Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2013 (Cyberstorm)
Date de publication française : 2015 chez Fleuve noir
Genres : Science-fiction, roman catastrophe
Personnage principal : Mike Mitchell, jeune père, ingénieur à New York
New York de nos Jours. Ça commence par Internet qui s’arrête de fonctionner. Ensuite un avion militaire chinois s’écrase, la chine accuse les États-Unis d’être à l’origine de l’accident. Un virus informatique de type « Jour Zéro » c’est à dire inconnu et non documenté, donc sans parade, infecte tous les serveurs informatiques et paralyse la chaîne logistique des approvisionnements. Là c’est la Chine qui est soupçonnée d’avoir mis en œuvre cette cyberattaque. À moins que ce soit la Russie ou l’Iran. Une alerte sanitaire signale des cas de grippe aviaire dans plusieurs états. Les hôpitaux et cliniques sont pris d’assaut. L’électricité et l’eau sont coupées. Des trains déraillent, des avions se crashent. L’alerte militaire est déclenchée, les États-Unis qui s’estiment attaqués se préparent à riposter. Et ce n’est pas tout ! Ces événements se déroulent pendant qu’une gigantesque tempête de neige s’abat sur le pays. New York est complètement isolée. Dans cette ambiance de fin du monde, un groupe de voisins s’organise pour lutter contre les maladies et la faim dans un immeuble de Chelsea. Quand les gens luttent pour leur survie les lois de la civilisation disparaissent, l’instinct animal reprend le dessus. D’autant plus que les autorités sont étrangement absentes et que personne dans la ville ne sait exactement quelle est la cause de ce cataclysme.
L’auteur n’y est pas allé de main morte pour imaginer les circonstances de l’écroulement de la société. Il a multiplié les fléaux du ciel et de la terre pour créer les conditions favorables à une régression de la civilisation. Contrairement à l’auteur allemand Marc Elberg qui décrit un scénario semblable d’effondrement de la société à partir de la seule disparition de l’électricité, dans Black-out, ici c’est simultanément internet qui est en panne, un virus inconnu qui bloque les infrastructures du pays, la grippe aviaire qui frappe, la menace militaire de pays hostiles, et une grosse tempête de neige qui provoquent le chaos. Si l’objectif de l’auteur était de démontrer la fragilité de notre civilisation où tout est interconnecté, la profusion des origines de la catastrophe tend à créer un effet contraire. Le scénario catastrophe aurait été plus percutant si une seule cause avait entraîné toutes les autres me semble-t-il.
Mais il faut aussi reconnaître que Matthew Mather a su rendre le récit captivant lorsqu’il décrit l’état de déliquescence de la société et la lutte pour la survie du groupe de voisins. Le retour vers le passé de la civilisation est réaliste et effrayant. L’auteur nous glisse au passage plusieurs réflexions intéressantes sur des sujets tels que : – les libertés civiles et le respect de la vie privée – la responsabilité individuelle – le sens de la vie … Le suspense est toujours maintenu et on s’interroge avec curiosité sur la façon dont tout ça va finir. Et là, on dirait que l’auteur n’est pas vraiment allé au bout de ses intentions. Alors qu’on semble se diriger vers une issue sombre, d’autant plus que le titre français est Extinction, l’auteur nous gratifie d’une sorte de happy end de style hollywoodien. Quant à l’explication finale des événements, elle m’a semblé peu convaincante. Un peu comme si l’auteur s’était dit : c’est trop horrible, il faut que j’arrange ça.
Malgré ces réserves, le livre est intéressant et provoque un agréable frisson d’angoisse. Si l’on n’est pas trop exigeant sur la rigueur, on passera un bon moment bien au chaud et en sécurité en mesurant la chance que l’on a de ne pas être plongé dans l’enfer décrit dans le roman, tout en se demandant si l’on est vraiment à l’abri d’un tel scénario. Après Marc Elsberg dans Black-out – Demain il sera trop tard, Matthew Mather lui aussi met en évidence la fragilité de notre civilisation et la vulnérabilité des infrastructures totalement pilotée par internet et l’informatique. Ainsi les écrivains jouent parfois le rôle salutaire de lanceur d’alerte.
Extrait :
La violence dont nous avions été témoins n’aurait pas dû me surprendre. L’homme, par nature, est violent. Nous sommes même les premiers de tous les prédateurs qui peuplent la planète. Tous autant que nous sommes, ne devons-nous pas la vie au fait que nos ancêtres ont tué et mangé d’autres animaux, évincé des espèces concurrentes pour assurer leur survie ?
Nous étions les derniers des millions de maillons d’une chaîne ininterrompue de tueurs.
Si la technologie ne pouvait pas régresser, les hommes, eux, en étaient tout à fait capables. Lorsque le monde vacillait, nous pouvions même régresser avec une facilité et une rapidité étonnantes. Nos réflexes animaux demeuraient et nos cafés latte, nos téléphones portables et nos chaînes câblées n’étaient qu’un vernis superficiel qui les dissimulait.
Ma note : (4 / 5)