Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2024 (Fire and Bones)
Date de publication française : 2024 (Robert Laffont)
Traduction (américain) : Dominique Haas
Genres : Enquête, thriller
Personnage principal : Temperance (Tempe) Brennan, anthropologue judiciaire
Je n’avais pas lu de Kathy Reichs depuis une dizaine d’années. J’avais rompu parce que je la trouvais trop technique et parce que, au lieu de nous jeter dans l’action, il fallait souffrir ses états d’âme à travers lesquels la réalité se présentait.
C’est vrai qu’elle est très technique, mais on ne reprochera pas à un écrivain qui est un policier (Norek) de nous décrire comment ça se passe dans le milieu des flics, pas plus qu’on reprochera à un écrivain qui est aussi pharmacien (Fouassier) de se livrer à quelques informations liées au développement des médicamenta et des drogues au XIXe siècle. Donc, c’est vrai qu’on apprend avec Reichs plein de choses sur les effets du feu sur un être humain, mais c’est souvent plus intéressant que les réflexions politico-sociologiques que des écrivains vieillissants développent pour qu’on ne les prenne pas seulement pour des amuseurs publics.
Temperance (Tempe) Brennan est demandée à Washington pour enquêter sur un incendie, probablement criminel, qui a fait au moins quatre victimes difficiles à identifier. Puis, dans un sous-sol que l’incendie n’a pas atteint, Tempe découvre un cadavre enfermé dans un grand sac, mort depuis un certain temps. On apprend en même temps que, dans les années qui ont précédé la Deuxième Guerre mondiale, l’immeuble qui est passé au feu avait été le repaire de contrebandiers et de trafiquants : le gang de Foggy Bottom. Le rapport avec l’incendie et le cadavre du sous-sol n’est pas évident jusqu’à ce que le fils d’un ancien membre du gang soit assassiné.
Dans ses recherches, Tempe est assistée par la journaliste ambitieuse (et amie de sa fille) chez qui elle demeure : Ivy Doyle. C’est le seul personnage qui est assez développé. Le focus est mis presque entièrement sur Brennan, qui raconte l’histoire. On se doute bien que l’incendie est d’origine criminelle. Et on finit par identifier les quatre victimes. De même que la victime trouvée dans le sous-sol.
Les motifs qui ont conduit à l’incendie, au meurtre du fils d’un ancien membre du gang, et, peut-être, à l’assassinat de la jeune femme trouvée dans le sac, se perdent un peu dans la nuit des temps. On les présume quand l’enquête de Tempe et du policier Deery cause presque leur assassinat.
Et alors qu’on pense que tout est terminé, un rebondissement ultime, inattendu parce que vraiment pas indispensable, sans rapport avec l’intrigue principale, coûte presque la vie de Tempe.
Je me demande souvent si ce sont les maisons d’édition qui forcent les auteur.e.s à remplir 300 pages, ou davantage, au lieu de se contenter des 250 pages traditionnelles.
Extrait :
─ Qui est-ce ?
─ Police, madame Lipsey. Ouvrez, s’il vous plaît.
À ma grande surprise, un verrou a claqué, la béquille a plongé et la porte a pivoté, aussitôt retenue par une chaîne.
La femme était grande et, malgré son âge avancé, bien musclée, dans le genre généreux et charnu. Ses cheveux étaient de neige, sa peau si pâle qu’elle semblait presque translucide. Elle n’avait ni cils ni sourcils, mais plusieurs longs poils blancs en tire-bouchon sur sa lèvre supérieure fripée.
Un peignoir abricot drapait sa large carcasse, aussi flatteur qu’une chemise d’hôpital sur un cadavre. Une poche dans la couture latérale semblait contenir un ramassis d’objets dont j’en étais réduite à deviner la fonction. Un téléphone ? Des clés ? Un inhalateur ? La coupe Stanley ?
Du vernis cramoisi ajoutait de la couleur à ses ongles. Des chaussures HOKA bleu électrique et orange ajoutaient des centimètres à sa taille déjà impressionnante.
Niveau de satisfaction :
(3,5 / 5)