Les sentiers obscurs de Karachi – Olivier Truc

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2022 (Métailié)
Genres : Thriller (?), psychologique, géographique
Personnage principal :
Jef Kerral, journaliste

Au sens très large, on pourrait dire que c’est un thriller mais, pour moi, c’est plus un roman psychologique et sociologique. À Karachi, en 2002, un attentat à la bombe tue onze ingénieurs français de la DCN (Direction des constructions navales, depuis 2017 la Naval Group) qui travaillaient à la mise au point d’un sous-marin acheté par le gouvernement du Pakistan; trois Pakistanais ont été tués également; et on compte parmi les blessés quatorze Français et six Pakistanais. L’enquête n’a jamais rien donné, sinon qu’on sait que des pots-de-vin auraient été versés à de hauts fonctionnaires et auraient servi, entre autres, à financer la campagne électorale d’Édouard Balladur.

Quand Jef décide de partir enquêter à Karachi, on pourrait donc penser que ce qui l’intéresse c’est de faire toute la lumière sur cet attentat. De fait, il finira par y jeter quelque lueur. Mais son objectif est plutôt de comprendre ce qui a mis fin à l’amitié entre Marc Dacian, technicien de la DCN et Shaheen Ghazali, ingénieur dans la marine pakistanaise. Il ne parle pas la langue du pays et il ignore les coutumes de même que les relations entre le politique et le religieux; il sera donc aidé par la jolie et méfiante Sara Zafar, lieutenante de vaisseau, interprète dans la marine pakistanaise et fille du docteur Firaq Zafar, qui vit maintenant retiré après avoir été l’ami de Shaheen Ghazali.

Jef décrit surtout la ville de Karachi, ses embouteillages, ses odeurs agressives, ses habitants fermés et soupçonneux. Des attentats sont commis régulièrement et la police et les services de sécurité sont partout présents. Les étrangers sont particulièrement visés et Jef est fouillé pratiquement à chaque sortie de sa chambre, qui est elle aussi passée au crible. Jef et Sara se rapprochent sur le plan émotif même s’ils savent qu’ils n’ont pas d’avenir; mais ils ont en commun leurs relations difficiles avec leur père qu’ils accusent plus ou moins de lâcheté. Jef finira par rencontrer Ghazali et comprendre un peu ce qui s’est passé, la raison probable de l’attentat qui s’est produit vingt ans plus tôt, et les événements complexes qui ont entraîné la quasi-rupture entre Marc et Shaheen.

Ce roman est une sorte d’hommage aux amis Pakistanais de l’auteur, sans lesquels « ce roman n’aurait jamais vu le jour ». Ça ne donne toutefois pas le goût de visiter le Pakistan.

Extrait :
Devrait-il transformer Shaheen en héros de roman ? Au risque de tomber dans le lyrisme, de dénaturer sa vérité, de trahir ? De trahir comme Claude avait trahi Marc, comme Shaheen avait trahi Firaq, comme Nazia avait trahi Sara ? Et lui, Jef Kerral, le chevalier blanc comme le singeait Grégoire, qui avait-il trahi ? Ou qui était-il en train de trahir ?

Karachi

Niveau de satisfaction :
3.9 out of 5 stars (3,9 / 5)

Ce contenu a été publié dans Français, Moyen, Psychologique, Thriller géographique. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.