Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2014 (The Intern’s Handbook)
Date de publication française : 2014 (Sonatine)
Genre : Thriller
Personnage principal : John Lago, tueur professionnel
John Lago va avoir 25 ans et il va prendre sa retraite. Dans son job la retraite se prend très tôt. La carrière commence tôt aussi : dès l’âge de 12 ans. Il faut préciser qu’il exerce un métier spécial dans une boite tout aussi spéciale : il est tueur professionnel chez Ressources Humaines Inc. Cette mystérieuse organisation se charge de liquider des personnages puissants et très bien protégés au profit d’autres personnages tout aussi puissants. Le mentor de cette entreprise particulière a inventé le concept du stagiaire tueur. Le stagiaire est en général invisible mais indispensable pour faire le travail que d’autres ne veulent pas faire. Il peut ainsi s’approcher des cibles sans se faire remarquer. C’est pour cela que les tueurs de RH Inc sont recrutés si jeunes : ils ont l’apparence de stagiaires inoffensifs que personne ne va remarquer. Leur insignifiance est la meilleure couverture. John Lago est un de ces stagiaires tueurs les plus efficaces. À presque 25 ans il va prendre une retraite obligatoire dans ce métier. Avant de partir il écrit Le guide de survie des jeunes stagiaires destiné aux jeunes recrues pour les faire profiter de son expérience. Ce guide énumère des conseils et des règles à respecter pour rester en vie. Il est illustré d’exemples tirés de sa propre expérience. Ce n’est pas triste !
Shane Kuhn nous raconte la vie d’un tueur professionnel. En principe ce genre de personnage n’attire aucune sympathie. Pourtant au fil du récit le personnage devient de plus en plus attachant. D’abord nous apprenons d’où il vient : c’est un bébé-poubelle, un enfant qui a grandi dans le caniveau, un enfant défavorisé, trimballé d’orphelinats en familles d’accueil, de services psy en maisons de correction. Un enfant qui ne connait aucune émotion, hormis la colère. De la graine de tueur ! Ces prédispositions correctement exploitées par une formation adéquate en ont fait une machine à tuer redoutable. Pourtant lors de sa dernière mission il va éprouver des sentiments pour la belle Alice, une fille qui joue un rôle trouble, qui est elle-même redoutable. Il est également taraudé par ses origines : il se lance dans une recherche éperdue de son père. Il s’humanise et devient fragile par la même occasion.
À travers le rôle du stagiaire, l’auteur fait une critique acerbe des grandes sociétés et du comportement des cadres supérieurs. Les grands cabinets d’avocats en prennent aussi pour leur compte. Les scènes de combat sont très cinématographiques, il y a d’ailleurs beaucoup de références à des films célèbres. C’est caricatural parfois mais aussi tonique et humoristique.
Guide de survie en milieu hostile est à la fois amusant, déjanté et grinçant. C’est un livre qui se lit facilement, avec plaisir.
Extrait :
«Les stagiaires sont invisibles. Vous pouvez répéter votre nom cent fois à un cadre supérieur, il ne s’en souviendra jamais, parce que ces gens-là n’ont aucun respect pour ceux qui sont en bas de l’échelle et qui travaillent gratuitement. Les relations qu’ils entretiennent avec leur urinoir resteront plus intimes que celles qu’ils auront avec vous. L’ironie, c’est que si vous vous montrez consciencieux et zélés, ils vous enseveliront sous les tâches importantes et se reposeront entièrement sur vous. Ces tâches que leurs subalternes directs et leurs secrétaires paresseux ne se résoudraient à exécuter que sous la menace d’une arme sont pourtant les petits gestes quotidiens qui permettent à une entreprise de tourner. Elles donnent en outre accès aux données confidentielles, aux informations personnelles et aux zones réservées. Plus vous irez au-devant de ces corvées, plus vous obtiendrez facilement les clés du royaume, autrement dit LA CONFIANCE ET L’ACCÈS. Pour finir, votre cible sera prête à mettre sa vie entre vos mains et c’est là que vous la lui ôterez. »
Ma note : (4 / 5)
Superbe chronique, très envie de m’y plonger à mon tour ! Comme les diplômes ne sont plus adaptés de nos jours, vais instruire autrement mes gnomes…
Tes gnomes ne sont pas dans le même catégorie que ceux recrutés par Ressources Humaines Inc. : enfants défavorisés, trimballés d’orphelinats en familles d’accueil. Les tiens ont une mère aimante et probablement un père attentionné, ils n’ont aucune chance dans cette carrière de tueur professionnel. Pour eux reste les diplômes … ou les connaissances qui ont de l’influence.
J’ai déjà noté ce roman, ma Poulette, mais tu ne fais que confirmer ce que je me doutais déjà : faut l’acheter et le lire !!!!
Bon, je te laisse, je dois voir mon délégué syndical pour ma retraite… dans la mafia, on la prend un peu plus tard… ils disent qu’ils veulent me faire une statue et ils vont prendre mes mesures pour me colle dans le béton ! 😆
Alors tu es comme moi : tu achètes les livres que tu lis. C’est une démarche assez rare chez les blogueurs qui, pour la majorité, reçoivent les livres gratuitement, mais nous n’allons pas relancer le débat sur les SP. A ta place je me méfierais pour la statue, surtout avec la mafia. En principe les gens qui ont droit à leur statue sont morts. Mais toi tu es bien vivante et j’espère que tu vas le rester longtemps, alors la mafia, je ne crois pas que ce soit bon pour ton avenir. Ça me ferait beaucoup de peine de te perdre ainsi.
Je te remercie du crédit que tu m’accordes. Oui, c’est un livre qui peut servir si tu as l’intention de choisir la carrière de tueuse professionnelle. Tu n’as pas encore atteint l’âge limite, que tu dis. Par contre tu risques de commencer un peu tard, tu vas avoir une carrière courte. Attention qu’elle ne soit pas très courte : d’autres se sont fait descendre à leur première mission. Mais avec ce guide, tu vas éviter quelques pièges. Donc très utile ce guide, même si tu as seulement envie de te distraire un peu.
Cela a l’air très tentant, j’avais vu une publication où je ne m’étais pas arrêtée. Chez toi, ma Poulette c’est pas pareil ! Et j’ai bien fait, c’est un livre que je lirais bien ! ça peut servir aussi en attendant mes 25 ans !
Merci à toi 😉