Objectif Zéro – Anthony McCarten

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2023 (Going Zero)
Date de publication française :
2023 – Éditions Denoël
Traduction (anglais Nouvelle-Zélande):
Frédéric Brument
Genres : Thriller, technopolar, espionnage
Personnages principaux :
Kaitlyn Day, bibliothécaire et participante au bêtatest Objectif Zéro – Samantha Crewe, infirmière – Cy Baxter, patron du réseau WorldShare et de la société Fusion

Ils sont dix candidats au Bêtatest Objectif Zéro. Cinq civils représentatifs et cinq professionnels. Le but du jeu est de disparaître complètement pendant un mois. Le jour J, ils auront deux heures pour s’évaporer avant que les équipes de recherche ne se lancent à leur poursuite. Ceux qui, après trente jours, n’auront pas été arrêtés, empocheront une prime de trois millions de dollars. Le test est piloté par Fusion, une entreprise privée, en partenariat avec le gouvernement des États-Unis et la CIA en particulier. Il s’agit de démontrer que personne ne peut se soustraire à une recherche menée par des équipes utilisant les moyens d’information et de surveillance développés par Fusion. Si le test est probant, cette boîte bénéficiera d’un financement gouvernemental. Aussi elle déploie les gros moyens pour débusquer les candidats : ordinateurs puissants, drones, toutes sortes de caméras, de capteurs, des algorithmes de reconnaissance faciale, d’analyse de la démarche … Cy Baxter, patron de Fusion est très confiant : personne ne leur échappera.

L’intrigue comporte deux phases distinctes. Dans la phase I, la société Fusion recherche les dix participants qui essaient de se cacher. Elle arrive à les arrêter tous, sauf la candidate Zéro 10 qui leur donne du fil à retordre. Bizarrement, c’était pourtant celle qui paraissait la moins armée pour gagner, c’est une simple bibliothécaire sans les compétences requises pour réussir ce genre d’épreuve. L’explication de cette prouesse inattendue est surprenante. On s’aperçoit alors que la participante Zéro 10 n’est pas celle qu’elle paraît être. C’est un vrai coup de théâtre.
Dans la phase II, le roman d’aventures tourne au roman d’espionnage. Il est alors question d’un agent de la CIA prisonnier en Iran, d’une société écran qui a permis de vendre du matériel de surveillance aux Russes et aux Chinois en cachette du gouvernement américain, du piratage massif de la base de données de la NSA et du rôle particulier tenu par un membre de la CIA. Tout cela devient complexe, mais aussi totalement invraisemblable. Il suffit à Fusion de vouloir prendre le contrôle de n’importe quel élément électronique, alors elle le fait. Que ce soit les basses de données hypersécurisées des agences de renseignement américaines ou le système interne de caméras de surveillance d’une prison en Iran, rien ne résiste à Cy Baxter et à Fusion … sauf la candidate Zéro 10. L’auteur se garde bien d’expliquer comment de tels exploits sont réalisés, contrairement à Jakub Szamalek beaucoup plus explicite et documenté dans la Triologie du dark net.

Dans ce roman on a l’impression que les infiltrations et les intrusions informatiques tiennent de la sorcellerie ou de la baguette magique. Ce qui est particulièrement stupide c’est que le grand chef de cette entreprise à la pointe de la technologie et rompu aux techniques de piratage a lui-même son ordinateur infiltré par un espion numérique qui dévoile toutes les opérations qu’il fait sur sa machine. Et comment a-t-il attrapé ce virus ce super-expert ? Par une simple clé USB branchée, sans aucun contrôle, sur son ordinateur comme le ferait le premier débutant en informatique venu ! C’est quand même assez ballot de tomber dans un piège aussi grossier quand on est à la tête d’une boîte leader mondial en technologies du numérique. Bref, on n’y croit pas du tout.

La première partie concernant le jeu de cache-cache des participants au Bêtatest Objectif Zéro est captivante, mais dans la deuxième partie l’auteur s’est laissé emporter par le sens du spectacle, il en a fait trop et perd toute crédibilité.

Ce n’est pas de la grande littérature, mais ce livre se lit facilement et il est prenant. On l’appréciera plus ou moins selon la place qu’on accorde à la vraisemblance dans un roman.

Extrait :
— Ah, voyons voir… alors Sam est venue me voir, avec son dossier de candidature et d’autres choses téléchargées sur Internet, pour me dire qu’elle voulait participer à cette épreuve, et me demander si je voulais l’aider à baiser le gouvernement et les capitalistes de la surveillance qui envahissent la vie privée des gens et influencent secrètement l’opinion publique. Ce genre de trucs. Si vous me connaissiez, vous sauriez que ma réponse était acquise. Ce genre de chose est vraiment une sorte de bête noire pour moi, alors j’ai répondu « Et comment ! », parce que j’aime mon pays ; je veux dire que j’aime vraiment mon pays, monsieur Baxter, ce qu’il pourrait et ce qu’il devrait être, et certainement pas ce qu’il est actuellement ni ce qu’il est en passe d’être, vu la direction qu’il prend. L’idée de ce pays. Mais le gouvernement fait des choses tellement affreuses et idiotes, des conneries pour décérébrés d’une stupidité sans nom, contre lesquelles, tout au long de ma vie d’adulte, j’ai protesté, ou au moins j’ai essayé, et écrit des lettres et des lettres, mais ça n’a rien changé, rien.

Niveau de satisfaction :
3.9 out of 5 stars (3,9 / 5)

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