Samedi 14 – Jean-Bernard Pouy

Date de publication originale : 2011 (Éditions La Branche)
Genre : Comédie noire humoristique
Personnages principaux : Maxime Gerland alias Maurice Lenoir ancien chef du groupuscule Van

Maurice Lenoir est un paisible retraité solitaire qui vivote dans son coin de campagne, dans la Creuse, en cultivant son jardin et quelques plants de cannabis pour sa consommation personnelle. Le vendredi 13, jour de chance (ou de malchance) s’est déroulé comme tous les autres jours pour lui. Par contre le lendemain, samedi 14, sa routine va être bouleversée par une nuée de gendarmes et policiers qui vont investir sa maison, piétiner ses plantations et le foutre en taule. Pourquoi tout ça ? Simplement parce que le rejeton de ses vieux voisins a été nommé ministre de l’Intérieur la veille, le vendredi 13, et qu’il faut sécuriser le périmètre autour des familles des gens importants. Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient les flics ! Car Maurice Lenoir est en fait Maxime Gerland ex tête pensante de Van Gogh, un collectif d’activistes qui avait été célèbre cinq ans plus tôt en exerçant des représailles contre deux PDG de banques, un préfet, et deux députés d’extrême droite à qui ils avaient coupé une oreille, d’où le nom de Van Gogh. Depuis le groupuscule avait été démantelé mais le chef s’était fondu dans la nature et on n’avait jamais plus entendu parler de lui. Et voilà que par hasard des flics zélés, sans le moindre respect pour le citoyen, vont se conduire comme des soudards … et réveiller le volcan endormi ! Après avoir supporté quelques jours une cohabitation forcée avec les policiers dans sa petite maison campagnarde, n’y tenant plus Maxime s’enfuit et prend le maquis à travers la France, décidé à faire payer à ce ministre le prix de sa quiétude perdue.

Il faut dire qu’il s’y connaît Maxime pour ressortir toutes les casseroles et affaires louches attachées au ministre ! C’est un spécialiste de la guerre psychologique. C’est jubilatoire, on se marre franchement en lisant toutes les misères que fait subir le fuyard au ministre, aux policiers et services spéciaux lancés à ses trousses. Jean-Bernard Pouy fait parfaitement rendre sympathique cet anarchiste qui sème la pagaille dans les ministères. On prend parti pour sa cause et on se régale de toutes les circonvolutions des politiques obligés de s’expliquer.

La fin du bouquin devient un thriller sous tension. Les intérêts des uns et des autres entrent en conflit, les coups fourrés et les trahisons se succèdent. Ce qui permet à Jean-Bernard Pouy d’installer un suspense tendu et de faire dans le même temps la critique du jeu des ambitions personnelles de ceux qui agissent dans les arcanes du pouvoir.

Polar atypique : le texte est parsemé de vers de poésie. L’écriture rend parfaitement le côté haut en couleur du personnage principal avec sa façon de s’exprimer à la fois populaire, imagée et poétique. Les personnages sont bien décrits et quelques uns sont franchement savoureux. Dans la lutte du petit contre les puissants le scénario fait penser à un Robin des Bois qui serait anarchiste. Ici le héro se contente de semer la zizanie en haut lieu, c’est un terroriste qui ne provoque que des blessures d’amour-propre. L’humour corrosif, toujours présent, rend la lecture très agréable. A la dernière page on regrette que ce soit déjà fini.

Ma note :  4,5 / 5

 

 

 

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