Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2018 (Alire)
Genres : Enquête, noir
Personnages principaux : Vincent Parent (SQ), Dominic Chartier (SPVM)
Soupçonnant un trafic de stupéfiants, les policiers Parent et Lemay, du poste de la Sûreté du Québec de Nottaway (nord du Québec, plus haut que Val-d’Or) se rendent au domicile d’Anna Wabanonik, une autochtone de la région. Anna et sa jeune fille, Kanti, prennent la fuite. On les rejoint. Lemay abat Anna sans prévenir. Et, selon Parent, Lemay cherche aussi à se débarrasser de lui qui, plus rapide, le tue. La jeune Kanti parvient à se sauver.
Une enquête menée par le sergent-détective Vadeboncoeur (Service de police de la Ville de Montréal) confirme qu’il s’agit d’un acte de légitime défense.
Vincent Parent et son ami Dominic Chartier (cf. le roman précédent de Lévesque, Une maison de fumée) recherchent Kanti, qui risque d’être victime d’un hiver particulièrement rigoureux et, peut-être aussi, de quelque chose d’autre… Pourquoi, en effet, Lemay a-t-il abattu Anna ? D’où vient la rumeur selon laquelle les deux autochtones gèreraient un trafic de stupéfiants ? Pourquoi Kanti rend-elle visite à Vincent ?
On aura les réponses au bout d’une quinzaine de chapitres d’une quinzaine de pages. Chapitres au cours desquels, l’enquête passe au second plan derrière les paysages majestueux de l’hiver nordique, la coexistence pas si pacifique que ça entre Autochtones et Québécois non autochtones, l’approfondissement psychologique des principaux personnages, l’intégration malaisée d’un policier gai et sympathique (j’ai pensé à la série télévisée Instinct). Lévesque a beaucoup à dire sur bien des sujets et on dirait que l’enquête policière sert de prétexte à ses illustrations et réflexions. L’aspect dramatique est d’ailleurs atténué par des conversations débridées et des plaisanteries puériles entre les deux amis. L’ensemble n’est pas déplaisant, mais j’avais trouvé plus convaincante Une maison de fumée.
Extrait :
Aux alentours de minuit.
La motoneige monta une butte de neige durcie sans ralentir et, bondissant hors de la forêt, atterrit presque directement sur le chemin des Moulins.
Vincent, qui sentait la douleur dans son bras gauche se réveiller, négocia un périlleux virage à quatre-vingt-dix degrés sur la chaussée déneigée par la municipalité même si elle n’était plus guère fréquentée.
Derrière eux se trouvait le cimetière, puis Malacourt et, devant eux, le premier des deux moulins abandonnés : celui qui avait été reconverti, sans succès, en usine de transformation de copeaux de bois.
Vincent fit vrombir le moteur et accéléra de plus belle en apercevant dans la nuit légèrement bleutée la silhouette noire des bâtiments agglutinés.
Au bout d’une centaine de mètres, un haut banc de neige marquait la fin de la zone de déblaiement.
Sans ralentir, Vincent contourna le monticule et propulsa son bolide sur le chemin à présent surélevé à cause de la neige accumulée.
La motoneige atteignit bientôt une haute clôture surmontée de barbelé.
Arrivé devant les portes de grillage cadenassées, Vincent stoppa le véhicule sans éteindre le moteur. Détachant une lampe de poche qu’il gardait fixée près du siège, il alla examiner les cadenas qui retenaient une chaîne à gros maillons pendant que Dominic inspectait la base de la clôture en y braquant la lampe intégrée de son téléphone.
Niveau de satisfaction :
(3,4 / 5)