La Femme Papillon – J.L. Blanchard

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2024 (Fides)
Genres : Thriller, enquête
Personnages principaux :
Bonneau et Lamouche

Quatrième polar de Blanchard, un auteur qui se caractérise par le courant d’air frais qu’il insuffle dans la littérature policière québécoise grâce au tandem Bonneau et Lamouche. Sauf que, dans ce roman-ci, Lamouche ne corrige pas, comme d’habitude, les gaffes de Bonneau parce qu’ils ne travaillent pas sur le même terrain.

De fait, suite à ses succès dans l’affaire du Radeau de la Méduse, Bonneau a été invité par le Président de la France, qui tenait à lui rendre hommage personnellement. À peine arrivé à Paris, cependant, Bonneau est kidnappé et se retrouve dans un monastère désaffecté en Suisse, près du Lac Léman. Lamouche est envoyé à son secours, mais par où commencer ? Aucune rançon n’est demandée : quel est le motif de l’enlèvement de Bonneau ? Toute la police française est sur le qui-vive. Un indice l’amène à soupçonner une sorte de secte, l’Ordre des Monarques, très ambitieuse (dominer le monde !), très riche, et dont les membres sont infiltrés à tous les niveaux dans bien des domaines, dont celui  des autorités policières. Si bien que Lamouche ne sait plus à qui se fier. Le chauffeur qui devait accueillir Bonneau à l’aéroport est tué; d’autres cadavres seront découverts et il est possible que Bonneau soit parmi eux. Et si l’ADN relevé sur un cadavre décapité ne le démontre pas, il est possible qu’il soit mort calciné après avoir mis le feu à la chambre-bibliothèque où il était enfermé. Ne croyant pas à sa mort, Lamouche finit par se rendre au monastère où se morfondait Bonneau, mais ce dernier semble s’en être évadé; et c’est Lamouche qui se retrouve en mauvaise posture.

On a l’impression de lire deux types de romans : un genre suspense, quand on assiste à la séquestration de Bonneau et à ses efforts pour s’évader; et un genre thriller, quand on suit la trajectoire de Lamouche autour de qui les gens se déguisent, se trahissent, se livrent à des rites initiatiques étranges et cherchent à le tuer.

Finalement, la pire épreuve pour  Bonneau, c’est peut-être le soir où il est invité à dîner avec le Président de la République, se méfiant par avance « des plats aux noms certainement farfelus qu’on allait lui servir ». Le tête-à-tête entre Bonneau et le Président, qui clôt cette aventure trépidante, est un morceau de choix que les lecteurs apprécieront.

C’est sans doute le plus sérieux des quatre romans de Blanchard, même si l’atmosphère reste détendue : on ne sait pas comment, mais on sent bien que nos deux héros vont s’en sortir. C’est donc un autre roman de Blanchard qu’on lit sourire aux lèvres.

Extrait :
Il n’était pas tout à fait mort. C’est du moins la conclusion qui s’imposait peu à peu à son esprit. Déjà, en se réveillant, quelques manifestations de nature physiologique lui avaient suggéré cette étonnante révélation. D’abord, le fait de se retrouver couché sur le côté, tout recroquevillé sur lui-même. Or, il se souvenait qu’il était allongé sur le dos quand on avait refermé le linceul mortuaire. Les morts ne se tournent pas dans leur tombe. Ensuite, une sensation de froid et d’humidité lui transperçait le corps, d’où sans doute la position fœtale adoptée instinctivement. Mais surtout : il avait pris conscience de l’effroyable gouffre qui s’était sournoisement installé derrière sa paroi abdominale. Il était affamé.

Acrylique d’Alain Bedu

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

Ce contenu a été publié dans Enquête, Québécois, Remarquable, Thriller. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.