Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2014 (12-21)
Genre : Thriller
Personnages principaux : Sébastien Venetti, médecin – Claire Abecassis commissaire de police – Léa Venetti, fille de Sébastien
Sébastien Venetti est médecin à Despluzin, une ville moyenne de l’est de la France. C’est un médecin très humain qui s’occupe d’enfants de milieux défavorisés. Il est apprécié, son cabinet ne désemplit pas. C’est un aussi bon père que médecin. Il a deux filles qu’il adore, Léa 12 ans et Juliette 7 ans. Pourtant rien n’a été facile pour lui. Quand il avait 6 ans, sa sœur de 13 ans a été poignardée, elle a survécu à ses blessures, mais sa mère lui a demandé de s’accuser, si petit il ne pouvait pas aller en prison : « Tu dois leur dire que c’est toi qui as fait ça, que c’est toi qui as donné le coup de couteau. Fais-le pour nous, Sébastien, fais-le pour maman ! » Sébastien a obéi mais la police n’a pas cru pas à cette version. La mère a purgé une peine de cinq ans de prison et a disparu complètement ensuite. Plus tard Sébastien a réussi à oublier, il a fondé une famille. Mais nouveau coup du destin : sa femme s’est suicidée. Malgré ces malheurs Sébastien mène une vie normale et équilibrée mais, de temps en temps, il est de sujet à des hallucinations et à des cauchemars.
Claire Abecassis vient d’être nommée commissaire de police à Despluzin. Le seul poste de commissaire disponible pour que son arrivée ne déclenche pas plus que quelques lignes dans la presse quotidienne locale. Car Claire est en quelque sorte célèbre : quand elle n’a pu supporter davantage les violences de son mari, elle lui a tiré dessus. Son mari n’est pas mort et elle a bénéficié de la légitime défense. Mais cet acte a stoppé sa carrière. L’administration lui a proposé une affectation dans un bled anonyme loin de la capitale, pour se faire oublier. Dans sa nouvelle ville où elle ne connaît personne, Claire déprime. Elle a besoin de se faire aider par un médecin. Elle choisit Sébastien Venetti. Leurs rapports d’abord cordiaux évoluent vers une relation amoureuse. Mais d’autres éléments perturbants vont se produire. Deux jeunes patients du docteur décèdent dans des circonstances troublantes. Quelqu’un agit dans l’ombre pour faire accuser Sébastien et remonter à la surface son passé. Quelqu’un qui n’a pas oublié.
FX Dillard maîtrise bien toutes les ficelles du thriller. Les chapitres se terminent au moment où le suspense et l’angoisse sont au plus fort, pour provoquer l’impatience de découvrir la suite. Les personnages sympathiques se trouvent handicapés au moment même où ils auraient le plus besoin de toutes leurs ressources, on craint le pire pour eux. Le harcèlement et la culpabilité sont utilisés astucieusement pour faire monter la pression. Tous ces ingrédients habilement utilisés font que le thriller fonctionne bien. D’autant plus que l’auteur a su ménager un certain nombre de surprises pour relancer le suspense. Au chapitre des reproches : le personnage de Léa, la fille de 12 ans du docteur Sébastien Venetti, est bien sympathique mais également un peu trop mûre pour son âge, que ce soit dans sa façon de s’exprimer ou que ce soit dans sa façon d’agir. On peut aussi trouver que le rapprochement attendu entre le docteur et la commissaire, que l’on voit venir de loin, est un peu trop rapide faisant basculer brutalement les protagonistes d’une humeur morose à une attitude guillerette.
Fais-le pour maman est thriller psychologique qui satisfera les amateurs du genre. C’est un roman qui montre l’influence qu’ont les évènements traumatisants vécus pendant l’enfance sur la construction de la personnalité. C’est aussi un livre sur le harcèlement, la culpabilisation et plus généralement sur la folie.
Extrait :
— Je me suis fait envoyer le dossier de Venetti, tout n’y est pas, je pense, mais ce que j’ai obtenu est déjà inquiétant. Sébastien Venetti s’appelle en vérité Sébastien Vergne, Venetti est le nom de ses parents adoptifs. Quand il avait 6 ans sa mère a poignardé sa grande sœur, Valérie, âgée elle de 13 ans. Et le plus sordide de l’histoire c’est que la mère de Sébastien lui a demandé de s’accuser à sa place, pour éviter la prison.
Thierry, qui a terminé son café et son sandwich, et est donc de nouveau opérationnel, lève la tête et s’agite soudain.
— Ah oui, je me souviens d’un truc comme ça. Je me suis dit, la vache, le pauvre môme, il part pas dans la vie avec que des bonnes cartes…
C’est de la musique, une musique que je connais, que je connais très bien… Je perçois les notes, je peux même les identifier, chacune d’entre elles. Ce sont les Variations sur le thème d’« Ah ! vous dirai-je, maman » de Wolfgang Amadeus Mozart. Et si je les connais, ces notes, c’est parce que j’ai travaillé cette partition, avec enthousiasme, avec envie. J’ai même réussi, au prix d’efforts continus et répétés, à jouer correctement le thème et à ne pas trop massacrer la première variation…
Mozart – Variations Ah! vous dirai-je maman