Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2011 (Dust Devils)
Date de publication française : 2013 (Calmann-Lévy)
Genres : Roman noir, thriller
Personnages principaux : Robert Dell victime d’un coup monté, accusé de meurtre – Disaster Zondi, ancien policier – Sunday jeune fille destinée à un mariage forcé – Inja Mazibuko, homme de main cruel.
Robert Dell voit sa vie basculer dans l’horreur quand un 4×4 noir envoie sa voiture dans le décor. Sa femme et ses deux enfants sont tués, il est le seul rescapé. Comme si ce malheur ne suffisait pas, il est accusé du meurtre de sa famille. À l’occasion il apprend aussi que sa femme le trompait. Il doit être transféré dans une prison où les viols et les meurtres sont monnaie courante. Au moment du transfert, il est enlevé par un homme qu’il déteste : son père. Cela lui évite quand même la terrible prison. Inja (le chien en zoulou) Mazibuko est l’homme de main du sinistre ministre de la justice. C’est un zoulou qui liquide sans pitié tout ce qui pourrait gêner son maître dans son ascension vers la présidence de la république. C’est lui l’auteur de l’accident de la famille Dell. C’est un type qui aime tuer et faire souffrir. Il est porteur du virus du sida mais cela ne l’inquiète pas : en épousant sa quatrième femme, une jeune vierge, il sera guéri. C’est du moins ce qu’il croit. Sunday est une jeune adolescente qui est destinée à devenir l’épouse d’Inja. Elle a vu son futur mari tuer toute sa famille. Elle le hait. C’est une rebelle qui va tout faire pour échapper à son funeste destin. Disaster Zondi est un ancien policier d’une unité qui luttait contre la corruption. Cette unité a été dissoute et Zondi attend une éventuelle nouvelle affectation. Il reçoit une curieuse télécopie qui va le ramener sur les lieux de son enfance : le domaine d’Inja le chien.
Dans une intrigue très bien construite, Roger Smith amène tous ses personnages vers un lieu hors civilisation, territoire zoulou, soumis aux règles tribales, où règnent pauvreté et misère, sous le joug d’Inja Mazibuko. Là, les évènements vont s’accélérer en précipitant les protagonistes vers la tragédie.
Inja le chien est toujours cruel et mauvais. Sunday est toujours rebelle, défiant l’autorité des anciens pour échapper à son mariage forcé. Mais les autres personnages ne sont pas taillés d’un seul bloc. Ils ont leurs propres contradictions. Dell, militant pacifiste doit sauver sa peau et se venger, pour cela il doit utiliser des armes. Zondi, investigateur policier de bureau, richement habillé et roulant en BMW, est confronté aux dures réalités du terrain. Le père de Dell, mercenaire sans pitié, devient un homme courageux se sacrifiant pour sauver son fils.
Roger Smith nous donne dans ce roman une vision noire de la Nation arc-en-ciel. Il montre que la corruption est omniprésente. La violence règne partout : la guerre des taxis fait qu’on assassine des femmes et des enfants pour contrecarrer les affaires de la concurrence. Les traditions ancestrales maintiennent l’ignorance, la superstition et la cruauté. La pauvreté, la misère et la saleté sont encore le lot commun des populations rurales. Le Sida frappe des populations non éduquées.
Le sable était brûlant est un roman âpre et violent qui secoue le lecteur. C’est à la fois un roman noir et un thriller palpitant car l’auteur a le talent de décrire son pays de façon réaliste, sans aucune concession et de concevoir un scénario qui tient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement dramatique. Un grand roman qui ne peut laisser personne indifférent.
Extrait :
Dans la lumière de l’après-midi couleur de lave, il huma des odeurs familières. Poussière. Crotte. Ordures pourries, les pestilences de la pauvreté rurale. Il resta indifférent aux regards vides des marchands qui, accroupis sur le trottoir, vendaient des friandises, du tabac à priser, des purgatifs, des crânes de babouins, des racines et des peaux. Resta sourd aux plaintes des mendiants aux mains tendues, hébétés par l’alcool et la maladie. À seulement cinq heures de route de Johannesburg, on basculait dans un autre monde.
Nous ne sommes pas toujours d’accord sur la qualité des livres que nous lisons mais là je pense que celui-là te plaira comme il m’a plu. J’attends ta chronique pour confirmation. Merci Cannibal pour ton commentaire.
Bonsoir Ray !
Comme je l’avais signalé, il est dans ma PAL, dans le tas « à lire le plus vite possible » mais le problème c’est que le tas est haut… 🙄
Belle grosse nique ! 😉
En voilà un roman intéressant et que je n’ai pas.
Le côté Noir Zulu a tout pour me plaire, un de ces quatre sans doutes.
Merci à toi pour m’avoir ENCORE donné un bel avis.
À mon avis c’est effectivement un bon roman. L’auteur Sud-Africain est moins connu que son compatriote Deon Meyer mais je pense que ses romans sont plus forts.