Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2014 (Éditions du Masque)
Genres : Enquête, société
Personnages principaux : Marco Lauvert, fondateur du cabinet TracFood – Camille Dupreux son associé
Marco et Camille ont fondé le cabinet TrackFood spécialisé dans le contrôle et la traçabilité de l’alimentation industrielle. Lors d’une enquête sur une filière louche, Camille pousse le zèle jusqu’à entrer en cachette dans un entrepôt à Odessa. Malheureusement pour lui sa visite n’a pas été suffisamment discrète, il est capturé et retenu prisonnier. À Paris son associé Marco finit par s’inquiéter de sa disparition prolongée. Confirmant ses inquiétudes, une enveloppe contenant des documents lui est remise par une jeune prostituée, amie de Camille. L’exploitation de ces documents envoie Marco sur une piste débutant en Chine. Il découvre là-bas un réseau clandestin d’approvisionnement alimentaire partant de Chine passant par l’Ukraine et aboutissant dans les pays occidentaux d’Europe. Ce que découvre Marco est horrible du point de vue sanitaire et sécurité alimentaire. De quoi vous couper l’appétit pendant un moment !
Le scénario est basé sur une enquête qui reconstitue une filière alimentaire mettant en évidence aussi bien l’absence totale de contrôles côté producteurs que le cynisme et l’appétit du gain, côté distributeurs occidentaux. Le constat est vraiment épouvantable. Une happy end redonnera quelques couleurs aux lecteurs angoissés observant d’un œil suspicieux les filets de poisson servis dans leur assiette.
Les personnages principaux ne sont originaux que par leur métier de traqueurs du non respect des normes alimentaires. Il n’y a pas de fin développement psychologique, on est dans l’action avant tout. L’auteur s’est laissé aller à quelques facilités en nous ressortant des stéréotypes maintes fois utilisés dans le polar. L’ami hacker perce les secrets contenus dans les ordinateurs faisant avancer considérablement les investigations. La pute au grand cœur ne fait ce métier que contrainte, pour protéger son frère, mais elle est séduisante et poète.
L’écriture est simple, sans recherche, elle permet de suivre l’histoire facilement mais ne crée aucune ambiance particulière. Il n’y pas d’ambition littéraire dans ce roman, simplement la volonté de montrer les trafics des aliments qui seront servis plus tard dans les cantines et les hôpitaux notamment.
Ce roman est avant tout une dénonciation des arnaques alimentaires et de la mal bouffe organisées selon les principes de la mondialisation, ayant pour seul but l’augmentation des profits. Bien sûr on se contrefout de la santé des consommateurs. En quatrième de couverture, il est précisé que « Charles Haquet, grand reporter à l’Express, s’inspire de ses enquêtes sur le terrain. » Ce qui est décrit dans ce roman ne serait donc pas imaginé mais observé, en partie du moins. Vraiment flippant !
Extrait :
— C’est peu de le dire! Il ne s’agissait plus de petites combines : Turenne avait érigé la tricherie en système, surtout pour les plats cuisinés. Pour faire ses pizzas, il achetait des jambons en Roumanie, il y mêlait des déchets d’abattoirs, du plasma sanguin et de la gélatine. Et sur l’emballage, il inscrivait «jambon de Parme» en lettres d’or. Quant à la «mozarella de bufflonne», elle provenait en réalité du Maroc. Il avait acheté quelques troupeaux, là-bas. Pour augmenter les rendements, il gavait les bêtes de somatropine, une hormone de croissance dont on sait, depuis longtemps, qu’elle est cancérigène. Quand je pense qu’il a même osé vendre une «purée de pommes de terre aux truffes » ! Tu sais ce que c’était, la truffe? Un dérivé d’hydrocarbure. Des patates au pétrole! Des exemples comme ça, je pourrais t’en donner des dizaines. Tu n’as qu’à aller voir dans ses usines, tu t’en rendras compte par toi-même.