vente d’encyclopédies. L’histoire démarre sur une leçon de vente en porte-à-porte et se finit par un trafic de drogue et d’animaux avec plusieurs morts à la clé.
Le style est léger et imagé avec un humour féroce de tous les instants. C’est agréable et facile à lire.
C’est un livre jubilatoire qui est à la fois un bon polar et un livre de réflexions, parfois philosophiques, sur plusieurs sujets de notre époque comme : la prison, l’idéologie, le végétarisme, le traitement des animaux, l’expérimentation animale. Le tout étant assaisonné d’un humour décapant qui rend l’ensemble du livre à la fois léger et profond. Excellent vraiment !