Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2002 (Angel Rock)
Date de publication française : 2012 (Sonatine)
Genres : Enquête, roman noir
Personnages principaux : Tom et Grace, adolescents d’Angel Rock – Pop Mather, père de Grace et sergent d’Angel Rock – Gibson policier de Sydney
Angel Rock est une bourgade de l’Australie profonde où chacun vivote dans ses habitudes. Un jour le train-train quotidien va être bouleversé par la disparition de deux enfants : Tom, jeune garçon de 13 ans et son frère Flynn, 4 ans. Longtemps après de vaines recherches, Tom réapparaît, seul et sans souvenirs de ce qui lui est arrivé. A Sydney, une jeune fille est retrouvée morte dans une maison abandonnée. Elle s’est suicidée. Elle venait d’Angel Rock et était amie de Grace, la fille du sergent (équivalent du shérif américain) d’Angel Rock. Pour Gibson, policier à Sydney, la vision du corps de la jeune défunte, avive le douloureux souvenir du suicide de sa sœur qui le hante depuis des années. Contre l’avis de sa hiérarchie, il décide d’éclaircir les raisons d’un acte si désespéré, dans l’espoir de trouver dans ce suicide, une explication à celui de sa sœur. Il part pour Angel Rock mener une enquête personnelle qui vire à l’obsession.
Dans ce roman, il n’y a pas un seul personnage principal, il y en a plusieurs d’égale importance : d’abord les adolescents Tom et Grace qui occupent une place importante. L’auteur montre leur innocence, l’apprentissage de la vie et leurs premiers émois amoureux. Il y a ensuite Pop, père de Grace et représentant local de la loi. C’est un humaniste, généreux et croyant qui fait tout son possible pour ramener la tranquillité dans sa ville. Et enfin, il y a le policier venu de Sydney, Gibson, sombre et torturé par le souvenir de sa sœur, qui mène contre tous une enquête qui va finalement révéler bien des secrets.
L’écriture est poétique, lyrique par moments. Elle rappelle un peu celle de R.J. Ellory dans Seul le silence. Le style est très sensuel. Beaucoup de description de paysages : rivières, collines, rochers… L’auteur insiste aussi sur les éléments climatiques : la pluie, le brouillard, la chaleur, le vent, l’orage, la tempête… Le rythme du récit est lent, il permet d’apprécier une ambiance qui allie la dureté des conditions de vie et la beauté de la nature mais donne aussi l’impression que ça traîne un peu en longueur. Par moments on frise le fantastique : plusieurs fois une chose, un souffle, un grondement sourd et menaçant apparaît, puis disparaît subitement, sans que l’on sache de quoi il s’agit. A la fin du roman l’atmosphère devient plus sombre, crépusculaire quand vient la folie des hommes.
Comme souvent, dans le cas des traductions, je reste dubitatif devant le titre choisi par l’éditeur français : Conséquences (alors que le titre original est Angel Rock). Plutôt sibyllin le titre ! Pourquoi Conséquences à la place d’Angel Rock ? Les mystères du marketing restent insondables pour moi.
Conséquences est un roman que vous lirez avec plaisir à condition de vous laisser immerger dans cette ambiance particulière créée par l’auteur. Si vous cherchez une enquête bien menée ou un thriller trépidant, ce n’est pas le meilleur choix. Ne vous fiez pas non plus à ce qu’a écrit R.J. Ellory en 4ème de couverture, c’est le spécialiste des appréciations dithyrambiques.
Extrait:A mesure que Gibson roulait, les nuages voilaient de plus en plus le ciel, et, lorsqu’il atteignit la dernière portion de route pentue et tortueuse avant la maison d’Horace Flood, il faisait quasiment nuit. Il ralentit, le vieil utilitaire grinçant de soulagement, et alors, à travers un voile argenté, la maison apparut. Elle se dressait derrière une clôture, accrochée au sol comme une moule noire à un rocher, disgracieuse, le défiant d’approcher, de fouiller son cœur infect, de voler ses secrets. Il coupa le moteur et la regarda un moment avant de sortir et de continuer à pied.
Comme l’ami Bruno, dit la petite souris, je me laisserai sûrement tenter par ce roman, suite à la lecture de ta chronique.
J’adore ces romans où l’auteur installe une ambiance pour charmer le lecteur … et lui donner un repos « illusoire » de l’action.
Merci !
Bonne fin d’année 2012 !
Meilleurs vœux à toi aussi, Richard. Si tu aimes les romans d’ambiance, celui-ci devrait te plaire : la nature y a une grande place et l’auteur la décrit de façon sensuelle. Le rythme est lent. Par contre ceux qui aiment les thrillers avec beaucoup d’action seront déçus. Suivant ce que tu aimes le bouquin te plaira ou pas.
salut mon ami ! J’avoue que ce roman j’ai longtemps hésité à l’acheter ( yen a tellement aussi la tentation est grande mais le choix et difficile !) et me le suis noté finalement pour une sortie poche. Mais après la lecture de ton billet je me tâte à nouveau, car en ce qui me concerne j’aime justement les descriptions des paysages ( quand ils ne sont pas trop long au point d’en alourdir le livre), surtout s’agissant d’un pays grandiose comme l’Australie. J’avoue qu’en plus ce pays m’attire énormément. Je viens de finir d’ailleurs le dernier roman d’Hérvé Claude, » Les mâchoires du serpent » dont l’action se situe aussi sur ce continent. Mais celui ci parle des aborigènes. Amitiés et bon réveillon !!!
Bonjour collègue! Si tu aimes les livres avec une ambiance, celui-ci est un bon choix. Il ne nous apprend rien sur l’Australie, contrairement à Hervé Claude, mais il nous décrit fort bien le bush australien.
J’ai lu ton bel article sur « Les mâchoires du serpent », ça donne envie de le lire!
Je viens de lire « Les apparences » chez Sonatine aussi, et là le titre français est bien choisi. Je crains assez les descriptions de la nature, souvent ça me plombe le récit, mais le dépaysement australien me tente bien.
Dans ce bouquin il y en a pas mal de descriptions de la nature, et en effet le rythme du récit n’est peut être pas plombé mais il est lent. Par contre si tu veux te dépayser dans le bush australien c’est un bon choix.