Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2020 – Éditions de l’Aube
Genre : Thriller
Personnage principal : Archie Anderson, jeune policier à Perth (Australie)
Après le décès tragique de ses parents, le jeune Archie Anderson fait des études pour devenir policier. Il obtient son diplôme d’officier-détective et est affecté à la brigade criminelle de Perth. Pour commencer son nouveau métier sa hiérarchie lui confie une mission de routine : traiter la disparition d’une femme aborigène. On attend de lui rien d’autre que de remplir les formalités administratives permettant de classer le dossier sans qu’on puisse accuser la police de laxisme. Sa mission initiale se complique quand trois autres Aborigènes sont aussi portés disparus. Il est totalement plongé dans le bain lorsqu’il est tabassé pour avoir défendu une jeune femme agressée en voiture par une bande de gros bras roulant dans un énorme 4×4. Ce sont les mercenaires de l’équipe de protection d’une curieuse ONG qui ferait des recherches sur les dingos. Il fera ainsi connaissance de la séduisante et explosive Barbara qui travaille au service culturel dont le but est de promouvoir les œuvres des communautés aborigènes. Alors la mission d’Archie Anderson va devenir difficile et même dangereuse.
Le roman nous raconte la première enquête d’Archie, jeune policier frais émoulu de l’école de détectives d’Australie. C’est un garçon très sérieux et même un peu coincé à ses débuts, ce qui tranche avec l’attitude débonnaire de ses collègues plus âgés, cools et habitués à gérer tranquillement, sans zèle et sans se casser la tête, les situations courantes. Mais Archie est un garçon tenace qui fait avancer l’enquête bien plus que ne l’auraient fait les anciens. Il va finalement déterrer une affaire de grande ampleur qui va faire du bruit et bousculer les habitudes. Ce qui n’est pas sans danger. L’autre personnage important est la pétulante Barbara, qui aide les Aborigènes, les respecte et qui bénéficie en retour de leur amitié. C’est une empêcheuse de magouiller en rond, ce qui lui vaut l’hostilité de quelques blancs qui voudraient faire des affaires juteuses sur le dos des communautés noires. Bien sûr Archie et Barbara vont se rapprocher (beaucoup).
L’intrigue nous amène au cœur d’une Australie où, entre les blancs et les Aborigènes, les tensions sont importantes. Le racisme est omniprésent. Les membres des mouvements de défense des droits des noirs sont vus par les autorités blanches comme des activistes qui sèment le trouble, des emmerdeurs qui contrarient une bonne gouvernance bien tranquille. Il y a aussi la présence d’une grande ONG, mondialement connue, disposant de gros moyens, dont l’objectif affiché est de mettre en place des programmes environnementaux mais dont le but réel est beaucoup plus intéressé. On a du mal à penser que de tels systèmes, décrits en détail dans le livre (voir extrait), n’existent que dans l’imagination de l’auteur. Il est plus probable que de grandes compagnies l’appliquent déjà.
Dans ce roman nous trouvons à la fois : – une intrigue bien agencée – le décor très réaliste de l’Australie – des personnages crédibles et attachants – des considérations sociales et politiques pertinentes. C’est un excellent thriller, captivant et instructif.
Extrait :
— Pétrole, chimie, mines, géants de l’agroalimentaire, fabricants divers et variés… Toutes celles qui ne peuvent produire autrement qu’en polluant. Elles sont supposées chercher des méthodes plus propres de production, plutôt que de se contenter de recourir à la compensation. Mais très peu le font. Trop long, trop coûteux, trop compliqué. Là où le système devient carrément génial, c’est que ces mêmes entreprises qui acquièrent des parts de “plantations” ou de “réserves” protégées vont du même coup s’acheter une bonne conduite aux yeux des consommateurs. À grand renfort de campagnes de com’, elles vont faire valoir leurs investissements écolos, en évitant soigneusement de mentionner que, pendant ce temps, elles continuent de dégrader l’environnement, souvent même plus qu’avant. La recette est si efficace pour améliorer leur image de marque, et par conséquent doper leurs résultats, que deux cents d’entre elles, parmi les plus grosses et les plus polluantes de la planète, se sont regroupées au sein d’un gigantesque lobby. Et quand je dis gigantesque, je n’exagère rien. Accroche-toi : je te parle là d’une puissance financière de neuf mille milliards de dollars ! Tu imagines ?
Niveau de satisfaction :
(4,5 / 5)